Paris s’est trompé de match
Après le chambrage des marseillais suite à la finale de Ligue des champions perdue, on attendait de voir. Et on a vu, le PSG est tombé dans le piège et risque de perdre quelques joueurs pour un moment.
Ça fait trois semaines que tout le monde parlait de ça. Suite au chambrage des marseillais, tout le monde était impatient de voir comment allaient se comporter les joueurs du PSG. Malheureusement, on a vu et Paris va le payer cher.
Pourtant, les parisiens ont bien débuté leur rencontre. La possession de balle, utilisation de la largeur, notamment avec Florenzi, pressing haut à la perte de balle, le PSG est plutôt bon. Il ne manque que la finition, le dernier geste.
Mais Paris va encaisser un but alors que l’OM ne s’est pas encore créé d’occasion. Un coup franc assez lointain de Payet envoyé dans la surface, Thauvin, à la limite du hors-jeu, qui se retrouve seul au second poteau et Paris est mené 0-1.
En seconde période, Paris va essayer mais va manquer d’efficacité, butant sur Mandanda ou ne réussissant pas à pousser le ballon dans le but, comme sur ce tacle de Neymar qui ne va pas toucher assez le ballon pour égaliser. Petit à petit, le match, déjà tendu, se tend encore plus avec l’entrée de Paredes. Après avoir envoyé Payet au sol, l’argentin va subir une grosse faute de Benedetto, mais il va sa faire justice lui-même, envoyant son compatriote au sol. Échauffourée, coups échangés et hécatombe de cartons, dont cinq rouges. Paris a clairement craqué.
Le PSG a offert la victoire à l’OM. Qu’a proposé le club phocéen sur le terrain ? Un bloc bas, compact, sans jamais rien tenter. Le but arrive sur un coup de pied arrêté et sur la seule situation de la première période. En seconde, l’OM est venu une fois et a vu son but injustement refusé, mais à part ça ? Mandanda a été le meilleur marseillais, c’est dire. Oui, l’OM a réussi son coup: faire craquer les parisiens, jouer comme Dijon, mais avec une efficacité presque maximale. Dimanche soir, ça a suffi.
L’énigme Tuchel
Sur la composition de départ, Thomas Tuchel a aligné le onze attendu, en fonction des joueurs disponibles. Il faut toujours analyser distinctement le contenu et le résultat.
Après une heure de jeu, les partenaires de Neymar étaient meilleurs que les marseillais. Ils se sont créés bien plus de situations que leur adversaire du soir, mais ils n’ont pas réussi à conclure. En revanche, il y a des choses à dire sur le coaching de l’allemand.
Sarabia a une nouvelle fois montré des limites. Pourquoi a-t-il joué toute la rencontre ? A l’heure de jeu, Draxler a alors remplacé Herrera. Pourquoi ne pas avoir sorti Sarabia et utilisé l’allemand plus haut dans le couloir, position qu’il occupait à son arrivée au club ?
Au milieu, alors que le PSG avait la possession et qu’il fallait donc trouver des passes, des mouvements pour faire bouger le bloc marseillais, pourquoi Gueye est resté sur le terrain alors que Verratti a été remplacé par Paredes ? On a bien compris que pour Tuchel, les deux en même temps, c’était impensable.
Alors qu’il a le droit à cinq changements, l’entraîneur parisien n’en utilisera que quatre. Les deux derniers ? Kurzawa et Dagba aux places de Bernat et Florenzi et tout ça, à seulement six minutes de la fin du match.
Que Kalimuendo, jugé sûrement trop tendre, n’ait pas débuté la rencontre, cela peut se comprendre. Mais on peut se demander pourquoi il n’est pas entré en jeu ? Tu n’as qu’un vrai avant-centre disponible, tu multiplies les centres mais tu manques de présence dans la surface, et tu ne fais pas entrer le seul joueur qui possède ce profil ? Jeune ou pas, Kalimuendo a un contrat professionnel, il fait partie de l’effectif. S’il est là, c’est qu’il est quand même capable d’entrer un gros quart d’heure contre l’OM, sinon, à quoi bon l’avoir fait signer?
Alors oui, le PSG n’a pas fait un match catastrophique si on juge le nombre de situations qu’il s’est créé. Mais pas de là à dire, comme Thomas Tuchel en conférence de presse, que « l’équipe a réalisé une grande performance ».
Mais le vrai problème, c’est que lorsque l’entraîneur allemand n’a pas son équipe type, ça ne va pas. Oui, toutes les équipes sont handicapées quand leurs meilleurs joueurs sont absents. Mais ce dimanche soir, il y avait quand même une équipe qui tenait la route, avec notamment Di Maria et Neymar en attaque. Mais ce PSG n’a pas d’identité de jeu. S’il y a des centres mais qu’il manque du monde dans la surface, c’est qu’il y a un problème. Si tous les joueurs demandent le ballon dans les pieds sans donner de profondeur, c’est qu’il y a un problème. Si on n’arrive pas à trouver des positions de tir, face à une défense regroupée, c’est qu’il y a un problème.
Ce problème, c’est que la majorité des actions offensives sont déclenchées par un exploit individuel et pas par des mouvements coordonnés ou des échanges de passes rapides. Tuchel ne peut plus se cacher derrière la malchance, comme il l’a déclaré à la fin du match.
