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Paris et Barcelone, une rivalité politique

Historiquement, le Paris Saint-Germain et le FC Barcelone n’ont jamais vraiment été rivaux. Mais ces dernières années, certains évènements ont changé la donne. Ainsi, Parisiens et Barcelonais sont en concurrence quand arrive la période de mercato, retour sur une rivalité grandissante.

Des relations « normales » et professionnelles ?

Jusqu’à l’été 2017, les relations entre les deux clubs ne paraissaient pas relever d’une quelconque rivalité. Les Barcelonais étant suffisamment occupés médiatiquement avec leur principal rival en Espagne, j’ai nommé le Real Madrid. Ils ne se souciaient pas particulièrement du Paris Saint-Germain.

Il n’y avait à priori aucun souci majeur entre les clubs si l’on passe outre les diverses tentatives d’acheter le ou les joueurs de l’autre. Mais encore une fois cela fait partie du jeu, aucun club ne fait exception à cette règle.

Au-delà des diverses convoitises dont les deux clubs ont pu faire preuve, seules trois transactions ont été réalisées depuis l’arrivée de QSI. Pour le premier il s’agit de Maxwell, qui s’est déroulée normalement. Ensuite, il y a eu Lucas Digne, qui évolue actuellement à Everton et sous contrat jusqu’à la fin juin 2023. Le latéral gauche français a été transféré en Catalogne pour la somme de 16,5 millions d’euros. Non satisfait des performances globales du joueur, le club catalan s’en est séparé pour la somme de 20,2 millions d’euros la saison dernière.

Tout a commencé à se gâter avec le cas de Marco Verratti. Le club catalan à l’époque a employé – comme à son habitude – une méthode des plus déloyales : parler au joueur afin de le retourner contre son club.

Cela n’a pas marché, Nasser Al-Khelaïfi s’est montré extrêmement ferme à ce sujet. Suite à cela, l’agent de l’italien qui a orchestré cette comédie, Donato Di Campli, est tombé en dépression. Marco Verratti s’excusera ensuite, changera d’agent – qui sera Mino Raiola – et prolongera au Paris Saint-Germain.

Dans un second temps, la même méthode a été employée pour récupérer Ousmane Dembélé. Cette histoire s’est terminée sur un clash entre le joueur et le Borussia Dortmund. Pour cause, le joueur séchait volontairement les entraînements et notamment la préparation physique, qui lui a valu une lourde blessure quelques temps après son arrivée en catalogne.

Enfin vient l’épisode Neymar, qui laissera des traces…

 

Le transfert du siècle

Inutile de (re)présenter le joueur le plus cher de l’Histoire. Tout a commencé avec la douloureuse remontada (mars 2017) qui, à la surprise générale, a également beaucoup affecté le joueur brésilien. S’il y en avait bien un qui y croyait sincèrement et qui s’est donné à fond sur le terrain, c’était bel et bien Neymar Jr. Pourtant, le héros du soir selon la presse catalane était Lionel Messi. À partir de ce moment-là, l’attaquant brésilien a eu la confirmation qu’il ne pourrait briller en restant dans l’ombre de l’Argentin. Toujours en quête de nouveaux défis, c’est vers le Paris Saint-Germain que Neymar s’est finalement tourné.

En interne, les envies du joueur de rejoindre la capitale française ont été entendues bien avant le début du mercato estival. Pour autant, les dirigeants du club n’y croyaient pas vraiment, estimant « impossible » voire « surréaliste » que le Paris Saint-Germain ne vienne débourser une somme aussi colossale (222 millions d’euros). Force est de constater qu’impossible n’est pas parisien. Le 3 août 2017, après un mois d’infox et de rumeurs balancées à tout va sur les réseaux sociaux et dans la presse – on se rappelle notamment du « Se Queda » de Gerard Piqué, qui n’a pas vraiment été pris au sérieux mais qui a énervé Neymar –, Paris accueille enfin la recrue tant convoitée depuis de nombreuses années.

Depuis ce jour, le FC Barcelone n’a jamais pu digérer cette défaite. Il s’agit sans nul doute, avec le cas de Marco Verratti, du « point de non-retour » concernant la relation entre les clubs. Le clan Neymar lui-même est en conflit avec le club, qui refuse de payer sa prime promis lors de sa prolongation avec le club catalan. Selon l’AFP, le joueur aurait dû toucher la somme de 26 millions d’euros et le procès a été fixé puis reporté au 27 septembre 2019.

L’histoire ne s’arrête pas là évidemment, puisque le président de la Liga lui-même est monté au créneau.

 

Paris, club d’État

Tebas est un homme particulier. Qualifié comme étant quelqu’un de « travailleur et impliqué » par Didier Quillot, le président de la Ligue de de football française, l’Espagnol est loin d’être blanc comme neige. Une enquête est toujours en cours le concernant sur des affaires de fraude fiscale.

