Leonardo : plus compliqué que la première fois ?
Paris a officialisé vendredi le come-back de Leonardo en tant que directeur sportif du club. Le Brésilien est de retour six ans après son départ afin de redonner un second souffle au projet qatari qu’il avait lui-même bâti. La tâche est-elle plus compliquée qu’en 2011 ?
Leonardo a donc fait son retour au PSG pour le plus grand plaisir des supporters. Rares sont les personnes qui font l’unanimité chez les fans d’un club. Le Brésilien en fait partie. Tout d’abord, car il a été joueur au club (1996-1997). Mais surtout, car c’est lui qui a été l’instigateur du projet qatari en 2011.
Léo Part de (presque) rien
Lorsque Qatar Investment Authority rachète Paris, le club vient d’atteindre son meilleur classement (4 ème ) en cinq ans sous l’ère Colony Capital. QSI veut faire du PSG un cador européen et nomme Leonardo comme directeur sportif. Dans cette optique de « rêver plus grand », les dirigeants réalisent un mercato XXL comparé à leurs prédécesseurs. Javier Pastore en sera la tête de gondole, accompagné par Salvatore Sirigu, Jeremy Menez, Momo Sissoko, Blaise Matuidi, Milan Bisevac et Diego Lugano. Un sacré bouleversement d’effectif qui continuera au mercato d’hiver avec les arrivées de Thiago Motta, Alex et Maxwell. Sans oublier le remplacement d’Antoine Kombouaré par Carlo Ancelotti entre temps. Seul Nenê évitera ce chamboulement en faisant partie intégrante de l’équipe. La première saison du moins.
Ascension fulgurante
Mais c’est durant le mercato d’été 2012 que Leonardo va frapper un grand coup en arrachant au Milan AC, deux stars internationales. Thiago Silva et Zlatan Ibrahimović posent leurs valises dans la ville lumière. Le grand club italien, qui avait l’habitude d’acheter les grands joueurs du PSG, se fait chiper deux de ses meilleurs joueurs. Un bouleversement dans le football européen ? Ezequiel Lavezzi, Gregory Van der Wiel et Marco Verratti compléteront l’effectif. Les détracteurs de Paris et de Leonardo fustigeront la somme dépensée pour le petit hibou (12 millions d’euros) évoluant alors à Pescara en série B. Quelques mois plus tard, ces critiques seront balayées d’un revers de main. C’est en janvier 2013 que Leo va amener le PSG dans une autre dimension. En convaincant la star David Beckham de signer 6 mois au club, l’Auriverde réussit un coup marketing hors-norme et place Paris dans la cour des grands. Cinq mois plus tard, le directeur sportif démissionne en laissant comme cadeau d’au revoir Marquinhos et Edinson Cavani.
Beaucoup plus de problèmes
Six ans après son départ, Leonardo est donc rappelé à la rescousse par Doha pour redonner un second souffle au projet qui stagne (régresse) sportivement depuis quelques saisons. Car si au niveau business, le PSG est dans les temps de passage, il en est tout autre sur le plan sportif. En septembre 2018, Paris signe un partenariat avec la marque Jordan qui renforce encore un peu plus sa visibilité sur la scène internationale. Nasser Al-Khelaïfi ne s’y trompait pas en déclarant après l’officialisation que le PSG était « aujourd’hui l’une des trois plus grandes marques du football dans le monde », avant d’ajouter : « Mais pour nous, ce qui importe n’est pas juste de parler de marque ou de centre commercial, car le plus important reste ce qu’il se passe sur le terrain. » Malheureusement, ce qu’il se passe sur le terrain ne suit pas. Pour plusieurs raisons.
L’effectif
Lors de son premier passage, l’ancien milieu de terrain a réussi à ramener des stars alors que le club était loin de faire partie du gratin européen. Il n’aura certainement aucun mal à faire venir des grands joueurs aujourd’hui. Après les désillusions en Ligue des Champions depuis plusieurs saisons (dont deux humiliations en trois ans), Leonardo doit insuffler du sang neuf dans l’effectif. Aussi bien qualitativement, que quantitativement. Là où Léo aura plus de difficultés, c’est que l’UEFA veille au grain. Car si le fair-play financier est entré en vigueur en 2011, les achats de Neymar et de Kylian Mbappé en 2017 ont été un tsunami dans le monde du football. D’autant plus que saison après saison, le prix des joueurs ne cessent de flamber. Surtout lorsque le PSG vient frapper à la porte. Mais contrairement aux débuts du projet, le Brésilien possède une bonne base de travail, dont deux des meilleurs joueurs du monde.
L’institution
« J’espère qu’il va faire de bonnes choses, qu’il va organiser un peu la maison. ». Voilà ce qu’a déclaré Marquinhos après l’officialisation du nouveau directeur sportif. Et ça sera l’objectif nouveau que devra réaliser Leonardo. Car si on connaît la capacité du Brésilien à monter une équipe compétitive, on ne l’a encore jamais vu en action face à des joueurs qui sont bichonnés et à qui rien n’est refusé depuis de trop longues saisons. Lors de son premier passage, aucun joueur ne s’était fait remarquer. Aujourd’hui, entre les déclarations chocs des uns, les publications sur les réseaux sociaux des autres, Leo va devoir très vite remettre de l’ordre au club où l’institution semble se coucher devant ses stars. Lors d’une interview accordée au Canal Football Club en 2017, l’ancien directeur sportif du Milan AC déclarait : « Le club reste le plus fort. Neymar est Neymar, Cristiano Ronaldo est Cristiano Ronaldo. Le club c’est une institution à respecter, c’est lui qui va guider le projet, pas Neymar. » De bon augure pour son deuxième passage.
