Une qualification mais tout n’a pas été parfait
Paris est donc en demi-finales de Ligue des champions. Même si tout le monde est heureux, il y a quand même des choses à dire sur le contenu, la prestation de certains joueurs et les choix de Thomas Tuchel.
Si Marquinhos n’égalise pas à la 90ème minute, on peut être sûr que ce matin, les choix de Thomas Tuchel seraient disséqués et beaucoup demanderaient son renvoi. Mais voilà, Marqui a marqué, Choupo–Moting a donné la victoire et, en trois minutes, les avis ont changé et on oublie les erreurs.
Quand la composition officielle est tombée, c’était bien celle annoncée depuis deux jours avec le milieu Marquinhos – Herrera – Gueye. On avait des doutes sur ce trio et ça s’est confirmé. Pendant la première période, le PSG n’a rien proposé à part donner le ballon à Neymar qui devait tout faire. On s’est demandé si, à un moment, Neymar n’allait pas donner le ballon à Neymar qui centrerait pour Neymar.
Alors oui, Paris aurait dû marquer en première période. Par Neymar mais aussi par Icardi si l’Argentin avait fait des appels plus tranchants, qu’il s’était retrouvé au bon endroit au bon moment comme c’était le cas jusqu’à décembre. Mais Paris aurait pu aussi encaisser des buts si Navas n’avait pas été exceptionnel comme sur cette tête de Hateboer. L’Atalanta a quand même trouvé l’ouverture sur une action qui reflète assez le début de rencontre. Paris est trop bas. Kimpembe manque son intervention, et Pasalic est oublié alors qu’il y a Silva, Bernat et Marquinhos qui sont aspirés par le ballon.
Pendant cette partie du match, le bloc parisien a évolué trop bas ce qui a permis deux choses : l’Atalanta a pu évoluer haut comme elle aime le faire, et les trois milieux du PSG déjà en difficulté, n’ont pas pu faire reculer les italiens, l’écart entre les deux lignes aurait alors été trop important. D’ailleurs, ce n’est pas anodin si Bernat, très offensif en Ligue des champions, n’est pas sorti une seule fois.
Une seconde période à deux visages
Le début de seconde période va alors être à l’avantage des Bergamasques. Plusieurs fois, ils vont se créer des situations mais sans réussir à trouver le cadre. Neymar marque le pas physiquement et Paris ne peut alors plus attaquer. Mais à l’heure de jeu, le match va connaitre une première bascule : l’entrée de Mbappé à la place de Sarabia, mais aussi la sortie de Gomez pour Malinovsky.
Sur son premier ballon, en percussion, le Français va faire reculer le bloc italien de quinze mètres. Les partenaires de Toloï se sont alors dits qu’il allait falloir laisser moins d’espace dans leur dos. Les Parisiens peuvent alors remonter de plusieurs mètres et s’installer dans le camp bergamasque, enfin. On voit alors plus Bernat, qui n’avait pas apporté offensivement et ça change beaucoup de choses.
Il va alors se passer une dizaine de minutes étranges. Thomas Tuchel semble vouloir faire entrer certains joueurs mais, au même moment, Navas semble touché. Le gardien décide pourtant de rester sur le terrain et l’entraineur allemand reporte alors ses remplacements. Il lance d’abord Paredes et Draxler et fait sortir Gueye et Herrera. Premier ballon de l’Argentin, passe vers l’avant qui élimine une ligne et trouve Mbappé. On avait des doutes, on n’en a plus : Paredes était le seul milieu capable de jouer vers l’avant.
Finalement, Navas est contraint de sortir. Rico le remplace en même temps que Choupo–Moting remplace Icardi. Paris pousse mais n’y arrive pas, comme sur ce face à face de Mbappé renvoyé par le gardien italien. Mais le match va basculer en cinq minutes.
Freuler, victime de crampe (ou peut-être un peu plus), doit sortir quelques instants du terrain. Le temps qu’il revienne strappé à la cuisse, Paris avance. Le ballon arrive sur Choupo–Moting, côté droit. Le Camerounais centre. Le ballon arrive sur Neymar et, contrairement à la première période, Marquinhos est dans la surface, accompagné par Mbappé et Draxler. Le Brésilien manque sa frappe mais Marquinhos réussit à égaliser.
