Une prise de conscience vitale
Le PSG vit une de ses pires saisons de l’ère QSI. Mais le pire, c’est l’indifférence qu’il engendre désormais de la part de ses propres supporters. Une situation qui risque de s’aggraver si le club n’en prend pas conscience.
Avant 2011, le PSG n’avait remporté que deux championnats. Les années Colony Capital ont même été les pires du club, tant dans le contenu que dans les résultats où le PSG sauvait ses saisons en remportant une Coupe de France par-ci, une Coupe de la Ligue par-là.
Aujourd’hui, le PSG est en route pour un onzième titre de champion de France. Pourtant, rien ne semble aller. C’est même l’indifférence qui pointe son nez alors que le club de la capitale peut devenir le club le plus titré de l’hexagone en championnat.
Pour certains, l’indifférence vient d’une attitude d’enfants gâtés, de ceux qui se sont gavés de caviar et qui ont la nostalgie du pâté. Pour les autres, cette indifférence vient du fait que le club ne les représente plus, que les valeurs ont disparu et que même si on a connu le pâté, on ne doit pas se satisfaire de manger du caviar mais sur pain rassis.
La différence, c’est qu’à une certaine époque, on n’attendait plus grand-chose de l’équipe. On était heureux de gagner une coupe, de faire un petit parcours en Europe.
Dans les années 1990, c’est Canal qui était aux commandes. De 1991 à 1997, le PSG va remporter un championnat, se mêler régulièrement à la lutte pour le titre, mais surtout enchaîner cinq demi-finales de coupe d’Europe, deux finales et un titre de vainqueur de la coupe des vainqueurs de coupes 1996.
Le PSG avait une âme
À cette époque, Paris avait de grands joueurs, Raï, Ginola, Weah, Ricardo, Roche, Guérin, Le Guen. Paris éliminait le Real deux années de suite, le Barça de Cruyff en Ligue des champions, Liverpool et autres Naples et le Bayern. Mais surtout, cette équipe avait un état d’esprit. Tout n’était pas rose, mais elle se battait, était respectée et crainte que ce soit en France ou en Europe.
Sous Colony Capital, ce fut très sombre globalement. Mais les années où ça se passait bien, comme avec Vahid, on était heureux, on terminait deuxième derrière l’OL, puis on reprenait notre train-train du ventre mou, voire un peu plus et on espérait une coupe comme la victoire face à l’OM en 2006.
Puis, est arrivé QSI en 2011. Jusqu’en 2016, la progression fut presque linéaire. Paris marchait sur ses adversaires en Ligue 1 et faisait peur. En plus de remporter le championnat, il s’adjugeait tous les titres nationaux comme pour montrer sa supériorité.
En Ligue des champions, la phase de poule fut souvent maitrisée, ainsi que les huitièmes de finale. Le club de la capitale ne dépassera alors pas les quarts, mais à part celui contre le Barça en 2015, pour les trois autres (Barça 2013, Chelsea 2014 et City 2016), le PSG pouvait encore espérer se qualifier à quelques minutes de la fin.
Il y eut alors la fameuse remontada de 2017. Pourtant, à l’aller, le PSG avait sûrement une de ses meilleures prestations sur la scène européenne en étrillant le Barça 4-0. Mais le retour, dans les circonstances que l’on connait, est venu tout casser. Les dirigeants, pour masquer le tout, sont allés faire all-in sur Neymar et Mbappé.
S’en est ensuite suivi un nombre incalculable de transferts ratés. Paris manquait d’argent à cause du fair-play financier mais quand il en dépensait, c’était pour faire n’importe quoi. De plus, au lieu de renouveler l’effectif, les dirigeants ont préféré retenir coûte que coûte plusieurs joueurs. Pendant ce temps, le projet marketing battait son plein et tout le monde était satisfait.
Mais doucement, le PSG glissait. Élimination en huitièmes de finale de la Ligue des champions cinq fois sur les sept dernières éditions, perte du titre de champion en 2017 et 2021, et des éliminations en Coupe de France, en plus d’une finale perdue contre Rennes. Paris n’était même plus maitre sur son territoire.
Cette saison, le club de la capitale a décidé de réduire drastiquement son effectif. Le problème, c’est qu’il paye le salaire de la grande majorité des joueurs prêtés, qui vont revenir cet été.
Mis à part au mois d’août, le PSG ne fait plus peur. Pire, les équipes qu’il affronte sont même déçues de ne prendre qu’un point. Pire, désormais, certains adversaires pensent que c’est le bon match pour se relancer. Pire, le PSG a perdu huit de ses dix-huit rencontres de l’année 2023 et n’a pas inscrit le moindre but sur la double confrontation en huitième de finale de la C1 pour la première fois de l’ère qatari.
Christophe Galtier est dépassé, mais il y a pire. Ni Campos, le conseiller sportif, ni Nasser Al Khelaïfi n’ont pris la parole pour tirer la sonnette d’alarme. Ils laissent le coach se débrouiller, s’enfoncer même, et l’équipe avec.
Cette équipe ne ressemble d’ailleurs plus à rien. Pas de collectif, pas de leader, des jeunes jetés dans la fosse, et des résultats qui inquiètent désormais. Mais il n’y a pas à avoir peur, la collaboration avec Jordan fonctionne et Ticketplace aussi.
Côté supporters, ce n’est pas mieux. Ceux qui critiquent et alertent sont vus comme des ennemis du club, les autres se voilent la face.
Un vrai organigramme à mettre en place
Dans neuf journées, on saura. Paris peut devenir, seul, le club le plus de fois titré en championnat (11, Saint-Étienne est à 10). Dans neuf journées, Paris peut marquer l’histoire mais peut aussi vivre sa première saison sans titre majeur, le trophée des champions n’étant qu’un titre mineur.
Quel que soit l’issue de la saison, et malgré la fierté d’être numéro 1 au palmarès, il ne faudra pas faire les aveugles. La saison aura été catastrophique et elle aura confirmé la descente du club sportivement. Le PSG ne pourra pas faire l’économie d’un vrai changement, de politique sportive mais surtout d’organigramme enfin cohérent et professionnel.
Au-delà des résultats, un grand club ne peut pas laisser seul un directeur sportif décider des transferts sans cellule recrutement. Un grand club ne peut pas avoir une organisation aussi bancale et ne compter aucun ancien dans ses rangs. Un grand club ne peut pas se contenter de vendre des maillots et de galvauder ce qui se passe sur le terrain. Un grand club ne peut pas se mettre à genou devant un joueur, tout lui céder, et boucher les trous ensuite faute de moyens.
L’indifférence guette. Si le président parisien a fait revenir les supporters, c’est qu’il est conscient qu’un stade silencieux est un boulet. S’il a fait revenir les supporters, c’est qu’il sait l’importance qu’ont ces derniers dans l’histoire d’un club, dans ses valeurs. L’indifférence ne peut pas le laisser de marbre.
Sans une prise de conscience de tous, le club deviendra un club lambda, sans âme, sans valeur, sans résultat. La prise de conscience ne doit pas être une énième interview du président qui viendrait nous expliquer que la rigolade est terminée, que les passe-droits sont terminés, que tout le monde va se mettre au travail. Ça ne doit pas passer non plus par le recrutement d’une énième star pour endormir tout le monde.
Le PSG est à un énième tournant. Il est tombé dans le fossé à chaque fois. Mais un jour arrivera, où il n’en sortira plus. Pour ceux qui aiment, vraiment, le club, ce n’est plus acceptable.