Un Neymar aux deux visages
Depuis quelques semaines, Neymar montre deux visages différents : un avec le Brésil et un avec le PSG. La pression et les critiques sont loin d’être les explications à des prestations si éloignées.
Il n’est pas impliqué, il n’a pas envie, il s’en fout. On a tout entendu sur les prestations de Neymar au PSG depuis plusieurs mois. Parfois même, certains sont allés plus loin : « il n’est plus un joueur de haut niveau, il n’y arrivera plus.
Si on s’en tient à ses performances globales avec le club de la capitale, on pourrait alors se poser la question. Sauf qu’en sélection, le brésilien est bon, voire très bon, qu’il semble avoir des jambes et qu’il est décisif.
Évidemment, pour ceux qui pensent que ce sont les critiques et la pression qu’il subit au PSG qui le bloquent ou l’empêchent de s’exprimer, il faut aller voir ce qui se passe au Brésil, pays cinq fois champions du monde et qui attend la sixième étoile depuis 2002, pour se rendre que la pression est sûrement dix fois supérieure au PSG.
Une liberté finalement nocive
Et s’il fallait plutôt chercher du côté du terrain pour trouver une explication. Que ce soit en sélection ou au Barça, avant son arrivée dans la capitale, Neymar bénéficiait d’un cadre collectif fort, où chacun connaissait son rôle avec le droit de faire plus après avoir respecté le cadre.
Quand il arrive à Paris, les six premiers mois de ses deux premières saisons, avec Emery puis Tuchel, il est excellent, décisif. Malheureusement, deux graves blessures ne vont pas lui permettre de confirmer lors de la deuxième partie de saison, quand les matchs couperets arrivent.
Avec Tuchel ou Pochettino, le brésilien a réalisé quelques grandes prestations, comme lors du final 8 de Lisbonne ou contre le Bayern. Mais c’est trop peu par rapport à ce qu’on attend d’un tel joueur. Parce que Neymar n’est pas le talent qui ne confirme jamais, il a montré tout ce qu’il savait faire et le niveau qu’il était capable d’atteindre dans des matchs de très haut niveau.
Et s’il avait besoin d’un cadre
En lui offrant une totale liberté, les deux derniers entraineurs du PSG se trompent peut-être. Malgré tout le talent qu’un joueur peut avoir, il a besoin d’un cadre pour exprimer son potentiel. Parce qu’il y a un scoop : le football est un sport collectif. Quand Messi est exceptionnel, il profite du travail des autres, qui amènent le jeu dans une zone pour lui permettre d’avoir de l’espace pour terminer les actions. Quand Ronaldo fait gagner le Réal, il occupe une zone du terrain et ses appels sont coordonnés avec le jeu de Benzema, de Kroos et Modric ainsi que de Marcelo, qui dédouble pour semer du doute dans la défense adverse et permettre au portugais de ne pas se retrouver à deux ou trois contre un.
En laissant une totale liberté à Neymar, les entraineurs lui envoient le message qu’il peut faire ce qu’il veut, il est libre, à lui de faire gagner l’équipe. Finalement, c’est l’effet inverse qui se produit.
De plus, sans une animation offensive travaillée, on ne permet pas non plus aux joueurs d’avoir des repères. L’improvisation, c’est bien, mais elle doit s’exprimer dans un cadre collectif fort. Ce n’est pas le cas du PSG.
Comme pour n’importe quel métier, il y a plus de chances que vous rendiez un bon travail si votre responsable vous dit « tu as trois jours pour me rendre ce dossier et tu utilises tel procédé » que s’il vous dit » tu dois me faire tel dossier, je te laisse faire comme tu veux et tu me le rends quand tu veux ». Dans le football, c’est pareil.
Face à city, on a loué son travail défensif. Est-ce que c’est ce qu’on attend du brésilien ? Non. Mais peut-on lui demander plus quand le PSG n’a pas la possession, qu’il subit et démarre ses actions à soixante-dix mètres du but adverse ? Quand les latéraux sont bridés et qu’ils ne viennent pas apporter du nombre et des dédoublements pour libérer les joueurs de côté ?
Si le PSG veut retrouver un grand Neymar, il va devoir créer un collectif, une vraie animation offensive dans laquelle les joueurs auront de la liberté mais dans un cadre défini, des courses cohérentes et coordonnées. Tout ça, encore une fois, c’est le travail de l’entraineur.