Paris s’impose, Manchester approche
Face à des Caennais courageux mais limités les Parisiens, menés au score pendant trois minutes, ont longtemps manqué d’efficacité avant de s’imposer grâce à un doublé de Kylian Mbappé. Quatre jours avant de recevoir Manchester United au Parc des Princes, le Paris Saint-Germain a su tenir son rang en préservant certains de ses titulaires, c’est bien là l’essentiel.
La petite cuisine de Thomas Tuchel
Avec le chef Tuchel on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre. En Normandie le plat du jour est composé du duo Paredes–Alves au milieu, agrémenté des titis Nkunku et Diaby sur les ailes. Pour pimenter ce qui ressemble fort à un 4-4-2, l’Allemand fait revenir Mbappé, préservé face à Dijon, en lui associant Di Maria à la pointe de l’attaque. Derrière, Marquinhos continue sa démonstration de polyvalence en reprenant place en charnière centrale aux cotés de Kehrer alors que Kurzawa relaie Bernat à gauche. Verratti et Draxler sont laissés au repos tandis que Cavani, qui n’a repris l’entraînement qu’en fin de semaine, est encore trop court pour jouer.
Côté normand, le nouveau duo Courbis – Mercadal aligne un 4-3-3 avec le tout jeune Zahary en défense et le toujours très remuant Crivelli en pointe. Un match nul face au club de la capitale, comme lors des deux dernières saisons, ferait le bonheur de Caennais englués dans la zone de relégation au coup d’envoi de ce match.
Première mi-temps pied au plancher
Le stade Michel-d’Ornano n’aura pas attendu longtemps avant de voir M. Ben El Hadj sortir un premier carton jaune pour Crivelli suite à une grosse faute sur Kurzawa (1’). Le latéral parisien se procure trois minutes plus tard la première grosse occasion du match quand il touche le poteau en reprenant un bon centre de Di Maria, décidément très en forme. Alves qui a bien suivi tente de conclure mais sa frappe est contrée (4’).Pour le Stade Malherbe, dans ces premières minutes, la menace se nomme Di Maria. Crivelli, remarquable avant-goût de ce que pourrait être la bataille face à Lukaku mercredi, est lui aussi intenable en ce début de partie. D’abord chanceux de ne pas prendre un second carton jaune pour simulation suite à un duel avec Kurzawa (10’), il profite du coup-franc tiré par Khaoui pour toucher la barre du but d’Aréola, qui semblait battu. Mbappé se met en action après un quart d’heure avec un bon décalage pour Diaby dont le centre est repris acrobatiquement par Nkunku. Trop haut pour inquiéter Samba.
Avec 7 tirs subis en quinze minutes les Caennais pourraient accuser le coup. Mais, au contraire, quand ils parviennent à échapper à l’agressivité défensive de leurs adversaires ils réussissent quelques bonnes incursions dans le camp parisien. Le Paris SG est tout de même largement dominateur et, profitant d’une sublime ouverture de Paredes, Di Maria croit ouvrir le score après avoir logé le ballon dans le petit filet de l’ancien marseillais, Brice Samba, mais il est logiquement signalé hors-jeu. Meunier fait lui aussi pesé une menace constante à l’image de ce centre pour Nkunku qui s’effondre dans la surface sans que l’arbitre n’y trouve rien à redire. Au fil des minutes, Paredes, qui semble avoir passer un cap physique prend le jeu à son compte et multiplie les changements d’aile, notamment vers Meunier qu’il parvient à trouver dans la surface peu avant la demi-heure de jeu, mais la remise du latéral belge ne trouve personne.
Le PSG baisse un peu le pied et le SM Caen en profite pour multiplier les centres sans parvenir toutefois à se créer de véritables occasions. Crivelli, Khaoui et Fajr permettent aux Caennais de ressortir de temps en temps la tête de l’eau. Mais ce temps fort Caennais est de courte durée. Sur un corner de Di Maria, Marquinhos trouve la barre de Samba… Décidément les Parisiens jouent de malchance, ou de maladresse… Nouvelle illustration sur un contre lorsque Diaby décale Di Maria dans la surface, l’Argentin contrôle puis frappe, mais le ballon légèrement dévié par le gardien caennais trouve à nouveau un montant du but normand ! Gradit sauve ensuite son camp sur la deuxième tentative de l’attaquant parisien.
Il y a du rythme dans cette rencontre où l’on a déjà touché trois fois les montants et où les locaux, si mal en point au classement, réalisent probablement une de leur meilleure mi-temps cette saison. Mbappé monte en puissance. L’international oblige d’abord Samba à un magnifique arrêt en reprenant un centre de Di Maria venu de la droite avant d’être justement signalé en position de hors jeu. Peu après, Paredes, encore lui, lance Meunier qui trouve le Français dont la frappe en première intention frôle le poteau gauche de Samba. C’est ensuite au tour de Dani Alves qui d’une passe en profondeur délicieuse donne à Mbappé une nouvelle chance de marquer, mais sa frappe s’envole.
Juste avant que M. Ben El Hadj siffle la mi-temps, le malicieux Di Maria a failli trouver la lucarne opposée sur un corner direct tiré de la droite. Le PSG rentre au vestiaire avec 17 tirs au compteur, un chiffre qu’aucune équipe n’avait atteint en quarante-cinq minutes depuis plus de 10 ans, mais accuse un cruel manque de réalisme.
