Analyse statistique : Les expected goals
Longtemps orphelin de nombreuses statistiques propres aux différents sports populaires aux États-Unis, le football européen jouit aujourd’hui de nouveaux chiffres. Très en vogue actuellement, les « expected goals » traduisent d’un travail compliqué mais intéressant dans la vision globale des effectifs et joueurs actuels.
Un outil nouveau
Très utilisée dans une discipline comme le hockey, la notion d’« expected goals » prend en compte de nombreuses données afin de prévoir et d’attribuer une valeur numérique précise, quant aux buts espérés pour un joueur ou une formation donnée.
Le calcul de ces chiffres se base essentiellement sur 3 types de situations :
- Tout d’abord, les zones du terrain sont prises en comptes. Par exemple, un but en pleine surface constitue une probabilité plus élevée qu’une frappe excentrée ou à 35 mètres. Ce modèle statistique est extrêmement important dans l’équation finale de l’« expected goal ». En effet, des joueurs réussissant des exploits sur des tentatives lointaines peuvent traduire d’une « surperformance ».
Voici un exemple des probabilités retenues dans l’élaboration de la statistique « xG » :
- La façon de transformer une occasion franche en but est également un facteur du calcul final. En effet, un but de la tête ne constituerait par exemple que 10,5 % des buts recensés.
- Enfin, les différents types de passes sont également un aspect important de l’élaboration des statistiques des « expected goals ». Dans 17,5 % des cas, un tir résultant d’un centre, termine au fond du filet. Concernant les passes en profondeur cela représenterait près de 40% des buts qui sont inscrits.
Autant de données utilisées et traitées par des groupes de statisticiens afin d’établir des valeurs de buts espérés.
Voyons à présent comment ce nouvel outil numérique peut être analysé dans les performances du Paris Saint-Germain.
Analyse en Ligue 1
Après 29 journées de championnat pour le club de la capitale, la donnée « xG » référence au club parisien est estimée à 77,82, soit environ 78 buts. La réalité du terrain vis-à-vis de cette prédiction présage clairement d’une surperformance du PSG dans les buts marqués, depuis le début de la saison. En effet les hommes de Thomas Tuchel ont déjà fait trembler les filets à 87 reprises, cela tend à prouver en partie que l’aisance offensive du PSG en Ligue 1 s’est développée.
A titre de comparaison, l’OGC Nice traverse une saison compliquée et cette dernière s’explique par un manque de réussite face aux buts ou bien d’une baisse de régime latente. En effet, après 30 journées disputées, le club entraîné par Patrick Vieira aurait dû inscrire environ 31,62 buts, selon les statistiques d’« expected goals » . Cependant, les Aiglons ne comptabilisent aujourd’hui que 22 buts.
Cette notion de « buts attendus », se décline énormément notamment concernant les dispositifs tactiques du Paris Saint-Germain. Selon la stat « xG », l’adaptation du PSG façon Thomas Tuchel en 4-2-3-1 est flagrante. En effet avec 17,06 de buts espérés et 23 buts inscrits dans ce système tactique, la preuve est faite que le club de la capitale est parfaitement à l’aise dans cette formation. Le parallèle avec le replacement de Neymar en meneur de jeu est d’ailleurs vite trouvé.
L’analyse des « expected goals » en rapport avec les dispositifs utilisés est également significative pour le longtemps utilisé, 4-3-3. Avec 7 buts et 8,36 de « xG », la transition vers les idéaux tactiques de Tuchel et le manque de joueurs au milieu de terrain est clair.
Ce nouvel outil s’intéresse également aux performances individuelles, voyons cela pour certains protagonistes de l’effectif parisien.
Par la lecture de ce tableau, il est frappant de constater que Kylian Mbappé est dans une forme impressionnante avec un indice de 3,38, supérieur aux buts espérés pour le jeune numéro 7 parisien. C’est également le cas pour Neymar (malgré sa blessure) et pour Edinson Cavani. L’attaquant uruguayen était clairement bien lancé avec déjà 17 buts à son compteur. Malheureusement, la nouvelle coqueluche du Parc des Princes, Eric Maxim Choupo-Moting, ne parvient pas à se rapprocher de sa valeur « xG » avec seulement deux petits buts.
Encore perfectible, cette nouvelle statistique permet d’entrevoir des nouveaux angles d’analyse pour les observateurs du football mais aussi des nouvelles méthodes de travail au sein des clubs. Si la notion d’« expected goals » commence à se répandre, elle reste malheureusement aujourd’hui sous-utilisée et peu répandue malgré l’apparition de statistiques proches de cette dernière.
Valentin Dionot pour Paris United
Visuel de Florian Gozard