A la 93ème minute, Kehrer récupère un ballon devant la surface italienne. Il transmet à Neymar. Là aussi, il y a alors Choupo–Moting, Mbappé et Draxler dans la surface. Le Français est trouvé et centre pour le Camerounais qui inscrit le but de la qualification.
Certains joueurs dépassés
Individuellement, hier soir, il y a eu des déceptions. Icardi a été inexistant. Lent, emprunté, il n’arrive même plus à être au bon endroit au bon moment, comme sur cette action quand Neymar déborda et sur laquelle, neuf fois sur dix, l’Argentin se serait situé au deuxième poteau. Là, il n’a même pas réussi à sortir du marquage du défenseur. Avec lui, Sarabia a eu du mal à exister. Mangé dans l’impact, il n’a pas réussi à se situer entre les lignes comme il sait le faire. Peut-être qu’il n’est pas encore prêt pour un match de ce niveau, en tout cas pour le démarrer.
Au milieu, Marquinhos a confirmé qu’il n’était pas un 6. Il se bat, mais il est souvent en retard dans la lecture du jeu et, avec le ballon, ne propose aucune solution pour sortir. Gueye a fait du Gueye : combatif, généreux mais beaucoup trop limité techniquement pour casser des lignes ou sortir des pressings. Enfin, Herrera a été intéressant par les solutions qu’il a proposées, mais moins dans l’utilisation du ballon.
Derrière, Kehrer a encore montré de grosses limites. Bernat s’est géré en première période avant de se lâcher en seconde, jouant plus haut et apportant, enfin, des solutions sur les côtés. Dans l’axe, Silva a eu tendance à jouer un peu bas en première période. Il est monté d’un cran en seconde période. En revanche, dans les duels défensifs, il fut une nouvelle fois énorme, muselant complètement Zapata. Kimpembe, qui l’accompagnait, a été très bon défensivement, dans l’agressivité, dans les duels, sauf une fois : sur le but italien.
Et puis il y a eu Navas et Neymar. Le gardien costaricien a une nouvelle fois prouvé que Paris ne s’était pas trompé en le recrutant. Il est sorti blessé et on espère des bonnes nouvelles tant ce gardien a changé la saison du PSG.
Quant à Neymar, avec de l’efficacité dans le dernier geste, son match méritait un 10 tellement il a tout fait, et longtemps seul. Différence dans les prises de balle, accélération, décalage, geste technique, il a à peu près tout fait, sauf marquer. La chose la plus importante, c’est qu’il a réussi à se contenir alors qu’à un moment donné du match (coup de coude sur De Roon) on l’a senti à deux doigts de disjoncter. Mais il est impliqué sur les deux buts parisiens : c’est lui qui frappe avant que Marquinhos ne termine, et c’est lui qui décale Mbappé sur le but de Choupo. Quant aux entrants, évidemment Mbappé a changé la physionomie du match. Sa seule présence a fait reculer le bloc de l’Atalanta de 15 mètres, et il est passeur décisif sur le but de la qualification. Paredes a montré qu’il méritait plus que ce statut de remplaçant et Draxler, même s’il ne fut pas éblouissant, a apporté du jeu vers l’avant et, dans le match d’hier, ce fut important.
Rico n’a rien eu à faire mais le héros de la soirée, c’est Choupo–Moting. Le Camerounais n’était pas inscrit sur la liste UEFA en janvier. Il était prévu qu’il quitte le club au 30 juin. Puis, Cavani n’a pas prolongé et il s’est alors retrouvé à remplacer numériquement l’Uruguayen sur la liste UEFA. Il a travaillé, prenant cela comme un bonus mais avec professionnalisme. Et hier soir, il a été récompensé de son travail, de son sérieux et de son état d’esprit en étant impliqué sur les deux buts parisiens.
Après avoir vécu des fins de rencontres traumatisantes, le PSG a enfin vécu la sienne. Pep Guardiola expliquait que sans le but d’Iniesta en fin de rencontre à Chelsea, son Barça n’aurait peut-être pas existé. Il y a des matchs ou des buts fondateurs d’une aventure, d’un titre. Choupo–Moting, l’invité surprise, en a peut-être inscrit un ce mercredi.
Ce matin, on continue tous de rêver, et c’est déjà magnifique.