à la uneInterviews Paris UnitedOeil du supporter

Jazzy Bazz

Jazzy Bazz est un rappeur parisien issu du 19arrondissement. Co-fondateur du collectif « Grande Ville » et membre du collectif « l’entourage », il s’est fait une place dans le domaine musical, notamment avec les sorties de ses albums « P-Town » (2016) et « Nuit » (2018). Depuis tout petit, il a grandi sous les couleurs du club de sa ville, le Paris Saint Germain. Impliqué avec les ultras du PSG, il a su progresser au sein du collectif jusqu’à devenir une personnalité reconnue dans la capitale. En 2016, il sort le son « Ultra Parisien », un son qui milite pour le retour des ultras au Parc des Princes. A travers cette interview accordée à Paris United, Jazzy Bazz nous raconte ses différentes vérités sur le club de la capitale.

 

Pourrais-tu te présenter ?

« Jazzy Bazz de mon pseudonyme, Iván de mon prénom. 30 ans, rappeur parisien. »

D’où vient ta passion pour le PSG ?

« J’ai toujours aimé le foot et il m’a toujours semblé naturel de supporter le club de ma ville. C’est comme si j’étais né avec l’amour du foot et du PSG car je n’ai pas souvenir d’un élément déclencheur. J’étais très certainement influencé par mon entourage. J’ai des souvenirs assez lointains avec le club, comme la victoire en coupe des Coupes en 1996. J’étais très jeune, les souvenirs de cette époque ne sont pas nombreux. Je me rappelle avoir regardé ce match à la télé, je me souviens du but, ça m’a marqué. »

Quel est ton meilleur souvenir avec le PSG ?

« J’en ai plusieurs, bien entendu les matchs historiques sportivement, mais aussi des matchs anodins où en tribunes j’ai pu passer un moment particulier. Si je devais choisir un souvenir spécial au Parc des Princes ce serait peut-être PSG OM 2002/2003, où on gagne 3-0 grâce à Ronaldinho. L’ambiance y était vraiment incroyable. On avait passé tout l’avant match à se renvoyer des chants avec le parcage marseillais. Pendant un très long moment. On était gonflés à bloc, l’entrée des joueurs était vraiment spectaculaire dans mes souvenirs. Et le scénario du match, à cette époque où une saison se jouait principalement sur le classico, cela a vraiment fait décoller l’ambiance à un niveau stratosphérique. Je suis rarement sorti du parc aussi heureux que ce soir-là. Je m’en souviendrais toute ma vie. »

Quel est ton pire souvenir avec le PSG ?

« C’est incontestablement le plan Leproux, j’avais l’impression que c’était la fin du PSG. Auparavant déjà, quand certaines associations étaient dissoutes j’avais l’impression qu’on perdait des bouts de notre chair. Mais là je n’étais absolument pas prêt, j’étais profondément meurtri et choqué par la gestion des conflits au Parc, c’était vraiment terrible. »

Que penses-tu de l’équipe actuelle du PSG ?

« C’est une équipe avec des talents incroyables. C’est une équipe de stars. Mais je trouve que c’est sa qualité comme son défaut. Sportivement on a de la chance, surtout comparé à avant. Même si des fois je regrette l’ancien PSG, je ne vais pas cracher dans la soupe. Cependant je pense que le PSG actuel gagnerait à s’émanciper de cet état d’esprit de mercenaires car il lui fait défaut. Que les joueurs aient l’amour du maillot, dans ce football moderne c’est une utopie. Mais qu’ils respectent le club devrait être une obligation. Je ne prétends pas avoir de solutions, mais je pense qu’il serait intéressant de développer considérablement la formation, car l’Ile-de-France est un incroyable vivier de jeunes talents. Je pense également que dans le recrutement il faudrait accorder plus d’importance à la mentalité des joueurs, même si c’est également utopique car sur le marché des transferts je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’Edinson Cavani. »

En Février 2016 tu as sorti ton album P-Town, et un son a retenu notre attention : Ultra Parisien. D’où t’es venue cette envie de sortir ce son ?

« J’avais besoin d’un exutoire, avec le recul je pense que ma démarche était assez égoïste. J’avais besoin de dire qu’un PSG sans ultra, un parc sans ambiance, n’avait plus d’âme et n’était plus le PSG, selon moi. La musique étant mon principal moyen d’expression, j’ai fait cette chanson pour le clamer haut et fort dans le but, inconscient au départ, de pouvoir regarder à nouveau des matchs du PSG sans jouer la comédie. Car après le plan Leproux, et au début de l’ère qatari, je regardais les matchs mais j’étais un comédien. Le cœur n’y était tellement pas que quand on gagnait je faisais semblant d’être heureux. Le PSG allait de mieux en mieux sportivement et moi j’allais de pire en pire dans ma relation avec le club. »

 

Quelle a été ton implication avec les ultras du PSG ?

« J’ai commencé très jeune donc mon implication s’est faite progressivement. Je me suis d’abord encarté, dans un groupe qui s’appelait « Authentiks ». Au début je ne faisais que les matchs à domicile et j’allais en permanence préparer les tifos dès que je le pouvais. Avec des amis nous avons monté une section jeune qui s’appelait « Biberons ». Par la suite j’ai commencé à faire des déplacements, j’étais donc plus impliqué, et j’ai finalement intégré la cellule matos du groupe. Je réalisais le graphisme des écharpes, entre autres. J’étais un membre discret, plutôt réservé car j’étais le plus jeune du groupe, mais j’essayais d’être le plus actif que possible. »

Quel a été ton meilleur souvenir avec les Ultras ?

« J’ai trop de bons souvenirs, en tribune comme en dehors. J’aimais particulièrement les déplacements car il y avait un côté « colonie de vacances ». Les chambrages dans le bus, les batailles avant contre arrière, les gros cortèges quand on arrive, rassemblés avec d’autres groupes.Je crois que mes meilleurs souvenirs sont des ambiances hors stade. Des trucs débiles comme aller avec deux, trois membres de la section Biberons sur un terrain vague pour s’entraîner à craquer des fumis comme les grands. Des ambiances tournoi de foot / barbecue avec tout le groupe, ce genre de choses. Des moments à rigoler en permanence ou sur des aires d’autoroute, des moments de fraternité tout simplement. »

As-tu suivi le déplacement des ultras dernièrement, notamment à Liverpool et Manchester où les supporters anglais ont été admiratifs ? Si oui, qu’as-pensé de l’ambiance qu’ils ont mis au stade et dans la ville ?

« Oui bien sûr j’ai suivi tout ça avec fierté. De manière générale je suis vraiment soulagé du retour des ultras à Paris. C’était totalement inespéré, le CUP a redonné vie au virage Auteuil à une vitesse hallucinante. Logiquement à l’extérieur ils font également un boulot incroyable. Ces deux matchs, j’aurais vraiment aimé y être. Je pense que l’ancrage du supportérisme à Paris est ultra puissant, de par son histoire.  Le CUP a rendu ma chanson totalement obsolète et c’est ce que je souhaitais. Donc bravo et respect à eux ! »

Pourrais-tu nous présenter ton album « Nuit » qui vient de sortir ?

« C’est un album 12 titres, où l’on passe progressivement du crépuscule aux aurores. Je l’ai construit avec beaucoup de passion et d’application. J’ai essayé de faire un album cohérent, où l’ordre des titres importe, afin qu’on puisse l’écouter d’une traite. Je conseille donc de l’écouter ainsi et j’espère que vous passerez un bon moment. »

 

Mehdy Courcoux

Crédits photo : Le Figaro

 

Paris United

GRATUIT
VOIR