Débutons cet édito ou plutôt ce plaidoyer par un aveu : oui j’aime penser à contre-courant, prendre le contrepied, par principe ou par jeu. Mais ici il n’est pas question de cela ou presque. Il est question de l’avenir de Neymar Junior, le maître à jouer et l’icône marketing du club. Sans vouloir convaincre absolument, je voudrais expliquer pourquoi vendre Neymar cet été serait un aveu de faiblesse et une erreur stratégique majeure de la part du club et des dirigeants.
Le timing
Les investisseurs avertis le savent bien, vendre au milieu de la crise (en anglais panic-selling) est synonyme de mauvaise affaire. Ne l’oublions pas, Neymar est l’investissement principal du PSG en terme financier et aussi marketing. En le bradant cet été, le PSG se couperait un bras en plus de perdre la figure de proue de son projet à l’international.
De plus, dans l’hypothèse très improbable d’une proposition en cash très importante, mettons proche du prix d’achat net (222m plus toutes les primes et commissions), que ferait le PSG de son trésor de guerre ? Le prix de tous les joueurs intéressants triplerait immédiatement, sans que les qualités dédits joueurs ne changent d’un iota. L’arrivée de Dembelé et Coutinho à Barcelone suite à la vente forcée de Neymar en est l’exemple parfait.
Non non non, un départ de Neymar se réfléchit, se planifie, se négocie. Son remplaçant doit être ciblé et quasi bloqué. En terme d’arrivées, il ne sortira rien de bon d’une vente cet été de Neymar, un panic buying risquant de succéder au panic selling.
Quel intérêt de garder un joueur contre son gré ?
Voilà l’un des lieux communs les plus logiques et les plus justes du football. En face d’un joueur déterminé, sûr de lui et prêt à tout pour partir, son club n’a d’autre alternative que le céder. À moins de rentrer dans une logique perdant-perdant.
Une seconde… Neymar est-il réellement ce joueur déterminé, mature et psychologiquement prêt à un bras de fer ? Notre impression est plutôt que le costume de star planétaire de ce petit bonhomme passionné de football est trop grand pour lui. Que ses caprices ont grandi avec sa notoriété, et que malgré l’aide d’un père omniprésent il est un peu perdu (on ne rappelle pas ici ses déboires avec le fisc espagnol, la justice brésilienne etc). Complètement perdu même. Qui ne le serait ? Oui, les millions et la notoriété n’apportent pas la maturité. L’idée n’est pas ici de plaindre mais d’essayer de décrypter cet enfant surdoué qui n’a jamais grandi ou presque. (NB : l’associer ici à un enfant n’est ici nullement méprisant ni même péjoratif)
Notre intuition est qu’une fois la tempête du mercato passée, Neymar Jr. se reconcentrera sur ce qu’il fait de mieux : jouer au football. Au coach de lui apprendre à exercer sa passion de manière plus mature, moins provocatrice et plus collective.
L’institution
Du côté de Leonardo, nouveau DS du PSG, on doit se demander comment protéger au mieux l’institution PSG dans cette affaire. Pour une institution comme pour une personne, mûrir, grandir passe par la difficulté. En face d’un choix corneillien, d’un choix capital, il est parfois plus judicieux d’opter pour le chemin le plus ardu, le plus épineux, le plus raide. En cas de réussite, c’est aussi le chemin qui offrira le plus beau point de vue. Dans le cas présent, le point de vue d’un joueur de classe mondiale de nouveau au centre du projet, que le PSG aura réussi à conserver malgré une profonde crise de confiance réciproque, c’est à cela que doit aspirer Leo. Quitte à affronter la colère légitime mais passagère des supporters.
Son rôle dans le jeu
L’argument le plus important vient enfin, comme un dernier coup de masse bien ajusté : Neymar est indispensable sur le terrain dans l’équipe du PSG pour faire la différence au haut niveau. On l’a vu lors des deux dernières campagnes de Ligue des champions, sans sa vision du jeu, sa qualité de passe et sa finition, pour le PSG point de salut. Sa relation technique avec Mbappé alliée à sa capacité de redescendre chercher des ballons propres au milieu de terrains est le cœur du réacteur de ce PSG. On l’a vu face à Liverpool et Naples, Neymar est le facteur X qui crée presque tous les décalages dans cette équipe. Sans parler de sa capacité unique à convertir les coups francs comme d(l)es penalties.
Neymar, un joueur fragile
Certes Neymar est devenu un joueur d’une fragilité extrême. On peut cependant espérer que les moyens humains et financiers mis à la disposition de la cellule médicale et du coach en terme de joueurs, doivent être capables de mitiger cette fragilité. Protéger Neymar des matches pièges lors de grands froids ou de retours de congés hivernaux ou de sélections ne semble pas impossible, la première priorité du club restant la Ligue des Champions.