C’est également un homme qui n’hésite pas à défendre sa ligue et ses clubs. Des intentions très louables, sauf lorsqu’elles concernent des clubs aux politiques et fonctionnements peu gratifiants. En l’occurrence, l’ancien président du FC Barcelone, Sandro Rosell, a été inculpé pour fraude fiscale en 2014 avec le transfert de Neymar et en 2018 jugé pour blanchiment d’argent. Joan Laporta, président du club jusqu’en 2010, a été cité dans « les Panama Papers » pour évasion fiscale.

Ajoutez à cela que Javier Tebas a une idéologie très proche de l’extrême droite. L’avocat de formation a même été candidat en 2016 aux élections régionales pour le parti Fuerza Nueva, un parti o-Franquiste datant des années 60. « Sur la plupart des thèmes, je suis toujours en accord avec l’idéologie de Nouvelle Force(…) Mais je ne suis ni d’extrême droite, ni violent. Si l’extrême droite, c’est défendre l’unité de l’Espagne, la vie et un sentiment catholique à la vie, je suis dans ce groupe » a-t-il déclaré lors d’une interview retranscrite dans le Parisien, le 6 septembre 2017. Il s’agit quand même d’une mentalité assez curieuse, surtout pour une personne dirigeant l’une des ligues les plus puissantes d’un sport populaire et multiculturel.

Étant donné le personnage, il n’y a pas grand-chose d’étonnant à ce qu’il couvre d’obscures affaires de la part de ses clubs.

 

La (non) logique des méthodes

Anatole France disait à la fin du 19ème siècle : « On voit tant de malhonnêteté dans ce bas monde. Avisez, soyez prudent. » Et finalement il semble que le destin joue des tours. C’est tout aussi vrai aujourd’hui, dans le monde du football en l’occurrence. Récemment, Josep María Bartomeu a déclaré dans les colonnes de la presse sportive catalane que le Paris Saint-Germain « lui jouerait un mauvais tour cette année. » Au-delà de la « surprise générale » que procure ce genre de déclaration, intéressons-nous à un évènement récent, auquel il faisait référence.

Demi-finaliste de la Ligue des Champions 18/19, Frenkie de Jong devait – si le FC Barcelone n’avait pas contré avec une offre colossale – rejoindre les rangs du Paris Saint-Germain dès cet été. Que l’on s’entende bien, il n’est pas question ici de réécrire l’histoire, simplement de réexposer les faits. Le 13 janvier 2019, nous vous révélions que le joueur et le club de la capitale avaient trouvé un accord :

N’ayant pas digéré la perte de Neymar, le FC Barcelone a décidé contre toute attente de formuler une offre faramineuse. « Faramineuse » pour ne pas dire « indécente », un transfert évalué à plus de 86 millions d’euros (avec bonus) et un salaire pouvant atteindre les 16 millions net annuels, afin de s’attacher les services du prodige d’Eredivisie. Les Blaugranas vont être confrontés à un problème majeur : la masse salariale.

Le cabinet d’expertise comptable et d’audit KPMG sort chaque année une étude des états financiers des clubs de football professionnels, dans sa rubrique Football Benchmark. Le FC Barcelone a battu un record lors de la saison 2017/2018 avec une masse salariale (ou la somme des salaires payés) à 562 millions d’euros, soit une hausse de 42% sur un an, suite au départ de Neymar. À côté de cela, le FC Barcelone fait partie des clubs payant le moins de charges patronales selon les rapports de l’étude du cabinet parisien AyacheSalama (l’intégralité de l’étude ici). Devinez qui est le club qui paie le plus ?

C’est assez ironique tout de même, le Paris Saint-Germain est un club « malhonnête » et qui pratique une concurrence « déloyale », mais qui dans le même temps paie plus de charges patronales – et contribue donc directement à l’activité du pays – que la Liga, la Bundesliga et la Serie A réunies ; fait payer l’ensemble des impôts de ses salariés en France etc … Evidemment, il faut tenir compte des règles fiscales de chaque pays, mais il semble que certains clubs profitent bien de l’optimisation fiscale.

Toutes ces accusations venant d’un club qui est prêt à débourser une somme colossale en transfert et en salaire dans le seul but de ne pas se faire doubler par son « rival politique » ?

Sans vouloir tirer sur l’ambulance, c’est l’hôpital qui se moque de la charité.

  

Loukman

Sources : Transfermarkt, leparisien.fr, KPMG Football Benchmark

 Crédits photos : rtl.fr, ouest-france.fr, goal.com, sport.fr, as.com, Florence Pernet

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