PSG-Real Madrid : un début prometteur
Bien que privé de son trio offensif qui faisait fureur à l’automne dernier, le PSG a réalisé une prestation convaincante pour son entrée en lice dans la reine des compétitions. Des hommes de l´ombre ont brillé et les stars se sont d´abord mises au service du collectif. Une entrée en matière sérieuse et appliquée de la part du club de la capitale. On avait noté trois clés de lecture avant ce match, pour jauger la prestation parisienne : le milieu de terrain, l’abnégation collective et la prestation individuelle de Gana Gueye. Ces trois clés ont ouvert le coffre madrilène hier soir. Décryptage.
Le dispositif tactique parisien
Pour cette confrontation dans laquelle le coach parisien joue une bonne partie de sa crédibilité, Thomas Tuchel reconduit Marquinhos dans un rôle hybride de piston entre la défense centrale et le milieu de terrain. Le PSG se présente donc dans un 4-3-3 évolutif en 4-5-1, avec Sarabia et Di Maria qui ont autant vocation à bloquer les montées de Carvajal et de Mendy, que de se projeter rapidement vers l’avant dès la récupération du ballon. Gueye et Verratti accompagnent Marquinhos dans un milieu renforcé.
Le plan de Tuchel a plus pour but de bloquer les transitions milieu-attaque du Real Madrid que de sécuriser la possession du ballon. Seul, Icardi occupe le front de l’attaque. Néanmoins, celui-ci ne s’est jamais désintéressé des phases de récupération et a été un acteur important du pressing rouge et bleu.
On l’a dit, un aspect de ce système était de s’assurer de ne jamais être en infériorité numérique sur les côtés, Di Maria et Sarabia épaulant constamment Bernat et Meunier. Force est de constater que la tactique de Tuchel a parfaitement fonctionné : le milieu de terrain parisien a rapidement pris l’ascendant, les attaquants madrilènes étant forcés de décrocher faute d´être servis dans les 30 mètres adverses, les obligeants à multiplier les courses. Enfin, contrairement au match de huitièmes de finale au Santiago Bernabeu, les latéraux parisiens ne se sont jamais retrouvés en 1v2 sur les côtés.
Ce système, basé sur un collectif fort a nécessité un engagement total de chacun. Hier soir, personne n’a triché, aucun n’a fait semblant, pas un ne s´est caché. Il est donc difficile de ressortir des individualités tant cette prestation aboutie tient d’abord du collectif.
Le match
Le début de la rencontre est équilibré, les deux équipes se sachant affaiblies craignent leur adversaire. Peu à peu, le pressing du milieu parisien finit par payer et les pertes de balles se multiplient côté Madrilène et occasionnent les deux premiers buts parisiens. Di Maria, auteur d’une première période remarquable étant à la finition. Juste avant la pause, Madrid se voit justement refuser un but de Bale sur un contrôle de la main qui semble volontaire. Le PSG rentre donc au vestiaire avec un avantage de deux buts, avantage plutôt flatteur mais loin d’être immérité.
En seconde période l’étreinte du collectif parisien se fait plus forte, le Real ne se crée plus d’occasions, la faute à des attaquants qui n’ont plus de jus pour redescendre chercher le ballon. On pense particulièrement à Hazard qui semble rapidement épuisé et incapable de courses à haute intensité. De leur côté, les Parisiens utilisent mieux le ballon, trouvent des passes verticales qui mettent à plusieurs reprises la défense madrilène en grand danger. Les changements poste pour poste de Zinedine Zidane (Vasquez et Vinicius à la place de James et Hazard) n´ont pas l’effet escompté sur le collectif madrilène, toujours dominé au milieu. On comprend les demandes répétées de Zidane pour recruter Paul Pogba qui aurait été très utile à la place de James Rodriguez hier soir.
Le dernier quart d´heure voit le pressing parisien s’essouffler, le Real reprend le contrôle du ballon et marque encore par Benzema, dont le but sera également refusé pour une position de hors-jeu passive de Lucas Vasquez. Le Real a laissé passer sa chance et c’est finalement le PSG qui plante le dernier clou dans le cercueil espagnol, Bernat et Meunier se jouant de l’arrière-garde adverse pour marquer un but plein de sang-froid et d´opportunisme.
Gueye : une prestation tonitruante
En 90 minutes, Gana Gueye a pleinement justifié son arrivée dans la capitale. Il a récupéré un nombre époustouflant de ballon, ne laissant aucune latitude à Toni Kroos pour organiser le jeu madrilène. Il a également démontré son sang-froid et sa qualité de relance une fois le ballon récupéré. Sa complémentarité avec Verratti semble déjà évidente contre un adversaire dominant comme le Real.
En guise de conclusion, on ose espérer ne pas lire de déclaration de joueurs parisiens annonçant avoir envoyé un message à l´Europe. Ce PSG s´est simplement rappelé à lui-même que le football est d’abord un sport collectif qui se gagne de manière collective. On espère qu’avec le retour des stars parisiennes absentes ce soir cet état d’esprit reste. C´est la condition impérative pour enfin vivre enfin une belle épopée européenne.
Les notes
Tuchel : 9/10. Compte tenu des absences, ce système misant sur le collectif avec un bloc bas et des lignes resserrées pour éviter que les attaquants madrilènes prennent de la vitesse a fait mouche. Les joueurs ont parfaitement intégré et appliqué les consignes tactiques de Tuchel. Les changements indispensables (Choupo-Moting pour Icardi et Herrera à la place de Marquinhos n’ont pas déréglé le jeu ni le pressing parisien).
Navas 6/10: présence rassurante malgré le peu de travail apparent qu´il a eu à faire. A tout de même encaissé deux buts, refusés.
Bernat 8/10: énorme prestation du latéral gauche avec deux passes décisives á la clé. Seul son carton jaune stupide récolté à la 93e ternit sa performance.
Thiago Silva 7/10: a rapidement pris le dessus dans ses duels aériens avec Benzema. Ce dernier ne s´est jamais retrouvé balle au pied en 1v1 face à Thiago. Un match plein de tranquillité pour le défenseur qui a du se régaler de voir le travail de ses milieux.
Kimpembé 6.5/10: Une prestation solide et rassurante pour son retour.
Meunier 6/10: un début de match brouillon mais la qualité de son jeu s´est élevée au fil des minutes
Marquinhos 7/10: Un match très solide au cœur de la récupération parisienne.
Verratti 8/10: Un grand match du petit hibou, soulagé par la présence de Gueye, il a su orienter le jeu parisien et assurer les transitions avec brio.
Gueye 9/10: prestation époustouflante de Gana pour son premier match en Ligue des Champions sous le maillot parisien. Voir plus haut.
Di Maria 8.5/10: Une première période parfaite tant au niveau de son implication défensive que dans son réalisme devant le but. Un doublé qui aurait mérité d’être complété par un but supplémentaire sur un ballon piqué qui méritait mieux que d’échouer au-dessus du but de Courtois.
Sarabia 6.5/10: lui aussi a énormément apporté défensivement, son jeu offensif sobre et collectif est également à souligner.
Icardi 6.5/10: laissé seul au milieu de la défense centrale adverse, Mauro a beaucoup pesé offensivement, et a forcé la paire Varane/Militao à rester sur la défensive. On peut également noter une grande dépense dans le travail de récupération.