Bilan : Satisfaisant mais peut mieux faire
Le PSG est en tête de la Ligue 1 et de sa poule de Ligue des champions. Pourtant, certains éléments ne donnent pas satisfaction : l’intensité des matchs, le nombre de blessures, entre autres. Retour sur les quatre premiers mois de compétition.
Beaucoup d’équipes aimeraient sûrement présenté le bilan du PSG à ce moment de la saison. Premier du groupe A en Ligue des champions et en championnat malgré un groupe amputé régulièrement par les blessures, un bilan plutôt positif en terme comptable. Mais le club de la capitale a tellement habitué ses supporteurs à survoler la première partie de saison puis à s’écrouler entre la fin de l’hiver et le début du printemps qu’on ne peut s’empêcher d’avoir des doutes.
Tuchel, le jeu
Thomas Tuchel pourrait être épargné par la critique à la vue des résultats. Mais voilà, sa gestion interroge quand même.
Alors qu’il avait essayé de nombreux systèmes de jeu l’an dernier, alternant entre la défense à trois ou à quatre, il a l’air déterminé à ne jouer qu’en 4-3-3 cette saison, n’utilisant la défense à trois que ponctuellement en fin de rencontre.
Ce qui dérange, c’est, par exemple, comme à Dijon et contre Reims, qu’il insiste avec Bernat au milieu. L’Espagnol, déjà utilisé la saison dernière dans cette position, ne donne pas satisfaction à ce poste. Le coach allemand voulait un groupe étoffé, il l’a. Alors pourquoi bricoler de cette manière ?
La gestion de Cavani interroge également. Oui, il a été longtemps blessé. Qu’Icardi soit en réussite et que l’Uruguayen soit relégué sur le banc, normal. Mais pourquoi ne pas l’avoir titulariser à Dijon ? Mais surtout, pourquoi insister dans les médias sur le fait qu’il va falloir se battre, alors qu’il est clairement en manque de rythme et donc en difficulté. Le meilleur buteur de l’histoire du club doit bien savoir cela et son comportement a toujours été irréprochable et professionnel. Pourquoi faire ce genre de déclaration en public ? On a l’impression, parfois, que l’entraîneur parisien veut absolument faire passer le message à Cavani que c’est fini. Facile aujourd’hui quand Mauro Icardi fait le job. Mais si l’Argentin venait à se blesser, Tuchel pourrait payer ses déclarations s’il avait besoin de Cavani.
Autre problème, le jeu. Depuis le début de saison, le PSG a réalisé une énorme première période contre l’OM, un très bon match face au Real, une grosse dernière demi-heure à Bruges et un match solide à Galatasaray. Pour le reste, il a déjà connu la défaite à trois reprises en championnat et c’est déjà beaucoup.
Mais surtout, Paris ne montre pas qu’il a, enfin, envie de marcher sur tout le monde. Dans la majorité des matchs, la différence se fait sur un exploit individuel pas sur la qualité collective. Cela manque régulièrement d’intensité et de vitesse dans les transmissions, mais aussi de courses collectives.
C’est paradoxal, mais le PSG a fait la plus grosse impression quand il n’y avait ni Mbappé ni Neymar, ou quand le Français entrait en cours de jeu. Quand un des deux est là, puisqu’ils n’ont jamais été disponibles en même temps depuis le début de saison, le jeu devient moins fluide.
Thomas Tuchel n’arrive pas à trouver les mots pour que ses joueurs soient à fond (presque) tout le temps. Mettre de l’intensité, ça s’apprend, ça se répète, ça ne s’improvise pas. Paris doit apprendre à marcher sur ses adversaires quelque soit leurs niveaux, leurs noms. Parce qu’en se donnant une exigence athlétique, on se donne également une exigence mentale, et quand on se rappelle que les défaites parisiennes en Ligue des champions ont plus tenues du mental que de la technique, ce sera primordial dans la suite de la saison.
Pour terminer, et même si Leonardo n’a rien laissé transparaitre, une nouvelle défaite en championnat avant la trêve ou un mauvais match à Madrid dans deux semaines, peuvent-ils remettre en cause la situation de Tuchel ? Ce sera à suivre avec attention.
