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L’histoire du PSG 1991-1998 : Le PSG devient un grand d’Europe

La période 1991-1998 marque l’arrivée de Canal +, détenteur des droits et diffuseur du championnat de France, aux commandes du PSG. Une nouvelle ère sur tous les plans pour retrouver des ambitions à la hauteur du club, celles de s’imposer comme la place forte du football français et de s’affirmer sur la scène européenne. Le début également de la rivalité entre le PSG et l’OM.

Changement de cap économique

(Charles Biétry, Pierre Lescure et Michel Denisot) Crédit : AFP

Le vendredi 31 mai 1991, Canal + devient officiellement actionnaire du club parisien à hauteur de 40%. Le reste est partagé entre l’association PSG (51%) et les dirigeants historiques, Alain Cayzac, Bernard Brochand et Charles Talar (9%). Soucieuse de relancer l’intérêt du Championnat et d’augmenter le nombre d’abonnés, la chaîne cryptée accepte d’investir dans le club de la capitale, à l’agonie financièrement à cette époque.

Michel Denisot, journaliste et commentateur sur Canal +, est nommé président-délégué et prend la place de Francis Borelli. C’est lui qui gérera les affaires quotidiennes du club. Dès sa prise de fonction, il annonce la couleur sur les objectifs de la nouvelle direction : « Européen la première année, champion dans trois ans ». Le budget est augmenté de 30 millions de francs (de 90 à 120 millions), preuve des ambitions du nouvel actionnaire.

Le ton est donné avec tout d’abord la signature d’Artur Jorge au poste d’entraîneur, qui jouit d’une énorme cote après avoir remporté la Coupe des champions avec le FC Porto en 1987. Connu pour sa rigueur et ses résultats, il est choisi pour bâtir sur du long terme et faire passer un cap à Paris.

Les recrues estivales ne manquent pas non plus avec les signatures des Brésiliens Ricardo et Valdo. Ils seront accompagnés de valeurs sûrs qui formeront cette génération dorée : Paul Le Guen, Laurent Fournier et Patrick Colleter. Au total, 11 départs (exit Safet Susic) et 10 arrivées. Les nouveaux investisseurs veulent frapper fort d’entrée.

Artur Jorge, entraîneur du PSG (1991-1994)

La saison démarre timidement avec une série de 5 matches nuls consécutifs. La tactique adoptée par le coach à la moustache se révèle solide à défaut d’être agréable à regarder. Le premier succès intervient fin août contre Monaco (2-0), un gros du Championnat, et sonne le début d’une belle série. Grâce à 4 victoires de rang, le PSG s’installe dans le haut du classement (3ème place) et lutte avec l’omnipotent Olympique de Marseille. Malgré les critiques sur le jeu, les partenaires de Ricardo parviennent à raviver la flamme chez les supporters et le Parc voit son affluence augmenter au fil des semaines (jusqu’à 25 000 spectateurs).

Au final, le pari d’atteindre les places européennes dès la première saison est réussi : les Rouge et Bleu terminent 3ème du championnat et disputeront la Coupe UEFA.

 

La naissance d’une rivalité : PSG/OM

Si Canal + a décidé d’investir dans le club parisien, c’est pour une bonne raison : redonner de l’intérêt à un championnat français dominé sans partage par l’OM – vainqueur des deux saisons précédentes (1989 et 1990) – en lui opposant une équipe compétitive. D’autant que la chaîne créée en 1984 peut capitaliser sur la grande majorité de ses abonnés habitant la même agglomération. Une donnée importante au moment de capter de nouveaux clients de la Ville Lumière.

Pour Bernard Tapie, son président de l’époque, Marseille a tout intérêt à trouver un rival à sa taille pour rendre le championnat attractif et qu’il créé de nouveau l’événement. C’est pourquoi il accélère le processus d’achat et convainc la direction de la chaîne de se lancer dans l’aventure. Les disparités géographiques, sociologiques et culturelles entre les deux villes feront le reste pour créer le filon parfait, afin de susciter un engouement médiatique et populaire recherchés à la fois par le nouvel investisseur et Bernard Tapie.

L’origine de cette rivalité s’est donc construite au départ sur des enjeux financiers, Canal + estimant payer assez cher les droits TV pour laisser le monopole de la logique sportive à une seule et même équipe. A partir des années 90, le duel PSG-OM devient donc un rendez-vous attendu dans les deux camps. La sauce prend à tel point que cette concurrence exacerbée conduira à un match de « bouchers » au Parc des Princes, un soir de décembre 1992.

