Oeil du supporter

Allez Paris, un peu de nerf !

L’arrivée de QSI en France était porteuse de promesses. La promesse d’avoir une grande équipe capable de redorer le blason rouge et bleu sur la scène européenne. La promesse de ne plus revivre le risque de la relégation. La promesse de rendre Paris magique, tout simplement. Promesse tenue ? Pas tout à fait.

 

Alors oui effectivement QSI a fait venir des stars, de Zlatan Ibrahimović à Neymar Jr en passant par David Beckham et Ángel Di María. Oui, Nasser Al-Khelaïfi a très grandement contribué au retour des Ultras au Parc des Princes. Oui, le PSG domine la Ligue 1 depuis des années.

Mais est-ce que finalement tout cela suffit ? Pourquoi les supporters parisiens se font charrier chaque année sur les quarts de finale de la Ligue des Champions ? Croyez-moi : cela énerve beaucoup, mais alors beaucoup plus les supporters eux-mêmes que cela amuse les supporters adverses. Je dis « énerver », mais je pense plus à de la tristesse.

 

Un problème de niveau ? Non.

Objectivement, peut-on imaginer que le PSG soit incapable d’atteindre au minimum la demie voire la finale de Ligue des Champions ? Le club possède une attaque, depuis 2017, composée de Neymar Jr – Cavani – Mbappé, et plus récemment la variante Di Maria – Cavani – Mbappé et Neymar Jr en 10. C’est à se demander pourquoi nous n’arrivons pas à « passer les quarts ». Bien évidemment, les différents coaches sont indubitablement en partie responsables de ces échecs. Mais il ne faut pas oublier les joueurs.

Navré d’en arriver là, mais je dois parler de la remontada. Tout supporter parisien qui se respecte se doit d’avoir une plaie béante depuis le 8 mars 2017, à la 95èmeminute, avec ce but de Sergi Roberto, qui nous a à jamais planté un pieu en plein cœur. Une fois pour toutes, soyons lucides et arrêtons de nous cacher derrière l’arbitrage de Deniz Aytekin. La qualité de son travail a certes été très douteuse, mais aucune équipe ne perd à cinq buts d’écart pour des erreurs d’arbitrage. Cela ne constitue pas la raison principale de cet échec. Mais à quoi est-il dû ? A croire que l’on a oublié le 4-0 au Parc le 14 février de la même année. La probabilité d’être disqualifié relevait presque du miracle côté barcelonais. Si vous voulez un ordre d’idée, imaginez le pactole qu’ont empoché ceux et celles qui avaient prédit le 6-1.

Depuis ce jour-là, quand Paris joue un match au moins aussi important, il y a ce que j’appelle dans ma tête « l’effet remontada ». Je ne vais pas le décrire, je pense que vous avez parfaitement compris. Ce sentiment de tétanie que nous avons tous ressenti lors du match retour Bayern – PSG le 5 décembre 2017 (alors que nous avions gagné 3 – 0 au match aller) et lors du match retour du 6 mars 2018, au premier but de Cristiano Ronaldo au Parc.

 

Un traumatisme qui semble éternel ? Oui.

Si je remue le couteau dans la plaie et ressasse le passé ainsi, c’est pour se rappeler d’une chose absolument essentielle : l’équipe du PSG, ainsi que l’ensemble de ses supporters, vivent toujours une sorte de syndrome post-traumatique de la défaite au Camp Nou. A tel point que les joueurs eux-mêmes perdent littéralement leurs moyens lors de ces grandes échéances. Ah ! Voilà le souci : les joueurs, aussi talentueux soient-ils, sont littéralement pris de panique. On ne parle pas d’une panique hystérique à la vue de la petite Regan dans l’Exorciste (1973), mais de joueurs qui pensent avoir perdu avant même de fouler la pelouse du terrain. Le ressentez-vous, vous aussi ?

