PSG v OM : Peut-on encore parler de classique ?
Hier soir, Paris a infligé à Marseille sa 17ème défaite en 20 rencontres (pour 3 nuls). Outre le score et la démonstration des Parisiens, peut-on encore parler de classique ?
Avant d’étayer mes arguments et de répondre à la question, il faut dans un premier temps donner la définition d’un classique. Ce dernier, souvent décisif pour le titre, se joue dans une immense tension aussi bien sur le terrain, qu’en-dehors. Que ce soit entre supporters ou dirigeants qui, via de fortes déclarations les jours précédents la rencontre, font monter la sauce dans les médias. Le classique est un rendez-vous annuel que tout le monde attend. C’est le terme utilisé dans les championnats où se dégagent deux équipes et lorsqu’on assiste à une opposition quasi-binaire.
Un classique moins flamboyant ?
Lorsqu’on sait cela, peut-on légitimement continuer à parler de Classique ? Les médias essayent de rallumer une flamme autour d’une rencontre qui a perdu de son aura des années 90. Ils sont dans leur rôle. Cette ferveur avait encore du sens dans les années 2000, quand les forces des deux équipes étaient à peu près du même niveau et tout pouvait arriver. Je n’oublie bien évidemment pas le grand huit de 2002 à 2004, mais depuis 2012, Marseille reste sur 17 défaites et trois nuls en 20 matches. Du jamais-vu dans les autres « classiques » mondiaux.
Sportivement, ce PSG-OM a perdu de son intérêt. Personne ne dira l’inverse. Mais pas que. Le folklore précédent le match n’existe plus. Cela fait combien d’années qu’aucune déclaration choc n’a été portée les jours précédents le match ? Une embrouille sur le terrain ? L’agressivité qui prévaut lors des classiques est passée où ? Voilà ce que déclarait Villas-Boas une semaine avant la rencontre : « Ce n’est pas un match qui compte trop pour moi. On va essayer de faire quelque chose, on en rêve de gagner, mais c’est une équipe qui joue un autre championnat, ce classique appartient au passé. »
Une rivalité disparue
Classique vous avez dit ? Je n’ai pas entendu beaucoup de Marseillais lui en vouloir pour ses paroles, peut-être car le Portugais a entièrement raison ? Ce n’est guère mieux du côté parisien. En 2017, pour son premier « classique », Kylian Mbappé avait presque montré de l’indifférence avant la rencontre : « Je n’y pense pas du tout. C’est un match comme un autre ». Pour avouer après le match : « Ils attendaient ce match. Peut-être qu’on aurait dû l’attendre un peu plus aussi, a-t-il concédé a posteriori « C‘est vrai qu’on a beaucoup de matchs et qu’on doit se concentrer sur beaucoup de choses. Eux, c’est le match de leur année, il n’avait pas la même importance. Je pense qu’il y a eu un problème au niveau de la façon dont on a abordé le match. » Dans quel autre « classique » du football entendons-nous ces phrases ? Dans quel autre « Classique » l’adversaire arrête de jouer à la mi-temps au lieu d’humilier son pire ennemi ?
On entend souvent parler de « classico » pour nommer cette affiche de L1. Faisons un point sur ce qu’est le vrai Classico, je parle bien sûr de la rivalité Barcelone-Real Madrid. Aucun des deux clubs ne veut lâcher une miette à l’autre, les joueurs laisseraient leur vie sur le terrain. Gerard Piqué ne cesse d’envoyer des piques à son ennemi juré tout au long de l’année, avec un Sergio Ramos qui lui rend la pareille. Pour ne citer qu’eux. Tu sens une tension avant, pendant, et après le match. Les joueurs se donnent à fond pendant 90 minutes et ne baissent jamais le pied. S’ils peuvent planter 10 buts, ils ne se gêneront certainement pas. D’ailleurs, la naissance de cette rivalité arrive après un 11-1 infligé par les Merengues aux Blaugranas en 1943. Deux clubs qui se partagent les titres, aussi bien nationaux, qu’internationaux. Et je ne parle là que des événements sportifs…
La liberté des Ultras
Plus de rivalité sur le terrain, la ligue et les autorités interdisent toutes rivalités également dans les tribunes en interdisant constamment le déplacement des supporters. Tout ce qui reste du « Classique » peut s’apparenter à un souvenir. Les jeunes fans doivent même se demander si cette rivalité a eu lieu un jour. Les puristes trouvaient déjà, à l’époque, que le « classique » était factice. Que doit-on penser aujourd’hui ? Le jour de la parution du calendrier d’avant-saison, le classique PSG-OM était un match à ne manquer sous aucun prétexte. Sans parler des fourmillements dans le ventre les deux jours précédents la rencontre et du stress qui m’envahissait jusqu’au coup de sifflet finale. Quel est notre ressenti aujourd’hui ? Sincèrement ? Aujourd’hui, on attend le printemps pour savoir quel adversaire Paris va jouer. L’entraîneur marseillais déclarait après la rencontre : « On n’a pas besoin de pression. Thomas Tuchel peut inventer les choses qu’il veut inventer, avec l’effectif qu’il a, les millions qu’il a, les milliards qu’il dépense… Pour moi, il doit se concentrer sur la Ligue des champions. »
Il a raison. Concentrons-nous sur la LDC, et laissons aux Marseillais le droit de rêver à la coupe de la Ligue et de notre côté comme tous les ans, continuons à rêver plus grand !!
Crédit photo : @Flo_Pernet