Avant la confrontation, le contexte se veut très tendu, avec en une de L’Équipe une déclaration d’Artur Jorge annonçant aux Marseillais que son équipe « va leur marcher dessus », David Ginola promettant lui « la guerre ». Dans le camp d’en face, Bernard Tapie s’en délecte et affiche les provocations parisiennes dans les vestiaires, histoire de chauffer ses joueurs. Une parfaite introduction avant une rencontre hachée de plus de 50 fautes, sponsorisés par les tacles à la gorge d’Eric Di Meco ou des cassages de chevilles de Laurent Fournier. Le vrai point de départ de la rivalité.

 

Des titres et des exploits européens

Le quart de finale en Coupe d’Europe contre le Real Madrid en 1993, le Championnat de France remportée en 1994, la victoire en Coupe des coupes contre le Rapid Vienne en 1996, double vainqueur de la Coupe de France et Coupe de la Ligue en 1995 et 1998… La période années 90 fut riche en trophées et performances de haut niveau sur la scène européenne. Des événements heureux qui ont permis au club de la capitale de changer de standing et d’affirmer son autorité aux yeux du Vieux Continent, mais aussi à l’échelle nationale.

Dans sa 2ème année post-rachat, le PSG version Canal + remporte sa 3ème Coupe de France aux dépens du Nantes de Claude Makelele et Patrice Loko (3-0), sans encaisser le moindre but de la compétition. Non seulement c’est la première fois qu’une telle performance est réalisée, mais c’est surtout le premier titre pour le club depuis 1986. Pour compléter le tout, le PSG de Georges Weah termine à une belle 2ème place en Championnat (Marseille termine leader mais se voit retirer son titre après l’affaire VA-OM, 1992-1993) mais atteint surtout la demi-finale de Coupe UEFA, après une performance de légende en quarts contre le Real Madrid qui restera dans les annales du club (4-1). Antoine Kombouaré, héros du match avec ce coup de tête au bout du temps additionnel qui lui vaudra le surnom de « Casque d’Or », avouera plus tard à propos de ce souvenir dans le livre Mon histoire passionnée du Paris-Saint-Germain de Daniel Riolo : « C’est une partie importante de ma vie, mon plus grand souvenir de footballeur. (…) Quand on me parle de PSG-Real, je ne pense pas à mon but, mais aux potes. C’est le but d’une génération ».

Une génération (incarnée par Alain Roche, Paul Le Guen, Vincent Guérin, Laurent Fournier, Bernard Lama, Daniel Bravo, Patrick Colleter…) qui réalisera d’autres exploits retentissants comme la conquête de son deuxième titre de champion de France l’année suivante en 1993-1994 (après le premier en 1985-1986) et sa série d’invincibilité de 37 matches sans défaite. En Coupe d’Europe, le PSG échouera une nouvelle fois aux portes de la finale, battu par les Anglais d’Arsenal sur la plus petite des marges à Highbury (1-0 match retour, 1-1 à l’aller au Parc).

Mais le sommet au palmarès du club va être atteint la saison 1995-1996, année de ses 25 ans d’existence. Les objectifs sont directement campés en début de saison par la direction : Championnat et Coupe d’Europe. Après trois demi-finales consécutives, les Parisiens, dirigés par Luis Fernandez, n’ont plus le droit à l’erreur. Leur parcours européen se passe sans embûche, éliminant le Celtic, Parme (avec un doublé de Raï) et le Deportivo la Corogne. Le contexte autour de l’ultime rencontre contre le Rapid Vienne est en revanche moins propice à l’optimisme.

Tout d’abord, la perte du titre a affecté le moral du groupe parisien. Ensuite, après les déconvenues en Championnat, le PSG n’est pas épargné par la presse. Le président-délégué Michel Denisot tente de trouver une solution pour regonfler à bloc ses garçons . Et cette solution lui vient, en la personne de Yannick Noah, préparateur mental et star du tennis français. « C’était une idée géniale, car c’est d’un psy dont on avait besoin », se rappelle Daniel Bravo dans le livre de Daniel Riolo. Après un travail mental à base de séances de sophrologie et de relaxation, suivi d’un repas partagé ensemble derrière la frontière espagnol, l’heure du match est arrivé. Daniel Bravo avait senti le vent tourner : « Notre motivation était énorme. Il nous avait boostés ».

Le match face au Rapid Vienne commence, et Raï se blesse à peine 12 minutes plus tard. On aurait pu croire au mauvais œil. La délivrance viendra finalement par Bruno N’Gotty qui ne doutera pas au moment d’ajuster parfaitement un coup franc légèrement décalé par Youri Djorkaeff (29′, 1-0).

Au terme d’un match maîtrisé mais sans éclat, Paris remporte la Coupe des coupes, sa Coupe d’Europe. Le jeudi 9 mai 1996, les héros parisiens ont droit à leur accueil à l’Hôtel de Ville, avant une descente sur les Champs-Élysées offerte aux supporters. Le PSG vient d’écrire les plus belles lettres de son histoire.

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