Les joueurs du Paris Saint-Germain , malgré la rotation, ne semblent pas avoir oublié l’inoubliable. Quelque part, la remontada devait arriver un jour où l’autre. Je dirais même qu’il le fallait. Cet évènement a permis au club de se remettre (un peu) en question. Nous n’irons pas jusqu’à dire que le club s’est hissé, en terme d’expérience, à la cheville de clubs ayant plus d’un siècle d’existence comme la Juventus de Turin, mais cela constitue déjà un bon début. C’est un club jeune, certes, mais il a une histoire et de grands joueurs qui y sont passés. Il est plus que temps que l’institution PSG inculque ces valeurs à l’ensemble de ses joueurs. Comme Romain Mabille l’a si bien dit lors de notre interview, il y a du mieux et on sent que le club fait des efforts pour se rattacher à notre histoire. Mais hélas …

 

Visiblement, cela n’a pas suffi …

Le traumatisme a pris le pas sur l’expérience. Ce qui devait être une leçon pour tout le monde s’est transformé en une source de stress inextinguible qui se communique dans tout le vestiaire. Je n’ai qu’une chose à dire aux joueurs : les gars, bougez-vous un peu. Rappelez-vous que vous avez des supporters derrière vous, des hommes et des femmes qui se cassent les cordes vocales au Parc, dans les bars ou sur leur sofa, pour vous encourager, vous soutenir. Rappelez-vous que le football, au-delà du sport, rassemble les gens et crée des émotions. Ce qu’il s’est passé lors de cette maudite soirée du 8 mars 2017 était un échec, pas une défaite. Lorsque l’on subit une défaite, c’est lorsque l’on perd en ayant tout donné pour parvenir à son objectif, que l’on s’est battu pour obtenir ce que l’on cherche. Était-ce le cas ce soir-là ? Je n’en suis pas convaincu. Nous, supporters, acceptons et accepterons toujours de pleurer une défaite, mais pas un échec.

Vous avez absolument tout pour tout gagner. Qu’est-ce qu’il vous manque, franchement ? Qu’est-ce qui vous met du plomb dans l’aile ? Vous avez vécu un traumatisme ? Et bien nous aussi, nous l’avons vécu. Ce n’est en rien une raison de se morfondre, au contraire : la douleur ne nous tue pas, elle doit donc nous rendre plus forts. Vous êtes des professionnels les gars, vous ne jouez pas quelques fois un dimanche après-midi avec des copains. Imaginez un instant que tous les cadres d’une très grande entreprise ne croient plus en ce qu’ils font, par peur du passé et de l’échec. Ce n’est évidemment pas tenable. C’est une période difficile que vous traversez sur la scène européenne : vous devez travailler en équipe, défendre en équipe. Qu’importe le fait que vous vous soyez mal entendu avec le club ou avec un ou plusieurs joueurs : n’oubliez pas ce pour quoi vous êtes là. Faites-vous plaisir, amusez-vous sur le terrain, aimez ce que vous faites, impressionnez-nous avec vos techniques. La seule chose que l’on vous demande, c’est de vous battre. Vous êtes ici pour défendre les couleurs et l’histoire d’un club, ne l’oubliez jamais.

Gagner la Ligue des Champions, c’est comme être enfant et apprendre à rouler à vélo : on tombe, on se fait mal, on se blesse. Mais jamais, Ô grand Dieu non jamais on ne lâche l’affaire tant qu’on n’a pas atteint notre objectif : celui de rouler. Tu as un vélo de compétition et l’un des plus beaux vélos qui soit, qui t’a coûté une fortune. Tu as l’un des meilleurs publics d’Europe, qui est fidèle et loyal, qui t’a toujours soutenu même dans les moments les plus difficiles.

 

Paris Saint-Germain, un club n’est rien sans ses supporters, alors si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour eux, pour nous tous. Montre-nous que tu as l’envie de te surpasser. Montre-nous que tu n’as pas peur. Montre-nous que tu veux tenir ta promesse : celle de devenir le grand club dont nous aspirons toutes et tous. Montre à ces bastions du football européen que toi aussi tu es là et que tu comptes avoir ta place dans l’Histoire.

Paris Saint-Germain, n’oublie jamais qu’ensemble nous sommes invincibles. Nous t’aimons toutes et tous, nous nous sommes jurés de toujours t’encourager. Tu as un avenir et un potentiel incroyable. Tout ce qu’on te demande, au-delà de la victoire, c’est de te battre comme un lion enragé sur le terrain, quitte à revenir sur les rotules.

 

C’est pour cela que nous te suivons et t’encouragerons, à jamais.

 

Loukman

Crédit photo : Eurosport

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