Un trio déconnecté
Mercredi soir, le trio offensif a semblé, une nouvelle fois, déconnecté du reste de l’effectif. Si, en ligue 1, le PSG l’emporte régulièrement en jouant de la sorte, il y a peu de chances que ça tienne fasse aux grosses équipes européennes.
Après avoir été malmenés, dominés et même acculés sur son but, quand les parisiens ont ouvert le score par Mbappé, on s’est dit que le talent suffira encore à gagner une rencontre. Finalement, Paris s’est incliné et il serait injuste de ne pas reconnaitre que c’est tout à fait logique.
En 2021, plus personne ne joue ce football où les attaquants ne participent pas aux tâches défensives, ou au moins de replacement. Plus personne ne joue ce football avec un bloc scindé en deux avec d’un côté sept joueurs qui défendent et, de l’autre, trois joueurs (ou presque) qui les regardent faire.
Quand Mbappé court moins que Messi
Mercredi, Mbappé a couru autant que Messi (environ 8km) quand Neymar a couru deux kilomètres de plus (environ 10km). La distance parcourue ne fait pas tout mais elle est quand même significative d’une certaine implication.
En autorisant ses joueurs offensifs à ne pas défendre, ne pas gêner la première relance, ne pas revenir se positionner dans le bloc équipe, Pochettino met son équipe en difficulté. Il a suffi à City de placer les trois attaquants et les deux milieux offensifs, dont deux bien écartés dans la largeur, les deux latéraux et le milieu défensif assez haut pour se retrouver en supériorité numérique et attaquer à huit contre sept. Il est donc fort logique d’avoir retrouvé Mahrez, neuf fois sur dix, complètement démarqué.
Deuxième problème avec le manque de courses et de repli du trio offensif, pour les trouver, il faut sortir le ballon de sa surface jusqu’à la ligne médiane. Avec Paredes, en grande difficulté dès qu’il y a de l’intensité et de la densité, Gueye et Herrera, qui ne sont pas les joueurs les plus forts avec le ballon, ce fut impossible. Il n’est pas anodin que le PSG se soit créé une occasion par Mbappé en première période avec Neymar au départ et que l’ouverture du score soit venue par un décrochage de… Neymar au départ de l’action.
Thierry Henry parle régulièrement tout cela lors des matchs de championnat. Mercredi soir, il a été encore plus dur, en déclarant : » Si vous voulez gagner la Ligue des champions, vous ne pouvez pas défendre avec sept joueurs, a-t-il lancé mercredi soir. C’est impossible, peu importe qui vous êtes. On peut le voir sur le deuxième but, toute la défense est exposée. Les arrières latéraux sont exposés, c’est donc pratiquement un trois contre un, trois contre deux sur le terrain ».
Trois mois avant les huitièmes de finale pour une prise de conscience
Mais le champion du monde ne s’arrête pas là et ajoute : « Les équipes ne gagnent pas de titre, encore moins la Ligue des champions comme ça… Tu dois au moins avoir ta ligne de trois attaquants regarder le ballon, poursuit-il. Et c’est le strict minimum. Je ne demande même pas de chasser les gars jusqu’au poteau de corner. Mets-toi face à eux, rends-leur la tâche difficile, coupe la passe intérieure, autorise-les à écarter. Et peut-être que là, les latéraux se sentiront plus sécurisés sur ce qu’il se passe derrière et devant eux. Mais actuellement, ils sont trop exposés. Les équipes du championnat de France ne peuvent pas les exposer actuellement mais Manchester City peut. »
Il parait que le coach ne peut pas sortir un des trois attaquants. D’abord parce qu’ils sont capables, sur un geste, de faire basculer la rencontre, mais aussi pour s’éviter des histoires. Pourtant, c’est son rôle et il est payé pour faire des choix collectifs. Mais on peut imaginer qu’un ou plusieurs joueurs pourraient prendre le relais.
Les joueurs sont prêts à courir, à faire les efforts pour les stars, tant qu’ils les font gagner. Si ça ne gagne pas, ils ne vont plus l’accepter. Il suffit de se rappeler la réaction de Gueye lors de son expulsion face à City en demi-finale aller la saison dernière : On se fait tourner et on ne fait rien ». D’ailleurs, mercredi soir, Paredes a semblé s’être accroché avec Neymar pendant la rencontre. C’est une preuve que ce comportement énerve aussi les joueurs, sauf que l’argentin s’en est peut-être pris au plus impliqué des trois.
Si le coach parisien veut réellement mettre ses trois attaquants dans les meilleures dispositions et leur éviter les courses de replacement, il existe une solution très simple : jouer bloc haut et presser dès la perte de balle. En faisant cela, il évitera aux trois offensifs les longues courses de replis, mais aussi au bloc équipe d’être plus compact.
Finalement, la vraie question est : le PSG veut-il vraiment gagner la ligue des champions ? S’il veut enfin y arriver, il reste trois mois au staff parisien avant les huitièmes de finale pour, enfin, créer un collectif et faire prendre conscience à tous des efforts nécessaires à faire pour rêver plus grand.
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