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PSG-REAL : La bataille du milieu

Après la large victoire parisienne face à une équipe de Madrid qui n´est plus que l´ombre d’elle-même, nous souhaitons faire un focus sur le milieu de terrain parisien. Quel système a été utilisé et dans quel but ? Qui sont les joueurs choisis par leur coach et quelles sont leur fonction individuelle et collective ? On va aussi essayer de se projeter dans la saison en tirant des enseignements tactiques de ce match, qui est dans la continuité de la pensée de Thomas Tuchel depuis son arrivée à Paris. C´est parti pour une cession tableau noir !

Le Real se présente à Paris avec un milieu décimé

Faute d´alternative au milieu, on sait bien avant la confrontation que Kroos et Casemiro seront accompagnés par James (qui remplace Modric) au sein de l’entrejeu madrilène. Benzema, Bale et Hazard formant sur le papier un trio redoutable. Sur le papier. Ces trois attaquants exceptionnels dans la finition et capables d´appels fulgurants aiment être servis dans la profondeur et ont besoin d’espaces. Ils s´appuient d´habitude sur un milieu de terrain ultra dominateur, doté d’une vision du jeu hors du commun et capable de passes longues (venant de Modric et Kroos). Mais ces trois attaquants ont le même défaut, celui de peu participer au jeu, de rechigner à aider leurs milieux de terrain quand ceux-ci sont en difficulté (ce qui est peu fréquent). Modric blessé, c´est donc James qui assure l´intérim. De quoi déséquilibrer le milieu madrilène ? Pas impossible.

Le schéma tactique évolutif de Tuchel 

Privé de ses trois attaquants, Tuchel opte pour une tactique prudente visant à couper les lignes de passes entre les milieux et les attaquants adverses. Le but est donc de priver Hazard, Benzema et Bale des ballons en profondeur qu’ils reçoivent en temps normal. Ici, Tuchel néglige clairement un style de jeu dominateur basé sur la possession du ballon au profit d´un jeu basé sur un bloc défensif cohérent. La capacité à se projeter vite vers l´avant dès la récupération du ballon est le corollaire offensif de cette tactique plutôt défensive. Le milieu de terrain renforcé du PSG oblige les attaquants adverses à multiplier les courses pour dézoner et donc lancer les actions offensives en partant de plus loin du but parisien. Pour cela, Tuchel utilise un schéma en 4-5-1 avec des ailiers positionnés à la hauteur des milieux pour ne laisser aucune place sur la largeur. Icardi est laissé seul en pointe, mais reste très concerné par le travail de récupération.

Hazard, de retour de blessure et à court de forme s´épuise rapidement dans ce rôle de créateur au point de disparaître complètement dès le retour des vestiaires. Il abandonne alors le milieu de terrain madrilène, désormais livré seul à son sort. James traverse le match comme un fantôme, n´apportant aucune intensité défensive. Kroos est livré au « pitbull » qu’est Gana Gueye, on le verra plus tard. Casemiro reste solide dans les impacts mais n´a que peu d´imagination pour lancer le jeu. En l´absence de Modric, le cœur du Real peine à battre, étouffé par des parisiens toujours en surnombre et plus agressifs.

Dès la récupération du ballon, ce système plutôt défensif qui offre un surnombre permanent aux milieux parisiens se transforme en un 3-4-3 avec les latéraux pouvant combiner à loisir avec les ailiers. Le premier but en est révélateur avec la paire Bernat Di Maria qui fait mouche dès la 15e minute. Pour compenser la montée d´un voire des deux latéraux, Marquinhos effectue le trajet inverse et reforme une défense à trois avec Thiago Silva et Kimpembe positionnée assez haut.

Pourquoi utiliser Marquinhos au milieu ?

De nombreux commentateurs et supporters ont été surpris voire déçus en découvrant que Marquinhos occuperait encore une fois une position de milieu de terrain. Pourquoi recruter trois milieux de terrain en 6 mois pour laisser Marquinhos  occuper une de ses positions ? La question semble légitime. En apparence seulement.

