Faux Calimero, larmes de croco
Enième épisode du feuilleton « Adrien Rabiot ». Véronique Rabiot, mère et agent du joueur, s’est longuement entretenue cette semaine – dans un média bien complaisant – quant à la situation de son fils, mis au placard à la fois par l’Équipe de France et maintenant par le Paris Saint-Germain. Bien entendu, le jeune francilien est loin d’être la victime de l’histoire.
L’interview : le choix des mots
Vous aurez sans doute retenu l’une des nombreuses citations « choc », reprises dans la presse entière : « Adrien est prisonnier. Il est même otage du PSG. Bientôt c’est au pain sec, à l’eau et au cachot ! Ce milieu est cruel… Un footballeur est fait pour jouer, pas pour rester au placard. Adrien ne joue plus depuis décembre, et probablement jusqu’en juin. Ramené à une carrière professionnelle, six mois c’est énorme ! On le prend en otage parce qu’il ne veut pas resigner, alors qu’il ne fait que respecter son contrat. »
Soit. Admettons. Il est vrai qu’il n’est pas simple de voir son fils dans une situation délicate, avant d’être son agent il s’agit avant tout de sa mère. Rien qu’en lisant cette phrase vous avez compris la tournure de cette interview : une charge directe envers la direction parisienne. Évidemment, les diverses menaces de départ (notamment en 2013 et 2014), les court-circuitages entre Nasser Al-Khelaïfi et Unai Emery pour ne pas faire jouer son fils en 6 – parce que oui, marquer des buts c’est plus intéressant pour les contrats de sponsoring – ou encore plus récemment les négociations et exigences (délirantes ?) avec le FC Barcelone. Bref, reprendre l’interview n’aurait aucun intérêt, à part lire quelque chose qui est « étonnant », « passionnant » et « émouvant parfois ».
Négociations et exigences
Comme nous vous le révélions au fur et à mesure ces derniers mois, les relations entre le clan Rabiot et le Paris Saint-Germain se sont dégradées. La semaine dernière, Thomas Tuchel lui-même a perdu patience, notamment pour insuffisance à l’entraînement et comportement inacceptable les soirs de matches capitaux. Car oui, même s’il ne joue plus, Adrien est toujours sous contrat et ne peut se permettre de faire ce qui lui chante. Du moins, ce qui met en péril l’image du club et ses obligations. Il ne s’agit pas de le « restreindre », mais de lui faire respecter son contrat, courant jusqu’en juin prochain.
Mais bon, forcément, il a fallu qu’Adrien soit indiscipliné de nature, en plus d’être materné comme pas permis. Et malheureusement, le talent ne fait pas tout dans ce milieu. Si le clan Rabiot se plaint du salaire du joueur, il ne faut pas oublier que de son côté, aucune prolongation de contrat – et par conséquent aucune négociation salariale – n’a été faite depuis l’automne 2014, au moment où il voulait rejoindre la Roma. Sans parler de ses retards, deux me viennent en tête : lors de la finale de la Coupe de France 2015 où Adrien est arrivé en retard, le car ne l’a pas attendu et il s’est permis de bouder et a refusé d’y aller par ses propres moyens. Second retard, plus récemment, lors de OM-PSG, le 28 octobre dernier, où Mbappé et lui étaient en retard pour le débriefing avec Thomas Tuchel. L’un des deux, pour prouver qui il est et pour se faire pardonner, a marqué un but.
Laurent Blanc disait dans les colonnes du Parisien : « On s’est bagarré pour qu’il signe cinq ans au PSG parce qu’on croyait énormément en lui. On pensait et cet avis était partagé par tous au club qu’il incarnait l’avenir du club […] Cinq ans après, ce n’est pas normal qu’il se retrouve dans sa situation actuelle. Là aussi, le PSG doit progresser. » Aujourd’hui, l’histoire se répète.
Rappelons que le Paris Saint-Germain a proposé un salaire de 8 millions d’euros par an, chose que le joueur et son agent ont refusé. L’accord avec le FC Barcelone semblait bouclé, jusqu’à ce que Madame Rabiot vienne exiger toujours plus. Finalement, Adrien a été mal conseillé mais il serait temps également qu’il sorte des jupons de sa mère. Il est également important de rappeler que Paris a vendu Blaise Matuidi à la Juventus de Turin pour lui faire de la place. Et aujourd’hui, au vu des performances de l’international français en Ligue des Champions, nous nous en mordons les doigts.
Une affaire interne un peu trop médiatisée
Oui effectivement le dossier a été mal géré par les deux parties. Mais la question ne se pose plus depuis un certain temps étant donné la situation actuelle, plus qu’intenable et qui divise en interne. Pour le club comme pour le joueur, l’image se ternit malgré eux. Même si Rabiot est, à priori, un adulte responsable, il n’empêche qu’il évolue avec un entourage toxique. J’ai cité plus haut les folles exigences salariales et de prime à la signature de la mère, qui ont provoqué la fin des négociations avec le club catalan, mais également avec l’Équipe de France.
Cet été, Adrien Rabiot a eu l’audace de refuser la sélection en tant que suppléant, estimant qu’il devait être titulaire et qu’il avait pleinement sa place. On pourrait débattre des heures entières de la question, mais le choix final revient à Didier Deschamps et, indirectement, Noël Le Graët. Ce dernier disait, qu’il aurait voulu discuter avec Adrien, d’homme à homme, mais que sa mère a voulu venir à sa place en refusant que son fils soit présent. Une seconde fois, elle a voulu accompagner son fils, ce qui a été également refusé par le président de la fédération française de football . Donc non, Adrien Rabiot n’est pas du tout une victime dans l’histoire, mais ne fait que des mauvais choix de carrière.
À qui profite l’aubaine finalement ? Aux détracteurs évidemment. Qui d’autre aurait accepté de publier une telle interview si ce n’est quelqu’un souhaitant nuire à l’image du club ? Il semble que le verrou du Camp des Loges soit resté en travers de la gorge de certaines personnes. Comme si cela ne suffisait pas, l’UNFP s’est également approprié cette affaire, en oubliant complètement l’histoire de Mapou Yanga-Mbiwa entre autres ou celle de Rolando.
Il n’y a pas à dire, le PSG a bon dos. Mais endosser le poids de l’affaire Rabiot devient beaucoup trop lourd.
Sources : SoFoot, Le Parisien, Goal