Les différentes options de Tuchel
Ces dernières semaines, Thomas Tuchel a donc décidé de faire évoluer son équipe en 4-4-2. Le coach parisien a donc désormais le choix entre deux systèmes, notamment pour la Ligue des champions. Lequel offre le plus de certitudes ?
Après Madrid, Thomas Tuchel avait déclaré que Paris ne pouvait pas jouer avec seulement deux milieux défensifs. Depuis pourtant, il a changé d’avis. Était-ce la réalité du moment ou plutôt un message envoyé aux quatre offensifs pour leur faire comprendre que s’ils ne défendaient pas, ils ne joueraient pas ensemble ? Sûrement un peu des deux. Toujours est-il que depuis, le 4-4-2 a été mis en place et ça a fonctionné.
Des joueurs qui font les efforts
On l’a répété plusieurs fois, mais le football, c’est 80% dans la tête. On savait que Neymar et Di Maria étaient capables de travailler, de récupérer des ballons. L’Argentin parce qu’il l’a déjà fait au PSG et à Madrid, le Brésilien parce qu’il le faisait au Barça. Et comme Mbappé s’est mis à faire les efforts également, ça donne une équipe équilibrée et qui défend très haut.
Le seul doute qu’on peut avoir sur ce système, c’est que Paris ne l’a testé que contre des équipes moins fortes que celles qualifiées pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Et finalement, le club de la capitale n’a rencontré que des équipes qu’il a dominées. On ne sait donc pas comment l’équipe pourra s’adapter avec ce système si elle est sous pression, agressée par des milieux costauds comme peuvent l’être ceux de Liverpool.
Maintenant, il faut se dire aussi que les équipes qui affronteront le PSG dans ce système, se diront sans doute qu’il y a la place pour prendre le dessus au milieu, mais aussi qu’à la perte de balle, les contres peuvent être fulgurants. Et ça, ça change beaucoup de choses dans l’attitude de l’adversaire.
Enfin, on entend souvent que les équipes qui gagnent évoluent avec trois milieux. Et alors ? Le football a connu de multiples évolutions tactiques, et il y a toujours un moment où un système est dépassé par un autre. Il n’y a donc aucun écrit qui affirme qu’on ne peut pas gagner en 4-4-2.
Le 4-3-3, oui mais…
Les partenaires de Thiago Silva savent qu’ils peuvent aussi remporter des matchs en 4-3-3. Mais ce système pose plusieurs problèmes.
Le premier, c’est l’utilisation de Marquinhos. Avec trois joueurs au milieu, Thomas Tuchel titularisera le Brésilien au milieu. En revanche, je pense que si Paris n’évolue qu’avec deux milieux, il y a une chance pour que Marqui revienne en défense centrale et que le milieu soit composé de deux joueurs à choisir parmi Verratti, Gueye, Herrera et Paredes. Et franchement, une charnière Silva – Marquinhos, c’est largement plus solide que Silva – Kimpembe ou Diallo.
Ensuite, en ne décidant d’aligner que trois offensifs, le coach parisien se priverait d’un de ses quatre atouts offensifs. Ce serait un problème à gérer, mais ce serait aussi aligner Neymar sur un côté avec moins de liberté, et Mbappé de l’autre côté alors qu’on voit bien qu’il est beaucoup plus à l’aise dans une position plus axiale et avec une pointe autour de laquelle il peut tourner.
Entraîneur, c’est avoir des convictions, mais c’est aussi s’adapter à son groupe. Et avoir autant de puissance offensive pour se priver d’un de ces éléments, ce serait vraiment dommage.
Le 4-3-3 paraît plus solide mais il offre moins de liberté aux joueurs et le jeu paraît plus stéréotypé. De plus, avec trois milieux dans leur dos, inconsciemment (ou consciemment ?), les joueurs de devant font moins d’effort à la récupération du ballon en se disant « il y a assez de monde derrière ». Le problème, c’est que ça laisse les latéraux en infériorité numérique, que ça oblige les milieux à compenser. Au final, les milieux se retrouvent plus à deux qu’a trois, et le PSG perd donc ce qu’il a mis en place pour être plus costaud.
En cours de match, de multiples solutions
Si on part du principe qu’une équipe type se dégage, Thomas Tuchel a désormais de nombreuses solutions pour coacher en cours de match, que ce soit au niveau des joueurs mais aussi au niveau du système.
Cavani, s’il sort enfin de toutes ses blessures, est un joueur axial. Au milieu, Herrera, Gueye ou Paredes sont capables d’évoluer dans les deux systèmes. Draxler peut également évoluer comme un numéro 10 mais aussi sur un côté, poste qu’il occupait à ses débuts et en équipe d’Allemagne. Sarabia peut aussi occuper les deux mêmes postes. Marquinhos peut également évoluer au milieu puis redescendre en défense, même si ce n’est pas l’idéal pour lui.
Tuchel possède un groupe avec des joueurs au profil différent mais qui peuvent évoluer dans les deux systèmes. Finalement, la vraie clé de cette deuxième partie de saison, ce sont les blessures.
Lors du dernier match face à Amiens, Diallo et Silva se sont blessés.Le premier au niveau musculaire, une de plus, le second en se tordant la cheville. Depuis le début de saison, on aura donc vu tous les joueurs passer par l’infirmerie, à l’exception de Paredes.
Paris a, tous les ans, regretté l’absence d’un joueur majeur au moment des matchs couperets : Motta, Verratti, Zlatan, Neymar. L’enjeu majeur, à partir de janvier, est donc l’état de forme des joueurs plus que le système utilisé. A Thomas Tuchel d’adapter les charges de travail pour enfin arriver en février avec tout le monde, et passer ce fameux huitième de finale.
Si le PSG passe enfin ce tour, le déclic mental pourrait alors offrir au club et à ses supporters, une fin de saison historique et permettre de ne plus seulement rêver…
Crédit photos : @amylyam93, psg.fr