En regardant les schémas tactiques ci-dessus, on comprend le rôle particulier attribué à Marquinhos. Il joue autant au milieu de terrain qu’en position défensive et son mouvement est contraire à la logique du jeu, il recule lorsque le PSG avance et vice versa.

Listons la somme des qualités nécessaires au joueur occupant ce poste totalement hybride:

  • Bonne qualité de passe voire d´ouverture à la récupération du ballon
  • Volume de jeu important, étant le fer de lance du pressing au milieu de terrain
  • Solidité dans les duels aériens lorsque le ballon est renvoyé haut et loin par un défenseur ou le gardien adverse
  • Complémentarité avec la charnière centrale
  • Capacité d´harceler un éventuel 10 adverse comme Hazard au Real ou Pogba à Manchester
  • Capacité de sprinter en cas de passe en profondeur adverse à la récupération

 

 

 

 

Le joueur rempli l´intégralité de ces critères, il est donc assez facile de comprendre pourquoi Tuchel ne prend pas le risque de mettre un joueur fraîchement arrivé comme Herrera dans un rôle aussi complexe. Cela dit, ce dernier est rentré à la place de Marquinhos à la 70eme minute et a livré une prestation d´une grande solidité vingt-cinq minutes durant.

L’intensité de Gueye

Bien sur la tactique de Tuchel qui visait à profiter de la faiblesse et de la solitude du milieu madrilène a très bien fonctionné. Mais le premier artisan de ce succès au milieu se nomme Idrissa « Gana » Gueye. Celui-ci a parfaitement maîtrisé Toni Kroos qui n´a jamais eu les quelques secondes dont il a besoin pour créer, pour lancer le jeu merengue. Gueye a ratissé un nombre incalculable de ballons (90 ballons touchés, 6 ballons récupérés et 93 % de passes réussies) a commis de petites fautes quand il ne pouvait pas récupérer le ballon, sans jamais dépasser les bornes. Il finit même cette rencontre sans carton, un exploit. Sorti vainqueur de l´un de ses multiples duels sur le côté droit, Gueye lève la tête et voit Di Maria seul, déjà en position de frappe devant la surface de réparation. Il lui décale le ballon pour le deuxième but parisien : un parfait dépassement de fonction. A ses côtés, Marco Verratti, légèrement soulagé des sprints défensifs a pu concentrer plus d´efforts sur l’orientation et le lancement du jeu, avec succès.

Un milieu fait pour durer ?

Avec une telle performance, impossible de croire que ce milieu de terrain n´a pas gagné des points. Il est fort à parier que face à une équipe dominante au milieu de terrain (citons pêle-mêle la Juventus, le Bayern, Barcelone ou City et Liverpool), Tuchel fort des certitudes de ce match ne le remette en place. Avec le retour de Neymar et Mbappé, on pourrait par exemple imaginer une défense à trois composée de Kimpembe, Thiago et Diallo, un milieu renforcé avec Bernat, Gueye, Marquinhos, Verratti et Di Maria, et Neymar et Mbappé devant.

Mais qu’en est-il contre des équipes se présentant avec un bloc bas renforcé type 5-4-1 classique de ligue 1 ? Le PSG a-t-il vraiment besoin d´un Marquinhos en 6 ? L’exemple du match au parc des princes contre United dans lequel Marquinhos n´a personne sur qui défendre, Pogba étant suspendu est évocateur. La réponse est non ? Le PSG a-t-il besoin d´un double pivot Verratti et Gueye contre ce genre d’adversaire ? Probablement pas non plus. Herrera et sa belle qualité de frappe ne seraient-ils pas plus utiles pour fissurer un bloc adverse en béton ? Contrairement aux années précédentes, Thomas Tuchel possède un effectif de qualité et en quantité au milieu. On lui fait confiance pour l´utiliser au mieux en fonction du contexte, de l’adversaire et des performances à l´entraînement.

Henri Lacoste

Source :

https://fr.whoscored.com/Matches/1426900/Live/Europe-UEFA-Champions-League-2019-2020-Paris-Saint-Germain-Real-Madrid

Crédit photo : @Flo_Pernet

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