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Paris en échec contre les gros

Alors que la trêve approche, le PSG n’aura battu aucun gros du championnat lors de cette première partie de saison. Des échecs qui s’expliquent différemment selon les matchs mais qui ne sont pas anodins.

À quelques exceptions près, à ce moment de la saison, le PSG est habituellement en tête de la Ligue 1 avec un nombre de points d’avance déjà confortable. Cette saison, ce n’est pas le cas. Paris a déjà connu la défaite à quatre reprises alors que tous les matchs aller n’ont pas encore été joués. Mais surtout, face aux équipes du haut du classement (de 1er à 4ème), il ne s’est pas encore imposé.

Contre l’OM, un match spécial

Évidemment, chaque match est à analyser différemment. Le match contre l’OM est venu très tôt dans la saison, dès la 3ème journée. Paris sortait du Final 8 à Lisbonne, de quelques jours de vacances, de joueurs qui avaient eu le COVID-19. Paris n’était pas prêt.

Pourtant, sur cette rencontre, les partenaires de Neymar auraient pu l’emporter largement. Le meilleur joueur de l’OM, ce soir-là, fut d’ailleurs Steve Mandanda. Mais les parisiens avaient alors manqué d’efficacité, en plus d’être tombés dans le piège de la provocation, voulant répondre aux messages postés sur les réseaux sociaux par Dimitri Payet, entre autres.

Paris craquera complètement dans les dernières minutes avec plusieurs expulsions et s’inclinera pour la première fois depuis 2011 face à l’OM.

Contre l’OL, une défaite tactique

Face aux lyonnais, Paris va s’incliner 0-1 au Parc. La semaine a été marquée par l’arrêt du match face à Basaksehir le mardi soir et qui se terminera le mercredi. En première période, Paris n’y est pas.

Les partenaires d’Aouar ont décidé d’exercer un pressing sur le milieu parisien, pas d’une grande intensité mais assez pour gêner ce PSG, et personne ne trouve de solutions. Di Maria est perdu dans un poste de troisième milieu de terrain, la défense, articulée autour de Danilo et en l’absence de Marquinhos, n’avance pas et ne permet pas à l’équipe de venir dans le camp lyonnais.

Mais surtout, Neymar a le comportement des mauvais soirs. En début de rencontre, une légère altercation avec Dubois l’a fait sortir de son match. Il décide, comme d’habitude dans ces cas-là, de faire un match seul pour défier les lyonnais et notamment leur latéral droit.

En seconde période, Paris prend possession du ballon, mais c’est stérile, inoffensif, inefficace. On sent même que ce sont plus les lyonnais qui ont décidé de leur laisser le ballon pour mieux les contrer que les parisiens qui ont pris le dessus. Ils vont alors buter sur la défense lyonnaise, parfaitement regroupée et ne jamais se montrer dangereux.

Alors que son équipe souffre, Thomas Tuchel ne trouve pas la clé dans son coaching. Et quand Neymar n’a pas la clé d’un match, ce PSG-là devient pauvre offensivement. Paris s’incline donc et cette fois, c’est logique.

A Lille, du mieux collectivement, mais rien offensivement

Dimanche soir, à Lille, Paris s’attendait à un gros choc face à une des meilleures équipes françaises du moment. Globalement, il a répondu présent, empêchant les lillois de développer leurs phases de transitions dans lesquelles ils excellent.

Toujours organisés autour du 5-3-2, les parisiens ont été costauds, très bons dans le contre-pressing. Mais ce système a soulevé les limites dans l’animation offensive. Avec le seul Kean comme véritable attaquant, les partenaires de Marquinhos n’ont pratiquement jamais été dangereux. Avec autant de possession, ça pose quand même un problème.

Encore une fois, sans Neymar ni Mbappé, ce PSG a été mieux collectivement, jouant en équipe, respectant le jeu en ne cherchant pas systématiquement un des deux joueurs. Mais sans eux, Paris est inoffensif, incapable de créer collectivement ce que les deux stars compensent individuellement.

