Des titis qui brillent souvent ailleurs
Lors de ce dernier rassemblement de l’équipe de France, huit joueurs sélectionnés sont passés par les équipes de jeunes du PSG. Même si les histoires sont différentes, cela interroge sur la place des joueurs formés au club dans la capitale.
Tout le monde le sait, l’île-de-France est un des deux plus grands viviers de footballeurs au monde avec Sao Paulo. Depuis des décennies, de nombreux joueurs sélectionnés (Thuram, Henry, Makélélé, Lassana Diarra, Alou Diarra entre autres) avec les Bleus ont donc commencé le football dans la région parisienne.
Lors de ce mois de mars, le nombre de joueurs passés par le PSG est de huit (Aréola, Maignan, Diaby, Nkunku, Guendouzi, Kimpembe, Coman, Rabiot). Certains y ont évolué comme professionnels quand Guendouzi n’y a fait qu’un passage lorsqu’il était à Clairefontaine avant de partir pour Lorient. Pourtant, très peu de joueurs formés au club réussissent sur la durée dans la capitale. Cela tient à plusieurs éléments.
Pas de continuité entre les jeunes et les pros
Le bassin de joueurs parisiens est exceptionnel. Le PSG est donc bien placé pour récupérer les meilleurs de sa région. Le problème, c’est qu’au centre de formation, il n’y a pas d’identité de jeu. Le club travaille plus sur le développement des qualités individuelles que sur le projet collectif. Comme il n’y a pas d’identité de jeu également chez les pros, il n’y a pas de continuité pour intégrer les jeunes en les plaçant dans des conditions idéales de repères de jeu.
Si on ajouté à cela les très nombreux changements au centre de formation, c’est compliqué pour un jeune de progresser tranquillement au club. À chaque changement de directeur sportif, il y a du changement au centre de formation. Depuis 2015, il y a eu Romagosa, Noga, Reuzeau puis, aujourd’hui, Cabaye. Quatre responsables de centre avec des idées différentes en sept ans.
À l’inverse, au Barça ou à l’Ajax, les jeunes sont formés à des principes de jeu collectifs utilisés par l’équipe première. Quand on les intègre, ils ont alors des repères, des rôles qu’ils connaissent déjà et facilitent leur intégration. Ce n’est pas anodin si ces deux clubs utilisent régulièrement de nombreux joueurs formés au club, contrairement au PSG mais aussi au Real, à Liverpool ou à la Juventus, par exemple.
L’autre élément important, c’est l’ADN du club. Le PSG est le club da la capitale. Paris, c’est la mode, le bling-bling, la ville lumière, le show-business. Pour attirer le public exigeant qui une multitude de divertissements que le football à proximité, il faut des stars et des résultats. Intégrer des jeunes n’est donc pas une priorité pour les dirigeants parisiens.
Enfin, il y a les supporters, et là, le public parisien est très spécial. Il veut des titis, ces joueurs formés au club, qui représentent leur région, leur maillot. Mais dans le même temps, ils en ont une attente trop élevée.
Des supporters aux attentes trop élevées
Dès qu’un jeune apparait en équipe première, il est scruté et dès son premier match, les avis tombent. Personne ne prend de recul sur la jeunesse, la pression, le temps d’adaptation. Tout de suite, les commentaires tels ”qu’il n’a pas le niveau pour le PSG”, ”il est trop tendre”, ”il a trop de lacunes”, tombent comme des avis tranchés et définitifs.
De Pardeilhan à Mbe Soh, de nombreux joueurs ont souffert de cette attente. Aujourd’hui, tout le monde vante le niveau de Christopher Nkunku. Mais qui était prêt à attendre son développement ? Très peu de gens. Chaque fois qu’il a porté le maillot parisien, les suiveurs disaient que c’était un joueur intéressant mais pas du niveau du PSG. Pourtant, aujourd’hui, un grand nombre serait prêt à le prendre les yeux fermés pour remplacer un Draxler ou Di Maria.
Tout cela vient du fait que le PSG possède de très nombreux internationaux. Plutôt que de laisser du temps à un jeune, du staff aux supporters, on tombe dans la facilité du statut et on préfère mettre de côté un jeune au détriment d’un international.
Le PSG est régulièrement dans le top cinq des clubs européens à avoir le plus de joueurs professionnels passés par son centre de formation. Il serait peut-être temps qu’on offre à ces jeunes les moyens de briller avec le maillot rouge et bleu sur les épaules.