Le cas Marquinhos
Pour l’Allemand, c’est la clé. Décidé à faire jouer le Brésilien devant la défense dans les gros matchs, le coach se prive-t-il d’une meilleure solution ?
Le défenseur auriverde a été bon dans cette position, mais il a montré des limites quand l’adversaire venait presser, mettre de la densité dans ce secteur de jeu ? Qu’en sera-t-il face à un gros adversaire type Liverpool ? Aujourd’hui, on n’a pas vraiment de réponse.
En revanche, on sait que Marquinhos-Silva en charnière, c’est du solide. Pourquoi pas un milieu à deux avec Verratti – Gueye ? Pourquoi ne pas essayer le milieu à trois mais avec Herrera devant la défense ?
Evidemment, à deux milieux, il va falloir que les joueurs offensifs travaillent, fassent le pressing à la perte de balle. Neymar l’a déjà fait avec le Barça, il en est donc capable. Di Maria le fait de puis le début de saison. Mais quid de Mbappé ? Quand on voit son match face à Bruges, on a de gros doutes. Pour se priver de Marquinhos, il faudra être sûr que tout le monde se plie à une énorme discipline collective. Et pour cela, on n’a aucune certitude.
Les blessés, un vrai problème
Le nombre de blessés au PSG, c’est un vrai problème. Si on fait la liste des joueurs ayant raté au moins un match cette saison suite à une blessure, ça fait peur: Navas, Herrera, Neymar, Mbappé, Cavani, Icardi, Bernat, Sarabia, Verratti, Gueye, Kehrer, Meunier, Dagba, Marquinhos.
Si on veut voir le problème de manière positive, on peut se dire que, pour une fois, les blessures arrivent plus tôt et qu’enfin les Parisiens pourraient arriver frais en deuxième partie de saison, contrairement à d’habitude.
Pour le côté négatif, on se dira que Tuchel n’aura encore jamais pu travailler avec son équipe type. C’est un problème, quand on connaît les choix qu’il va devoir faire, notamment sur l’animation offensive de son équipe.
On peut également se dire qu’il y a un problème de charge de travail ou d’hygiène quand on a autant de blessés en seulement quatre mois. Enfin, les blessures musculaires peuvent être provoquées par la fatigue, l’accumulation des matchs, les voyages en sélection, mais aussi par un problème mental. Quand on veut trop bien faire, qu’on se met de la pression, les tensions peuvent engendrer des blessures. On en revient donc encore une fois au problème de mental. Ou peut-être que toutes ces données sont liées. Heureusement qu’Icardi et Di Maria, par exemple, ne sont plus appelés en sélection.
L’espoir de la deuxième partie de saison
Comme on l’a dit précédemment, Thomas Tuchel n’aura pas eu son effectif au complet depuis le début de saison. Comment va-t-il faire ses choix si, un jour, tout le monde est là ? Comment travailler les automatismes ? Comment prendre le risque de jouer à deux devant (Icardi–Cavani) ? Comment savoir si le 4-2-3-1 dont tout le monde rêve avec DiMaria–Neymar–Mbappé derrière Icardi ou Cavani peut fonctionner ?
Malgré tout, il y a de l’espoir. Si tout le monde est opérationnel, l’entraîneur parisien aura alors de quoi aligner une équipe de feu mais aussi de faire du coaching avec un banc de très haut niveau.
De plus, comme on l’a déjà dit, pour une fois, un certain nombre de joueurs parisiens vont arriver en février avec un nombre de matchs déjà joués très faible. Ils devraient donc être en pleine forme à ce moment si important de la saison.
Enfin, et même si les comparaisons ne veulent pas dire grand-chose à ce moment de la saison, à, part Liverpool, aucune grosse équipe n’a montré une véritable supériorité et une puissance collective qui puissent faire peur aux joueurs de la capitale. Alors, est-ce enfin la bonne saison ?
Crédit photos : @Flo_Pernet, @Sacha_mas