Le bilan inquiétant

Lors de cette demi-saison, le PSG se sera donc incliné face à l’OM, l’OL, Monaco et Lens, et n’aura fait « que » match nul à Lille. Si on y ajoute les défaites face à Manchester United et à Leipzig, ça fait quand même six défaites sur vingt-deux matchs disputés, soit un peu de 25% de défaites. C’est trop.

À part contre l’OM où le manque d’efficacité a coûté le match, les autres matchs ont soulevé plusieurs limites.

Les compos de départ de Thomas Tuchel interrogent. Utiliser le 5-3-2, pourquoi pas, mais pas systématiquement ni contre tous les adversaires. Il y a ensuite le choix des joueurs. Aligner Danilo en défense centrale, c’est un problème. Aligner Di Maria au milieu, c’est un problème alors que Rafinha montre de plus en plus de choses intéressantes.

Ensuite, l’entraineur parisien n’a réussi qu’un coup grâce au coaching : le changement de système à Manchester alors que le PSG était en souffrance. Résultat : Paris s’est imposé 1-3. Quand il est arrivé en 2018, l’allemand osait, changeait de système en cours de match, trouvait des solutions. Depuis, dans sa lecture des rencontres, on a l’impression qu’il subit plus les évènements, qu’il fait des changements presque forcé. Avec le passage au 5-3-2 à Manchester, et le fait que ça ait payé, c’est comme s’il s’était dit « c’est bon, j’ai trouvé mon système », sans prendre de recul sur le contexte, l’adversaire, mais aussi les joueurs présents ce soir-là sur la pelouse.

Oui, ce système apporte sûrement des garanties défensives. En même temps, c’est logique puisqu’avec huit joueurs à vocation défensive, ou presque, ce serait dommage d’être malmené défensivement. En revanche, l’animation offensive est un vrai problème.

Cette saison, les équipes ont compris comment gêner le PSG. Un bloc compact, un peu de provocation envers Neymar et ça suffit. Comme tout repose sur le brésilien et, à degré moindre, Mbappé, les adversaires ont intégré que quand ces deux-là sont enfermés dans un comportement individualiste, le match est presque gagné.

En dehors de la fameuse préparation physique et du calendrier, si Paris veut faire une belle deuxième partie, il doit redevenir une équipe, un collectif. Oui, c’est normal que Neymar soit le facteur X, c’est comme ça dans tous les clubs dans lesquels il y a un grand joueur. Par contre, tout ne peut pas reposer que sur lui. Déjà, parce qu’un joueur ne peut pas tout faire seul, mais surtout parce que Paris doit varier pour surprendre ses adversaires.

Si, comme cela semble être le cas, Thomas Tuchel va bien jusqu’au bout de la saison, il va falloir qu’il fasse comprendre à certains que pour aller chercher la fameuse ligue des champions, ça passera par le collectif, par le respect du jeu. Peut-il le faire alors que les joueurs savent qu’il ne sera plus à dans six mois ? Évidemment qu’on peut trouver ça anormal, surréaliste que des joueurs soient moins concernés sous prétexte que le coach va partir. Mais c’est le football d’aujourd’hui.

Les joueurs doivent également se reprendre. Non, ils ne peuvent pas choisir leur match. Non, ils ne doivent pas penser que, quoi qu’il arrive, à un moment, ils repasseront devant. Parce que cette saison va être bizarre jusqu’au bout, mais aussi parce que Lyon et Marseille vont désormais avoir une semaine pour préparer chaque rencontre.

Dans une saison hyper éprouvante, Thomas Tuchel va devoir calculer ses matchs, se demander quand il aura besoin de ses cadres et quand il pourra les mettre au repos. Lors des six prochains mois, Paris va devoir montrer qu’il est toujours le leader incontesté du championnat de France, et ça passera, évidemment, par des victoires dans les gros matchs.

crédit photo: foot-sur7.fr

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