A la tête d’un groupe restreint et très sollicité depuis la trêve, Thomas Tuchel ne cesse de remanier, d’innover, de révolutionner son effectif. Du gardien à l’attaquant, aucune ligne, aucun poste n’est à l’abri de ce tourbillon qui évolue dans un contexte étrangement serein. Un paradoxe que nous allons essayer de décrypter. Nous essaierons d’expliquer en trois volets pourquoi les concepts d’équipe type voire de système type sont des concepts dépassés dans l’esprit de Thomas Tuchel. Ligne par ligne nous souhaitons faire le point sur l’équipe du PSG dans sa quête de ligue des Champions.
Le gardien : un secret de polichinelle ?!
Le poste de gardien n’y échappe pas ; comme dans le reste de l’équipe le turnover est permanent. Loin de s’enfermer dans une séparation simpliste des compétitions, Tuchel a jusqu’alors fait tourner les portiers parisiens lors de chaque compétition LDC comprise. Désormais, le turnover semble cependant organisé de telle façon que Gianluigi Buffon joue chaque match précédent les rendez-vous de Ligue des Champions pour mieux s’y préparer. On ne peut que donner raison au coach tant Buffon respire la sérénité, et a cette étrange capacité à aimanter, à attirer vers lui les ballons adverses. Areola, semble quant à lui toujours un peu fébrile surtout lorsqu’il accomplit une grande performance (Lyon récemment et face au Real Madrid en huitième de finale aller l’an dernier). Buffon part donc avec une bonne longueur d’avance pour disputer la deuxième phase de la Ligue des Champions.
La défense : back three ou back four ?
Dans son ouvrage Mes secrets d’entraineurs, Carlo Ancelotti écrit dans les toutes premières pages : « Si dans le secteur défensif, mon « banc » n’offre en majorité que de très forts défenseurs centraux, je pense qu’il est naturel d’adopter un système de jeu avec une défense à trois ». Cette phrase résume tout de la problématique passée et présente de la défense du PSG. Que d’années perdues avec Laurent Blanc et Unai Emery à s’acharner à titulariser des défenseurs latéraux médiocres et laisser un central de grande qualité sur le banc de touche. En effet, depuis des années les défenseurs centraux du PSG sont de niveau mondial : Thiago Silva, Alex, David Luiz, Marquinhos. Difficile d’en dire autant des latéraux.
L’exercice 2018-19 ne fait pas exception : avec Thiago Silva, Marquinhos, Kehrer et Kimpembe. Le PSG a sans doute l’un des effectifs les plus denses dans ce secteur de jeu. Tellement dense que Marquinhos s’en est extirpé pour venir renforcer le milieu de terrain. Se rendant à l’évidence, Thomas Tuchel a tout de suite voulu installer une défense à trois éléments. Ses plans ont été un temps contrariés par la perte de nombreux milieux de terrain. Mais, avec cet effectif et la philosophie de jeu offensive du club, le plan de Tuchel reste d’utiliser une défense à trois dans la mesure du possible.
Pour le bien de tous, chaque système est travaillé et utilisé
Pour maintenir les latéraux sous pression et les faire progresser, Tuchel délaisse régulièrement la défense à trois. Au risque de limiter les automatismes ? Il est de fait très rare de voir une équipe passer de 3 à 4 défenseurs aussi fréquemment. Mais pour Tuchel, la priorité est claire : maintenir des joueurs comme Alves, Meunier, Kurzawa et Bernat dans une démarche de performance. Cette stratégie a déjà porté de nombreux fruits : l’empreinte majeure de Bernat et Meunier en phase de groupes de Ligue des champions avec 3 buts décisifs à eux deux, un match de haute facture d’Alves à Old Trafford et le retour en forme de Kurzawa dans un rôle plus offensif et moins exposé qui lui va comme un gant.
Dans l’esprit de Thomas Tuchel, les joueurs sont dotés d’intelligence et doivent apprendre à s’adapter d’une semaine à l’autre, d’un adversaire à l’autre, d’une mi-temps à l’autre. En conséquence, changer de système défensif ne doit pas poser de problèmes à la structure de l’équipe. Dans les faits, l’équipe semble effectivement garder sa solidité défensive quelque soit le système employé.
La gestion physique des joueurs
Le poste de défenseur central est également un poste exposé, tant au niveau des blessures que celui des cartons. Côté physique, on remarque que Tuchel organise une rotation régulière pour laisser l’un de ces défenseurs centraux récupérer à chaque échéance nationale en alignant une défense à quatre (charnière Marquihnos – Kimpembé lors de PSG-Montpellier, Thiago Silva– Marquinhos face à Nîmes et Thiago Silva–Kimpembe contre Dijon, Marquinhos étant laissé au repos). On sent dans cette gestion de Thomas Tuchel un désir de maintenir les défenseurs centraux au top physiquement en leur faisant enchaîner les matches ; le tout en évitant qu’ils jouent le match de trop.
La gestion des cartons
Au niveau des cartons jaunes, rappelons cette règle absurde de l´UEFA ; en Ligue des Champions, les cartons accumulés depuis septembre ne s’annulent qu’après les quarts de finales. Ce qui veut dire que l’équipe qui tombe dans un groupe difficile, est handicapée pour les huitièmes et les quarts par rapport à l’équipe ayant eu un groupe facile. Au niveau des individualités défensives, on peut noter que Bernat et Kehrer seront suspendus en cas de carton jaune reçu contre Manchester United au Parc ou lors d’un éventuel quart de finale aller. Remarquons enfin que Thiago Silva n’a récolté aucun carton jaune lors des 6 matches de Ligue des Champions qu’il a disputés cette année; c’est une immense performance du capitaine Rouge et Bleu.
En conclusion
Devant Buffon, Tuchel semble privilégier un système à trois, composé de Thiago Silva, Kimpembe et Kehrer. Si l’un de ces trois joueurs devait ne pas être disponible, il ne serait à l’heure actuelle sans doute pas remplacé numériquement mais Tuchel reviendrait à une défense à quatre (Paredes semble encore trop juste pour occuper la place de 6 aux côtés de Marco Verratti). C’est une raison de plus expliquant pourquoi la défense à quatre est toujours autant utilisée en championnat.
Après ce focus sur la défense, rendez-vous d’ici quelques jours pour décrypter la stratégie du milieu de terrain. Nous essaierons de donner des pistes pour identifier les joueurs qui sont le plus à même de relever le défi des adversaires aussi différent que Barcelone, l’Atlético de Madrid ou Manchester City et de répondre aux exigences tactiques de Thomas Tuchel.
Sources : Carlo Ancelotti, mes secrets d’entraineurs, Solar, 2015
Crédits photos : Orange Sport, Football 365, LCI
Rédaction Henri Lacoste
Visuel en tête : Graphic United
