Le système, ce faux coupable
En conférence de presse, Christophe Galtier a parlé d’un changement de système possible. Bien sûr que le système est important, mais ce n’est pas la seule donnée à prendre en compte.
La conférence de presse d’avant PSG – OM avait lieu vendredi après-midi. Après plusieurs questions sur l’extra-sportif, alors que l’entraîneur parisien avait demandé plus de questions sur le foot, il a quand même réussi à parler, un peu, de jeu.
Parmi ces réponses, il a abordé un sujet qui revient depuis plusieurs semaines : le 3-4-2-1. L’entraîneur français a déclaré qu’il réfléchissait à passer à une défense à quatre, notamment à cause des absents.
Le système de jeu, c’est un thème qui revient régulièrement depuis la saison dernière. Mauricio Pochettino était longtemps resté figé sur le 4-3-3 alors que beaucoup réclamait le 3-4-3. Cette saison, c’est l’inverse. Alors que le 3-4-2-1 a été installé depuis l’arrivée du nouvel entraîneur, beaucoup réclament le retour au 4-3-3. Il serait pourtant facile de dire que les suiveurs du club ne sont jamais contents. Le problème est sûrement ailleurs.
En passant à trois défenseurs axiaux, Galtier voulait utiliser les qualités de ses latéraux. Ça a plutôt bien fonctionné au départ. Mais depuis la fin août et le match à Toulouse, le contenu des matchs a baissé.
Des latéraux sous-utilisés
Le 3-4-2-1 devait favoriser l’utilisation de Mendès et Hakimi, voire Bernat. Le premier problème est que Paris écarte très peu et combine principalement dans l’axe. Contre Benfica, par exemple, les portugais avaient même décidé de coulisser fortement à l’intérieur et laisser les côtés complètement libres tellement ils étaient persuadés qu’on ne chercherait pas les latéraux. Et ils ont eu raison.
Le deuxième problème, c’est de jouer sur les qualités des joueurs. Hakimi n’est pas un joueur qui aime recevoir le ballon dans les pieds, mais plutôt dans la profondeur, lancé dans le dos de la défense. Mais le PSG évolue très haut et le marocain est souvent arrêté quand il est trouvé. De l’autre côté, Mendès a plus de facilité à démarrer arrêté. Le problème, pour lui, c’est qu’avec Mbappé et Neymar qui aiment venir dans cette zone, il a rarement de l’espace pour déborder.
Enfin, le dernier problème, et sûrement le principal, c’est l’animation offensive. Quand ils sont trouvé et qu’ils débordent, les latéraux parisiens n’ont alors aucune solution devant le but pour centrer. Neymar et Messi partent de trop bas et Mbappé déserte l’axe. Résultat, les joueurs de couloir parisien sont inutiles.
Le problème du milieu et de la défense
Normalement, la défense à trois est censée permettre de protéger le dos des latéraux, mais aussi de protéger l’axe avec un joueur supplémentaire. Avec ballon, cela doit permettre également d’avoir un duo de milieu plus haut. Le problème, c’est que, dans la construction, les défenseurs se déchargent sur Verratti qui doit tout faire. Sans ballon, de peur d’être pris dans la profondeur, ils reculent trop vite et laissent l’italien et Vitinha livrés à eux-mêmes.
Enfin, au départ, ce système devait permettre d’être protégé pour contre-presser très haut et éviter les longues courses au trio défensif.
Repasser à quatre, est-ce la solution ? Pas forcément. Le vrai changement sera dans l’attitude et le respect du jeu. À quatre ou à trois, il faut un bloc compact, qui fait la même chose : soit rester défendre haut soit reculer pour former le bloc. À quatre ou à trois, si le jeu demande de trouver les latéraux, il faudra le faire. Trouver les latéraux, ça permet de mettre du doute chez l’adversaire et l’obliger à avoir des intervalles plus grands entre chaque joueur pour anticiper la passe sur les côtés.
La clé, l’état d’esprit plus que le système
Le système de jeu, c’est surtout nécessaire défensivement pour savoir qui se replace où. Offensivement, c’est l’inverse. Ce sont les dézonages, le mouvement, qui posent problèmes à l’adversaire. Plus vous êtes organisés, plus vous êtes scolaires, plus vous êtes lisibles. Plus il y a de mouvement, de permutation, de jeu entre les lignes, de variétés, plus vous avez de chances de prendre à défaut l’adversaire.
Au PSG, le problème n’est pas le système à proprement parler. C’est même presque toujours le reste. Peu de courses, peu de circuits de passes, peu de mouvements, peu de combinaisons et le tout basé sur l’exploit individuel. Ce n’est pas anodin si le club de la capitale est l’équipe qui centre le moins d’Europe, qui court le moins d’Europe et qui effectue le moins de course à haute intensité d’Europe (ou presque).
Sans un état d’esprit et l’envie de courir, le PSG peut utiliser tous les systèmes qu’il souhaite, ça ne changera rien. Il est peut-être temps de respecter le jeu, jouer ensemble, courir ensemble… Tout simplement, devenir un collectif.