La gestion des titis
À force de ne pas avoir de temps de jeu, les jeunes vont, à l’instar de Michut ce lundi, demander à quitter le club. La faute à une politique sportive et à un coach qui n’ont rien fait pour les intégrer.
Finalement, qui connait le réel niveau des joueurs formés au club ? Le débat fait pourtant rage autour du club de la capitale et on a l’impression que la nuance n’existe pas. Soit vous êtes pro soit vous êtes anti titi. Le problème est bien plus profond et intéressant que cela.
Tous les clubs professionnels possèdent un centre de formation. Certains s’en servent pour leur équipe première avec une philosophie de jeu ancrée dans le club (Ajax, Barça), d’autres pour vendre (les clubs français en général) quand les derniers les laissent se post- former ailleurs avant de les récupérer en y incluant un prix de rachat fixé à l’avance (Real Madrid).
La construction de l’effectif, un premier élément pour les jeunes
Lors du recrutement, on a déjà un aperçu de la place qui va être faite aux jeunes du club. Au PSG, force est de constater que l’effectif n’est pas, à priori, construit pour faire une place aux jeunes. Avec une trentaine d’internationaux A dans leurs pays respectifs, trop de joueurs ont donc un statut qui leur donne une avance sur les titis quand le coach doit composer son équipe. Mais quand je dis à priori, c’est parce qu’une fois que la saison démarre, le niveau de performance doit évidemment devenir un critère important.
Pour juger de ce niveau pour des jeunes, un premier élément intervient lors des séances d’entraînement. L’implication, l’écoute et le niveau (technique, tactique) donnent un premier aperçu de ce que le jeune est capable de faire, sans la contrainte de la compétition et de sa gestion des émotions. Problème, au PSG, pendant trois-quarts de la saison, il y a des matchs tous les trois jours. Le lendemain des matchs c’est décrassage, récupération, puis petite séance et mise en place de veille de match avant de rejouer. Difficile donc pour les jeunes d’effectuer des séances dignes de ce nom et de montrer leur potentiel.
Enfin, concernant la politique sportive, il y a la relation centre de formation – équipe professionnelle. Yohann Cabaye, responsable du centre du PSG, a déclaré dans le podcast de RMC « Scout » qu’il « n’avait aucune relation avec Pochettino« . Est-ce normal que le coach de l’équipe première n’échange jamais avec le responsable du centre ? Qu’il ne lui demande jamais son avis sur un joueur, son niveau, son comportement, son potentiel ?
Entre dix-sept et vingt ans, on a besoin de jouer
Une fois l’entraînement passé, le seul moment où le jeune peut montrer son potentiel, c’est sur le terrain, en compétition. La gestion des émotions, l’intensité, c’est à ce moment qu’on fait ses preuves.
Les jeunes du PSG sont, pour la plupart, surclassés. Ils évoluent donc la majorité du temps face à des joueurs plus âgés qu’eux pendant leur parcours de formation. Si, à seize ans, vous jouez déjà contre des U19, vous progressez. Mais si, lors des deux années suivantes, vous restez dans la même catégorie parce qu’il n’y a pas de place pour vous plus haut, vous stagnez. Résultat : vous perdez votre temps.
À partir du moment où les jeunes ne jouent pas, personne ne peut dire s’ils sont bons ou pas, ils ont le niveau pour s’imposer ou pas. Si Diaby et Nkunku performent, c’est parce qu’ils jouent dans leurs clubs respectifs, mais aussi parce qu’ils ont eu du temps de jeu au PSG sous Tuchel. Si Coman réussit au Bayern, c’est parce qu’à la Juve, même s’il a échoué, il a eu du temps de jeu. Rien ne remplace le terrain pour progresser.
Aujourd’hui, le PSG est champion de France depuis trois journées. Quand on voit l’attitude de certains sur le terrain, qui semblent plus venir de force que pour jouer au foot, pourquoi ne pas avoir lancé les jeunes ? Pourquoi continuer à faire jouer Gueye, Wijnaldum, Messi, Di Maria voire Kimpembe et Marquinhos ? Alors que le PSG était mené à Lyon cette saison, Michut et Simons étaient entrés en jeu. Non seulement Paris avait égalisé, mais les deux jeunes avaient grandement participé au réveil parisien par leur dynamisme, leur envie et leur qualité technique.
Quand on voit les deux saisons de Kalimuendo à Lens, sa progression, on voit bien qu’à cet âge, il faut jouer. S’il était resté à Paris, il aurait joué dix-sept minutes sur toute la saison et il aurait perdu un an parce que devant lui, il y avait Icardi. Est-ce normal ? (Cette saison, sur 3240 min Gharbi a joué 1 min, Bitshiabu 4, Michut 44, Simons 106, Dina-Ebimbe 314).
Désormais, le PSG va donc être confronté à une volonté de départ de plusieurs jeunes. Il ne faudra pas dire « ils n’aiment pas le club, ils ne respectent pas le club ». Le respect, c’est dans les deux sens. Eux aussi veulent évoluer au plus haut niveau et si ce n’est pas dans la capitale, ce sera ailleurs.
Il reste au PSG plusieurs solutions. Faire des jeunes une source de revenu, comme en 2019 lors de la vente par Henrique de plusieurs titis. Y ajouter une clause de rachat prioritaire, comme le fait le Real, est une option intéressante.
Autre solution, le club satellite. Les propriétaires se lieraient avec un club français, belge ou portugais, et y enverraient les jeunes pour acquérir du temps de jeu avant de les faire revenir au club.
Enfin, se rendre compte du potentiel de la région parisienne (celle qui fournit le plus de joueurs au monde avec Sao Paulo) et construire l’effectif en leur faisant une place. Une vingtaine d’internationaux confirmés et quatre ou cinq jeunes du centre.
Personne n’affirme que les titis sont des cracks, on aimerait juste les voir jouer pour en juger et, s’ils confirment leur potentiel, les voir intégrer l’effectif plutôt que des mercenaires qui prennent leur salaire mais se moquent totalement du club et de ses supporters.