Histoire du PSG période 2006 – 2011 : Paris est tragique
L’ère Colony Capital restera comme la pire de l’histoire du club. Cinq saisons de crises sportives et extra-sportives profondes marquées entre autres par le match du maintien in extremis du club en Ligue 1 à Sochaux et le décès de deux supporters parisiens à 4 ans d’intervalle. Retour sur une lente agonie.
Avril 2006, le Paris Saint-Germain passe des mains de Canal + à celles d’un trio d’actionnaires (les fonds d’investissement Colony Capital et Butler Capital Partners, soutenus par la banque Morgan Stanley) pour 21 millions d’euros. Le 20 juin 2006, Alain Cayzac est nommé président du club en remplacement de Pierre Blayau. Malgré le changement de propriétaire et de direction, priorité est donnée à la stabilité : Guy Lacombe demeure l’entraîneur du club, Alain Roche reste directeur de la cellule de recrutement, et l’effectif ne connait pas de bouleversement majeur (Mickaël Landreau et Amara Diané le renforcent et Pauleta prolonge). Malgré cette stabilité, le début de saison est laborieux et Paris s’enfonce dans le ventre mou du classement. Pire, le club commence doucement mais sûrement à multiplier les crises.
11 octobre 2006 : Vikash Dhorasoo est licencié
Acheté par le PSG en 2005 et en conflit ouvert avec son entraineur Guy Lacombe, Vikash Dhorasoo est viré du club le 11 octobre 2006 pour raisons disciplinaires. Fin septembre, Dhorasoo s’en prend violemment à Guy Lacombe, l’accusant d’être un menteur, après avoir été mis à l’écart du groupe professionnel pour avoir notamment rendu public un document interne au club. C’est la première fois depuis la création de lois pour le football professionnel qu’un joueur est licencié par son club.
23 novembre 2006 : mort de Julien Quemener en marge de PSG-Hapoël Tel-Aviv
Quatorzièmes du championnat, les Parisiens tentent de trouver un peu d’air frais avec la Coupe UEFA. Mais ce 23 novembre 2006, Paris est humilié sur la pelouse du Parc par l’Hapoël Tel-Aviv 2-4. Une déroute qui fera dire à Pauleta après la rencontre que « les joueurs n’ont pas la qualité pour jouer à Paris ». Et comme si cela ne suffisait pas, l’après-match est marqué la mort de Julien Quemener, 25 ans, habitué du secteur Boulogne, tué par Antoine Granomort, un policier en civil qui tente alors de défendre un jeune supporter d’une agression à caractère antisémite. La France du foot est choquée : « C’est un moment dramatique. Je suis bouleversé parce que c’est la première fois dans l’histoire du club qu’il y a un mort », explique alors le président Cayzac.
16 janvier 2007 : Limogé, Guy Lacombe est remplacé par Paul Le Guen
Face aux résultats catastrophiques, la direction réagit en limogeant Guy Lacombe le 16 janvier 2007. L’arrivée de Paul Le Guen au poste d’entraineur doit créer un électrochoc, qui ne vient pourtant pas. Relégable en mars, le PSG termine la saison à la 15e place. La trêve estivale est l’occasion de régénérer l’effectif afin de repartir du bon pied pour la saison 2007-2008. Rozehnal, Kalou, Cristian Rodriguez, Sammy Traoréet 4 autres joueurs quittent le club. De nombreux départs compensés par l’arrivée de Digard, Bourillon, Zoumana Camara, Ceara et Apoula Edel. C’est également l’année du premier contrat professionnel de Mamadou Sakho. Le nouveau départ tant espéré ne vient pas, le PSG réalise même la pire saison de son histoire. Paris fait le yoyo dans la zone de relégation.
29 mars 2008 : « Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch’tis »
Fin mars 2008, le PSG s’octroie une petite consolation au cours de sa piteuse saison, en remportant la troisième coupe de la Ligue de son histoire. Au stade de France, les Parisiens battent Lens (2-1) sur un penalty de Bernard Mendy dans les arrêts de jeu. Mais le sort s’acharne sur le club, et la seule chose que l’on retient de cette finale, c’est la banderole déployée par les supporters du KOB pendant 3 minutes au début de la seconde période. « Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch’tis », en référence au film de Dany Boon. Une banderole pourtant drôle et bien sentie, qui vexe les Lensois et choque la France bien-pensante. Qui plus est, trois semaines plus tard, le 21 avril, Alain Cayzac démissionne, remplacé jusqu’à la fin de la saison par Simon Tahar.