Petite frayeur, Mbappé en sauveur
A la reprise le rythme est moins élevé et il faut attendre une dizaine de minutes avant de voir Nkunku gâcher d’une frappe largement au-dessus une action sur laquelle il semblait y avoir mieux à faire. Un mauvais choix symptomatique de match trop brouillon du titi parisien et de la domination stérile du club de la capitale. Un moment d’inattention de la défense parisienne va même permettre aux Caennais d’ouvrir le score. Sur un coup franc tiré par Fajr, la défense parisienne laisse filer Ninga qui conclu d’une frappe croisée sans angle dans le petit filet d’Areola. Dani Alves en retard sur son marquage, ne peut s’interposer, on joue la 55ième minute, 1-0 pour Caen !
La réaction parisienne ne traîne pas. Trois minutes exactement, c’est le temps qu’il faut à Kehrer pour récupérer le ballon dans les pieds de Ninga à l’entrée de sa propre surface et relancer rapidement pour Nkunku. La remontée de balle est ultra-rapide, le ballon file des pieds de Meunier à ceux de Di Maria qui trouve Diaby dont le centre est contré de la main par le jeune Zahary. Mbappé dans le rôle du bourreau ne manque pas l’opportunité d’inscrire son premier pénalty en Ligue 1 cette saison (1-1, 59ème minute). Quelques secondes après l’égalisation un nouveau centre de Meunier trouve Angel Di Maria qui heurte une nouvelle fois le poteau ! L’Argentin, qui cède sa place à Draxler, aura beaucoup tenté sans réussite mais le PSG ne baisse pas les bras et sera finalement récompensé à quatre minutes de la fin du temps règlementaire.
Kurzawa, très discret jusque-là, déclenche un bon centre qui rebondit sur l’épaule de Mbappé avant d’arriver jusqu’à Meunier dont la reprise au deuxième poteau est mal repoussée par Samba et fini dans les pieds de l’avant-centre français qui conclu de près (1-2, 87ème minute). Paris aura beaucoup tenté et peiné dans un match qui fut longtemps ouvert et rythmé avant que la fatigue fasse reculer les Caennais et que la Ligue des Champions commence à trotter dans les têtes parisiennes. S’il est comme souvent après un match de Ligue 1, bien difficile de tirer des enseignements significatifs pour le gros match européen qui s’annonce, on peut tout de même retenir la très bonne prestation de Leandro Paredes. Le milieu de terrain argentin, qui avait déjà montré sa qualité de pied, semble désormais être au diapason des ses coéquipiers sur le plan physique.
L’homme du match : Paredes 7,5
L’ancien Romain s’est montré très disponible au cœur du jeu et a su orienter avec habileté les attaques parisiennes. Grâce notamment à un jeu long très précis à l’image de ses multiples transversales pour Meunier qui ont contribué à déstabiliser l’équipe caennaise. Plus encore que ces qualités déjà entrevues dans les matchs précédents, c’est son abattage défensif (on l’a enfin vu tacler et récupérer le ballon) et son volume, en réel progrès, qui donne à sa prestation la saveur d’une belle promesse !
Les notes des joueurs parisiens :
Aréola 5,5 : Au chômage technique la plupart du temps, il est logiquement battu sur la tête de Crivelli sur la barre (11’) et ne parvient pas à s’interposer sur l’ouverture du score de Ninga en angle fermé (55’).
Meunier 7 : Parfois à la peine défensivement face à un Ninga généreux et volontaire. Très entreprenant offensivement, il a multiplié les déboulés sur son côté et les centres dangereux. Impliqué dans le deuxième but de Mbappé sur lequel sa reprise oblige Samba à une parade difficile.
Kerher 6,5 : Match tranquille où le jeune allemand est à créditer de quelques bonnes interventions face à Ninga en couverture de son latéral droit belge souvent très haut.
Marquinhos 6,5 : Une partie solide mais ponctuée de petites erreurs de placements ou de relances inhabituelles mais bien naturelles pour un joueur positionné principalement au milieu cette saison.
Kurzawa 5 : Pas vraiment mis en danger défensivement, le latéral français a eu un apport offensif minime dans un match pourtant largement dominé par son équipe. Bernat n’a pas de quoi tremblé pour sa place.
Alves 6 : Très actif en première mi-temps, le brésilien a progressivement baissé le pied et perdu en précision dans ses transmissions et dans son harcèlement, il lâche le marquage sur l’ouverture du score des normands (55’). Averti peu après l’heure de jeu, le vétéran auriverde reste un leader grâce à un état d’esprit conquérant et à une envie de gagner hautement contagieuse.
Nkunku 5,5 : Après un début de match énergique dans la lignée de ses dernières performances, il a rapidement perdu en impact sur le jeu parisien. Une seconde période franchement brouillonne, émaillée de choix pas toujours judicieux.
Diaby 6 : Un peu moins en vue dans un match où il a peiné à trouver des espaces, il est tout de même impliqué sur l’égalisation parisienne en provoquant la faute de main de Zahary.
Mbappé 7,5 : Malgré un début de match discret il finit avec un troisième doublé en Ligue 1 cette saison et tourne à plus d’un but par match en championnat avec 24 réalisations en 21 rencontres. Le champion du monde enfile donc les buts comme des perles et se permet même le luxe, après avoir transformé un penalty (58’), de jouer au renard des surfaces sur son second but inscrit à bout portant (86’). Inzaghi sort de ce corps !
Di Maria 6,5 : Il virevolte, centre, dribble, frappe le poteau par deux fois puis sort avec le sentiment du devoir pas tout à fait accompli. La faute à pas de chance ou à un peu de maladresse à laquelle nous n’étions plus habituée. On est entré depuis quelques semaines dans la période faste de l’attaquant argentin qui sera très attendu mercredi soir pour valider le billet du PSG pour les quarts de finale de la Ligue des Champions !
Lawrence Elvidge pour Paris United
visuel en-tête et HDM : Matthias Design
Montage vidéo : Alien Football