Thiago Silva doit-il passer le flambeau ?
Depuis le match aller face au Borussia Dortmund, beaucoup de choses font parler du côté du Paris Saint-Germain, à juste titre. L’une d’entre elles concerne le capitaine de l’équipe Thiago Silva. Et après cette nouvelle désillusion, dans laquelle il a une part de responsabilité, la question semble obligatoire, « O monstro » doit-il conserver son brassard et sa place de titulaire au sein du PSG.
Un déclin certain
Le statut de Thiago Silva fait débat depuis un certain moment, des mois pour ne pas dire des années. Le Brésilien est souvent la cible de critiques visant son manque de courage, sa trop grande frilosité, sa tendance à défendre trop bas. Il est souvent qualifié de « pleureuse » par certaines personnes. Et même si ces mots sont forts, durs, il y a peut être un peu de vrai là dedans. Mais il faut être honnête, si le surnom de « O Monstro » lui a été attribué, ce n’est pas pour rien. Il aura sans doute été l’un des plus grands défenseurs centraux du football moderne. Avec comme qualité principale, une anticipation extraordinaire. Mais à ce jour cette qualité lui joue peut-être des tours. Avec l’âge, n’importe quel joueur perd en vélocité et en physique. Et Thiago Silva ne fait pas exception. Il a aujourd’hui 35 ans et n’a plus le coffre d’antan. Il se rabat donc uniquement sur sa capacité à anticiper et prend beaucoup trop de distance avec ses adversaires. À une époque où la tendance est de défendre en avançant c’est assez problématique. On a pu le voir tout au long du match au Signal Iduna Park mardi soir face au BVB, où encore sur certaines phases de jeu à Amiens. Sur le troisième but, on le voit faire un recul frein sur Fousseni Diabaté à pratiquement 3m de distance de l’attaquant. Ce qui a laissé à l’Amiénois, tout le loisir de se mettre dans les meilleures conditions pour armer sa frappe et ainsi tromper Kaylor Navas. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, mais c’est symptomatique de son déclin. Ce genre d’erreurs ne lui arrivait qu’en phases finales de Champions League, face à de grosses écuries européennes. Si la Ligue 1 commence à être trop rapide pour lui, c’est franchement compliqué.
Des signes annonciateurs
Lui retirer le brassard où même le mettre sur le banc ne serait pas une chose inédite, Unai Emery avait dû se passer de lui sur blessure face au FC Barcelone en 2017, en huitièmes de finale de Ligue des Champions (victoire 4-0), il était en revanche sur le terrain au retour pour le résultat que l’on connait. C’est sans doute pour cela que le coach espagnol décidera, l’année suivante, de le mettre sur le banc face au Real Madrid au même stade de la compétition, dans un match que les Parisiens ont dominé pendant 80 min avant de s’écrouler, (défaite 1-3) mais avec un contenu très prometteur. Il le titularisera au retour, mais ça ne changera rien. Pire, la combativité, l’envie qui étaient les points positifs de l’aller, et sur lesquels tous les espoirs étaient bâtis, avaient disparu. Quelques années plus tôt, en 2014, après une coupe du monde où son émotivité s’est révélé au grand jour, (sa crise de larmes lors de la séance de tir au but face à la Colombie), Dunga, sélectionneur du Brésil, lui retirera le brassard au profit de Neymar. Alors soyons honnêtes, tous ces échecs ne sont pas dus uniquement à Thiago Silva, mais il était présent a chaque fois, hormis face à l’Allemagne, mais il s’est néanmoins pris le choc émotionnel de plein fouet. C’est connu de tous, le Brésilien est ultra émotif, et se laisse facilement submerger par ses émotions. Le problème c’est qu’il est le capitaine, il est censé transmettre son énergie au reste de l’équipe. Et à l’époque où il compensait ce défaut grâce à son talent pur, l’âge fait qu’il ne semble plus en capacité physique de le faire. Alors tout cela est bien facile à dire, mais le PSG a-t-il une solution pour effectuer une passation de pouvoir ?
Le digne héritier
C’est tellement évident, Marquinhos a les capacités, l’intelligence et surtout l’état d’esprit pour assumer ce rôle pleinement. Et par dessus tout, il a été à la bonne école, il a appris le métier au côté de Thiago Silva. Qui de mieux pour lui succéder ? Une succession qui s’est peut être faite aux yeux de tous mardi soir face à Dortmund, à la 56ème minute de jeu, Erling Haaland est lancé dans la profondeur par Emre Can, le Norvégien se retrouve alors au duel avec Thiago Silva, et le capitaine parisien se fait effacer avec une facilité déconcertante. C’est Marquinhos qui viendra couper la course du nouveau phénomène in-extremis. L’élève qui rattrape l’erreur de son mentor. Tout un symbole. Sans compter le fait que « Marqui » est pratiquement un enfant du club. On pourrait presque le qualifier de « TITI ». Arrivé à 19 ans, en provenance de l’As Roma, le PSG a su lui donner sa chance et lui accorder toute sa confiance. Et le Brésilien à toujours rendu cette confiance, que ce soit par ses excellentes prestations, son attitude exemplaire, ou ses déclarations d’amour envers le club. Il a souvent dit qu’il souhaitait terminer sa carrière dans la capitale. Il a encore la jeunesse de son côté, plus tôt il sera installé en tant que patron de l’équipe, mieux ça sera. Et pour l’accompagner en défense centrale le PSG n’est pas en reste, quand on voit la constante progression d’un Abdou Diallo (23ans) depuis son arrivée cet été, malheureusement blessé en ce moment, l’association semble idéale. Sans oublier Presnel Kimpembe et Thilo Kehrer (24 et 23 ans). Tous de très jeunes défenseurs centraux avec déjà énormément d’expérience au haut niveau, qui ont simplement besoin de confiance et de temps de jeu.
Alors le but n’est pas de massacrer Thiago Silva, c’est devenu un homme important dans l’histoire du PSG, un des premiers à croire au projet « rêvons plus grand ». Et il nous à fait rêver plus grand. Il nous a fait vivre des émotions énormes. Tout le monde a en mémoire son coupe de tête au bout des prolongations à 10 contre 11, un soir de mars à Stamford Bridge contre Chelsea, qui offre la qualification aux Parisiens. Beaucoup de joueurs font l’erreur de vouloir aller le plus loin possible dans leur carrière, trop loin parfois. C’est humain. Mais il serait dommage de salir une si belle image. Le temps est sans doute venu pour « O Monstro » de céder sa place. Pour le bien de l’équipe mais aussi pour le sien.