17 mai 2008 : Sochaux-PSG, le match du maintien
Mai 2008, le club parisien est dans la zone rouge avant la 37e journée. Il n’a jamais été aussi proche de sa première descente en Ligue 2 de son histoire. Avant ce dernier match de la saison à Bonal face à Sochaux, Paris est 17e et compte un tout petit point d’avance sur Lens (18e) et Toulouse (19e). Pour se sauver, Paris doit absolument gagner. Ce soir là, dans une tension extrême, Diané lance parfaitement le PSG en ouvrant le score (0-1, 22e). Tétanisés par l’enjeu, les joueurs parisiens reculent au fil des minutes et Sochaux égalise sur corner par Ndaw à un quart d’heure de la fin (1-1, 74e). Cinq minutes plus tard, Grégory Bourillon récupère le ballon à 25 mètres des cages Sochaliennes et lance Amara Diané à la lutte avec Afolabi dans la surface, qui manque son contrôle mais peut pousser le ballon au fond des filets avant que Teddy Richert ne se précipite dans ses pieds (1-2, 79e). Pas le plus beau but de l’histoire du PSG mais sans doute le plus important. A jamais dans les cœurs parisiens pour ce doublé salvateur, l’Ivoirien Amara Diané décrit au Figaro : « J’ai beau revoir les images, tout est flou dans ma tête. Je me demande encore comment le ballon finit dans le but. J’exulte très peu à ce moment-là, tellement la pression est énorme. Même au coup de sifflet final, je ne réalise pas. J’ai les larmes aux yeux ». Paris est sain et sauf et ne descendra pas en Ligue 2, l’essentiel est là. Ce match à Sochaux est également le dernier du capitaine légendaire, le Portugais Pedro Miguel Pauleta, qui peut quitter le club l’esprit tranquille après 5 années de bons et loyaux services.
Le onze parisien face à Sochaux : Ladreau, Ceara, Z.Camara, Yepes, Armand ; Chantôme, Bourillon, Clément, Rothen ; Diané, Pauleta (cap).
28 février 2010 : Drame de fin
Le 27 mai 2008, Charles Villeneuve est nommé président du PSG, mais est forcé de démissionner le 3 février 2009, à la suite de l’envoi aux actionnaires d’une lettre critiquant la direction supérieure du club. Sébastien Bazin, PDG en Europe de Colony Capital, actionnaire majoritaire, prend alors la présidence provisoire, avant de la céder en 2009 à Robin Leproux. Paul Le Guen n’est pas reconduit pour la saison suivante, en raison d’une mésentente de l’entraineur parisien avec une partie du staff technique. Paris termine la saison 2008-2009 à la 6e place et laisse échapper une qualification pour la Ligue des champions. Le 30 juin 2009, Colony Capital devient actionnaire à 98%. Antoine Kombouaré est nommé entraineur. Une saison 2009-2010 marquée par la montée des tensions entre les tribunes Auteuil et Boulogne, et dont l’épisode critique intervient le 28 février 2010, après un clasico catastrophique au Parc (défaite 0-3), lorsque Yann Lorence, supporter du Kop de Boulogne, perd la vie après le match, lynché lors d’une rixe entre supporteurs aux abords du Parc des Princes. Le 18 mai 2010, Robin Leproux publie un plan de remaniement des tribunes du Parc des Princes annonçant notamment la suppression des abonnements annuels aux supporters des tribunes Auteuil et Boulogne. La fin des tribunes historiques du PSG, mais aussi la fin d’une ère, celle qui restera à jamais comme la plus tragique que le PSG ait connu.
En chiffres
Lors des cinq saisons qui composent l’ère Colony Capital, le PSG joue 190 matchs de championnats avec un bilan de 68 victoires, 58 matchs nuls, et 64 défaites. Au classement, il termine respectivement, de 2007 à 2011, à la 15e, 16e, 6e, 13e et 4e place.
Durant ces cinq années, Paris remporte une coupe de France (contre Monaco 1-0 en 2009-2010) et une coupe de la Ligue (contre le RC Lens 2-1 en 2007-2008). Le club s’incline également deux fois en finale de coupe de France (contre Lyon 0-1 en 2007-2008 et contre Lille 0-1 en 2010-2011).
affiche en-tête : JBO Graphic