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Sommes-nous trop exigeants avec le PSG ?

Thomas Tuchel se plaint régulièrement qu’on attende trop du PSG. Mais c’est le lot des grosses équipes, même à l’étranger. Alors, doit-on être exigeants ou se contenter de juste gagner ?

C’est un débat qui revient régulièrement dans le football : est-ce que seule la victoire compte ? Dans l’absolu, peut-être. Mais peut-on se contenter de victoires, surtout sur la durée, sans panache, sans jeu et sans spectacle ? Avant toute chose, oui, on signerait tout de suite pour une victoire, même moche, en Ligue des champions. Mais alors, il faudrait regarder combien de fois une équipe sans jeu et sans collectif a remporté la C1 ?

En tout cas, Thomas Tuchel le répète souvent : « vous n’êtes jamais contents, vous voudriez que le PSG gagne tous ses matchs 4 ou 5-0. Mais ce n’est pas possible ». Que l’entraineur allemand se rassure, tout le monde sait que ce n’est pas possible. Et ce n’est justement pas ce qu’attendent les gens qui se plaignent.

Quand on analyse le jeu et les résultats d’une équipe, il y a plusieurs éléments dont on doit tenir compte. La composition de l’effectif, les qualités des joueurs, l’environnement, l’histoire du club mais aussi l’adversité quotidienne, notamment en championnat.

Oui, le PSG marche sur la Ligue 1. Mais avec le budget et les joueurs qu’il possède, n’est-ce pas juste normal ? Sommes-nous en droit d’attendre du jeu, un collectif, du panache plus que des victoires sur des exploits individuels ?

A l’étranger, l’exigence est plus grande

Il faut se rappeler que les premiers titres de l’ère qatari, après des années de disette, avaient été accueillis avec une grande joie. Mais une fois qu’on enchaine les titres, on en attend plus et c’est normal. On attend une progression, du jeu, des matchs dans lesquels le PSG fait exploser l’équipe adverse par son collectif, des phases de jeu, et non pas seulement parce que Neymar, Mbappé ou Di Maria, sur un geste, font la différence.

Au Real Madrid, Capello, par deux fois, a ramené le titre de champion d’Espagne après plusieurs années de domination barcelonaise. Les deux fois, il fut remercié à la fin de la saison, les supporters n’étant pas satisfaits du contenu des matchs. Carlo Ancelotti a ramené la dixième Ligue des champions au club madrilène, après dix ans d’attente. La saison suivante, il fut remercié. Allegri a enchainé les titres avec la Juventus. Il a été remplacé par Sarri parce que les dirigeants et les supporters voulaient un football plus spectaculaire. Ce même Sarri qui a été champion d’Italie puis remplacé par Pirlo.

Zinedine Zidane a remporté trois Ligues des champions de suite, en y ajoutant un titre de champion d’Espagne la deuxième année. Pourtant, la saison dernière, avant Galatasaray et, cette saison, avant le clasico, il a été sur la sellette, alors qu’il vient, une nouvelle fois de remporter la Liga. On ne va pas tous les faire, mais on peut ajouter que Carlo Ancelotti, champion d’Allemagne avec le Bayern, a été remercié trois mois après ce titre.

Paris, c’est la capitale. Paris, c’est le spectacle, le bling-bling. Le PSG ne peut pas se contenter de simplement gagner. Arthur Jorge était arrivé au début de l’ère Canal+. Au bout de trois ans, il ramenait le titre dans la capitale, huit ans après le premier. Pourtant, il fut remplacé par Luis Fernandez pour apporter du panache à une équipe qui était une machine mais qui manquait de folie, de spectacle.

On attend plus du PSG, comme on attend plus de son enfant

Non, nous ne sommes pas trop exigeants avec Thomas Tuchel. Paris devrait avoir un jeu plus léché, plus collectif, que les stars mettraient en valeur. Aujourd’hui, on a une équipe qui compte sur ses individualités pour exister.

Certains diront qu’on est trop exigeant. Pourtant, quand votre enfant vous ramène un 10/20, vous auriez aimé voir un 14/20. Pour le PSG, c’est pareil : on ne peut pas se contenter de gagner la Ligue 1, en faisant juste le travail.

Finalement, peut-être que les premières années qatariennes ont été trop fortes. Avec Ancelotti, Paris a existé jusqu’en quart de finale de la Ligue des champions face au Barça. Puis, avec Laurent Blanc, le jeu est devenu plaisant, parfois spectaculaire, avec une maitrise exceptionnelle, notamment au milieu de terrain. Puis, il n’y a plus eu de réelle progression. Avec Emery, Paris a été devancé par Monaco en Ligue 1. Avec Tuchel, il n’a remporté que le championnat. Tout cela, sans proposer un jeu digne de ce nom, si ce n’est sur une poignée de matchs.

Le football, ce ne sont pas que des résultats. Pour ceux qui ont vécu les époques PSG avant QSI, il est fort probable que le PSG – Real de 1993, qui n’était qu’un quart de finale retour de coupe de l’UEFA, a plus marqué les anciens que la demi-finale de Ligue des champions contre Leipzig.

Oui, l’exigence fait partie de la culture des grands clubs. Oui, on rêve que le PSG remporte la Ligue 1 en étant exceptionnel au moins trente journées sur trente-huit. Oui, on rêve que le PSG termine l’année invaincue. Oui, on rêve que lorsque le PSG piétine l’OM sur une mi-temps, il joue aussi la seconde période du match. Cette exigence aidera également le PSG à être plus performant sur la scène européenne. Alors, se contenter ou exiger, telle est la question.

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