Florenzi, la bonne surprise
En ce qui concerne les joueurs, Rico n’a pas eu grand-chose à faire. Peut-il faire mieux sur le but ? Je ne pense pas. En défense, Kimpembe a répondu présent, même s’il s’est troué une fois en seconde période. Avec lui, Kehrer aura montré ses limites, mais surtout dans la relance, parce que défensivement, les parisiens n’ont pas été acculés par des marseillais qui ne pensaient qu’à défendre. A gauche, Bernat n’a pas été mis en difficulté par Thauvin, mais il n’a pas, offensivement, apporté.
C’est à droite que tout a été presque parfait. Alessandro Florenzi, fraîchement arrivé de l’AS Roma a été très bon. Défensivement, il a parfaitement défendu et assuré les couvertures. Mais c’est offensivement qu’il a été le meilleur. Souvent bien situé pour être trouvé, il a multiplié les centres de qualité. Malheureusement, soit les attaquants manquaient d’efficacité, soit il n’y avait pas assez de présence pour en profiter. C’est dommage mais s’il arrive à enchaîner les matchs, ça pourrait bien être la vraie bonne trouvaille de Leonardo.
Au milieu, Herrera et Gueye ont couru, comme d’habitude. Mais il y a un vrai manque dans leur jeu : l’utilisation du ballon. Trop peu de prise de risque, de passes pour faire mal. Leur jeu est souvent latéral ou vers l’arrière. La liaison milieu – attaque dépend trop du seul Verratti. Le problème, c’est qu’à l’heure de jeu, il y avait moins de mouvement et il n’avait alors plus les solutions devant lui. Le problème, c’est qu’il y a deux joueurs capables de faire des passes qui « cassent des lignes » : Verratti et Paredes, mais ils ne jouent jamais ensemble, Thomas Tuchel préférant sortir l’italien quand il fait entrer l’argentin.
A son entrée, tout le monde a pensé qu’il allait s’occuper de Payet. Et moins d’une minute après avoir foulé la pelouse, c’est ce qu’il a fait. Sauf que l’argentin n’est pas Motta. Ce qu’il fait, ça manque de vice, c’est grossier. En fin de rencontre, il réagit à la provocation de Benedetto et se fait expulser. De cela, découlera l’attroupement et les cinq cartons rouges. Avoir un joueur de caractère, c’est important, mais tout doit être fait avec malice, avec vice, sinon, c’est mettre l’équipe en difficulté.
Enfin, que dire de l’attaque ? Sarabia a, une nouvelle fois, raté son match. Ça commence à faire beaucoup. Est-il en manque de confiance ? Était-il en sur-régime ? Le jeu du PSG, vampirisé par Neymar, ne lui permet pas d’exister ?
Avec lui, Di Maria a eu quelques éclairs, mais trop peu pour un joueur de son niveau. Il manquait de jambe, alors pourquoi l’avoir laissé toute la rencontre sur le terrain.
Enfin, il y a Neymar. Son match est un paradoxe comme un condensé du joueur : Le danger vient de lui, les occasions souvent aussi. Mais son comportement devient un problème pour le collectif. Mais c’est beaucoup plus global que le simple fait tactique et nous y reviendrons.
Paris s’incline, perd des joueurs alors que le calendrier va devenir fou
Malgré tout, et même si les joueurs sont coupables de ne pas avoir su gérer leurs nerfs, on ne peut pas passer sous silence le simulacre d’arbitrage de ce soir. Avant la fin de ce match de District, les cartons avaient été donnés n’importe comment, pas sur les bonnes fautes, pas au bon moment. À un moment du match, l’arbitre, complètement dépassé, ne sifflait même plus certaines fautes, pourtant bien flagrantes. Quant à la VAR, elle a prouvé, une nouvelle fois, sa parfaite inutilité. Le but de Thauvin était valable mais il n’a même pas été vérifié. D’ailleurs, et même si c’est anodin, il y a une action sur laquelle l’arbitre donne corner pour l’OM. Puis, alors que le jeu met un peu de temps à reprendre, il met sa main à l’oreille et désigne finalement un six mètres, alors que c’est une situation où la VAR n’a pas à intervenir. Un arbitre, ça sert à sanctionner, mais aussi à tenir une rencontre pour ne pas qu’elle dégénère, par une attitude, une posture. Force est de constater que l’arbitrage français est très malade si, pour arbitrer une telle affiche, alors qu’on savait qu’elle pouvait déraper, on n’a pas mieux que Monsieur Brisard.
Ce qui est sûr, c’est que personne n’accepte la défaite contre l’OM. Le problème, c’est que Paris va payer ce match au prix fort. Neymar, Paredes et Kurzawa risquent d’être absents un petit moment. Icardi et Marquinhos ne devraient revenir que vendredi. Navas, absent pour avoir ressenti des douleurs au dos, est donc incertain.
Thomas Tuchel a répété que les vacances étaient indispensables pour les joueurs. Sauf qu’ils vont manquer de préparation, alors qu’ils doivent encore enchaîner mercredi soir face à Metz, puis se déplacer à Nice, dimanche à 13 heures, avec un effectif restreint.
Paris va vivre quelques semaines agitées. Il va falloir prendre vite des points, avec des joueurs pas prêts physiquement, des absents, tout en recrutant pour se renforcer. Mais si, finalement, le premier à changer, c’était l’entraîneur ?