Tuchel doit se réinventer
La défaite du Paris Saint-Germain dimanche soir en Bretagne a mis en exergue ses insuffisances collectives et les erreurs tactiques de Thomas Tuchel. Dans un contexte tendu par le cas Neymar, le discours de plus en plus plaintif et individualisé du coach Allemand apparaît à contre courant de la ligne édictée par la nouvelle direction sportive.
Leonardo, une main de fer dans un gant de velours
Leonardo l’a confié en privé, il retrouve un Paris Saint-Germain en plus mauvais état qu’il ne l’avait laissé. Entre temps la direction cajoleuse, erratique et inconsistante du club n’a fait que tapé du chéquier sur la table, sans grand succès.La saison dernière, Tuchel s’est adapté en remplaçant la méthode de la carotte et du bâton par celle, moins connue, de la papouille et du bisou… jusqu’à l’effondrement face à Manchester.
Face à ce constat le Brésilien donne très tôt la nouvelle ligne de conduite par quelques interviews maitrisées et choisit surtout d’évacuer rapidement les dossiers de son prédécesseur. Trop malin ou trop conscient du chantier pour ne pas y ajouter la désorganisation d’une prise de pouvoir brutale, Léonardo referme le chapitre Henrique sans en arracher les pages. La disparition de l’équipe réserve ? Leonardo acquiesce sans sourciller. Les joueurs ciblés pour cet été ? Leonardo approuve et finalise. L’entraineur a encore un an de contrat ? Leonardo discute et semble fraterniser
Neymar, qui était le cœur du projet, apparaît désormais comme le dernier vestige de l’ancien régime, un roi capricieux et anachronique à l’heure des Sarabia, Diallo et autre Herrera. Ceux qui ne devaient être que des compléments semblent aujourd’hui devoir incarner le nouvel état d’esprit du club tandis que Neymar se retrouve pour le moment marginalisé.
Depuis Manchester, Tuchel a bien changé
Si la défaite à Rennes n’a pas démontré l’
Et cela ne date pas de dimanche. Combien de fois depuis la déroute de Manchester l’a-t-on entendu analyser en profondeur le jeu de son équipe, la tactique et la réussite on non du collectif ? Inutile d’éplucher les interviews d’après match pour se douter de la réponse… car les explications du coach parisien étaient souvent (trop souvent) les mêmes : les absents, des blessures, les pelouses, l’arbitre ou encore les défaillances individuelles.
La disparition des analyses tactiques dans le discours de Tuchel n’est pas seulement un problème pour la profondeur de son discours, c’est aussi et surtout la traduction d’un état d’esprit, d’une vision du foot aux antipodes de ce qu’il nous avait laissé entrevoir. Il était pourtant celui qui parle tactique, qui, selon Ancelotti,
Tuchel doit se mettre au diapason
Se libérer ? Oui c’est bien de liberté qu’il s’agit. Alors que le fair-play financier, la remontada ou les désidératas des ses stars étaient autant de facteurs ou d’événements qui ont longtemps conditionné les choix de la politique sportive parisienne, Leonardo veut être de nouveau la cause première des choix du club. Et c’est le sens de son action depuis sa nomination.
Flexible quand il s’agit de mener à bien les dossiers entamés avant lui et dont la conclusion rapide est possible (il a finalisé les transferts de Sarabia, Gueye et Herrera, des pistes ouvertes par Henrique), mais d’une impitoyable fermeté sur tous les sujets qui peuvent l’entraver à long terme (Neymar), Leonardo se ménage progressivement une liberté de mouvement rarement obtenu par un dirigeant au PSG depuis 2011. Les temps changent à Paris et, pour s’orienter, Tuchel ferait bien de ne pas se tromper de Brésilien.