En ce moment, les joueurs s’entrainent chacun de leur côté. Mais même si les ligues décidaient d’aller au bout de la saison, il y aura des délais à respecter.
Évidemment, le plus important actuellement est de sortir de cette crise sanitaire, la plus grave depuis un siècle. En attendant, comme la majorité de la société, le football est à l’arrêt. Les joueurs ont donc reçu un programme d’entretien.
S’entrainer seul, ça permet de garder une base de travail, mais les pertes au niveau musculaire mais aussi rythme de matchs sont énormes. Rien ne remplace le travail avec ballon, les séances collectives mais surtout les matchs. Quand on s’entraine seul, on est moins à fond et mentalement, on décroche.
En temps normal, on considère qu’un joueur perd plus de 50% de ses capacités après deux semaines de vacances. Actuellement, les joueurs continuent de s’entretenir mais comme le délai de reprise s’allonge, le temps pour retrouver du rythme et des jambes va s’allonger.
Pour faire court, il va falloir compter environ deux à trois semaines d’entrainement pour reprendre du volume de course, puis entre deux et quatre matchs pour le rythme. Le problème, c’est qu’habituellement, les joueurs ont environ six semaines pour monter en puissance lors des débuts de saison. Là, nous sommes en cours de saison, qu’il reste une dizaine de rencontres et que le temps pour aller au bout de la saison s’amenuise, en tout cas si l’objectif est de terminer avant fin juillet.
Un décrochage athlétique et mental
Or, pour terminer la saison dans les plus brefs délais, il va falloir jouer tous les trois jours. Il faudra donc environ six semaines aux championnats pour se terminer. Si on ajoute les compétitions européennes pour les clubs qui sont encore en lice, on ajoutera trois semaines. Et si on ajoute les finales des coupes, il faudra 10 jours supplémentaires. En tout (reprise des séances + matchs) il faudrait donc environ 15 semaines, soit environ trois mois, pour clôturer l’année de football. Si, dans le meilleur des cas, les joueurs sont autorisés à reprendre avec leur club le 1er mai, la saison se terminera le 1er aout.
Sauf qu’un autre problème va se poser. Quand on attaque le sprint final, avec toute la tension que ça implique, les joueurs sont en pleine saison donc en pleine possession de leurs moyens mentaux et athlétiques. La coupure, en plus de la baisse athlétique, a dû engendrer une décompression mentale presque totale, le football n’étant plus une priorité pour personne. Le risque de blessure en enchainant des matchs importants va augmenter considérablement à cause de tout le contexte que nous avons cité préalablement.
Le football va donc devoir trouver la meilleure option pour aller au bout, sans léser les clubs et les joueurs, mais en pensant qu’une autre saison redémarrera très vite derrière. C’est une question d’équité sportive mais aussi, il ne faut pas se le cacher, un enjeu économique. Les diffuseurs, et ça a déjà commencé, ne paieront pas les sommes prévues si les compétitions sont faussées, mais aussi si elles se jouent à des dates improbables.
Le casse-tête ne fait que commencer et le football, bien malgré lui, va vivre un virage d’une extrême dangerosité.