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Neymar, un cap à franchir

À chaque match, Neymar peut être merveilleux, insupportable, déterminant et agaçant. Il n’est pas le seul coupable, loin de là, mais il doit murir pour devenir irrésistible tout le temps.

D’un match à l’autre, mais aussi dans le même match, il peut nous enchanter, nous émerveiller mais aussi nous exaspérer. D’une semaine à l’autre, il est considéré comme le meilleur joueur du monde, ou presque, puis comme un joueur qui devrait être dans les meilleurs du monde mais ne l’est pas. Neymar reste le facteur X du PSG, mais il doit évoluer pour que son statut dans le football mondial ne souffre plus d’aucune contestation.

Ses défauts deviennent parfois caricaturaux

Quand il est exaspérant, c’est souvent parce qu’il semble moins bien physiquement. Quand le brésilien n’a pas son explosivité habituelle, alors il s’énerve parce qu’il rate. Et plus il rate, plus il s’énerve. Et plus il s’énerve, plus il veut montrer qu’il est capable de faire la différence, et plus il rate. Et ainsi de suite…

Autre contexte qui réduit l’influence de Neymar: la provocation. Le brésilien est un joueur qui parle beaucoup sur le terrain, qui chambre, provoque. Le problème, c’est que quand on lui répond, il tombe dans le panneau. Il devient alors un joueur de quartier qui veut humilier son provocateur en un-contre-un. Il en oublie alors le respect du jeu et de ses partenaires et on a l’impression qu’il évolue alors seul sur le terrain. Ce n’est pas nouveau, il est comme ça depuis tout jeune, et même dès ses premiers matchs en pro à Santos.

Neymar et Alvaro pendant le match PSG-OM le 13 septembre 2020. Photo : EFE/EPA/Julien de Rosa

Enfin, il devient exaspérant quand son équipe et ses partenaires ne sont pas bien. Il décide alors de prendre les choses en main en voulant faire la différence tout seul. Mais en face, ses adversaires le savent et ils viennent alors fermer autour de lui à deux ou à trois. Oui, ils savent qu’il y aura des joueurs libres ailleurs, mais ils ont compris que le brésilien ne lâcherait plus son ballon.

Oui, le brésilien doit grandir de ce côté-là. Il doit prendre conscience que ses adversaires le provoquent en toute connaissance de cause. Quand il décide de prendre les choses en main, il doit décider de le faire avec ses partenaires, se servir d’eux pour faire la différence mais aussi leur montrer qu’il a confiance en eux. C’est aussi ça un leader technique. Enfin, quand il est moins bien, il doit apprendre à jouer plus vite et simple. Sa vision du jeu et sa qualité de passe doivent lui permettre de faire tout cela en un minimum de touche de balle.

Mais tout n’est pas de sa faute

Il serait bien trop simple de tout mettre sur le dos du brésilien. Le football est un sport collectif et tout est lié. Même s’il est capable de prendre le ballon et de faire la différence seul, il la fera encore plus avec ses partenaires.

Les autres doivent l’aider en mettant du mouvement autour de lui. Cela lui offrira des solutions de passe, obligeant alors les adversaires à ne pas mettre trop de densité autour de lui et à être obligés de surveiller les autres joueurs. Ce mouvement permettra au brésilien de se retrouver en un-contre-un ou un-contre-deux, mais pas trois ou quatre.

Oui, les entraîneurs sont aussi responsables des problèmes de l’ancien joueur de Santos. Ils doivent connaître leur joueur pour savoir que dire au collectif « donner le ballon à Neymar, il va faire la différence », est contre-productif. Le brésilien le prend au premier degré. Il faut trouver le bon discours et la bonne stratégie. Mettre un collectif en place pour maximiser les qualités du brésilien, mais ne pas tout faire reposer sur lui.

Oui, les entraîneurs sont responsables de son comportement, parce qu’ils laissent faire. Quand le numéro 10 parisien entre dans un défi et oublie ses partenaires et le respect du jeu, l’entraîneur doit remettre de l’ordre et recadrer le joueur. À l’image de l’enfant gâté à qui les parents disent toujours oui, doit-on accuser l’enfant d’une crise de nerf pour avoir reçu un refus ? Non. Les parents sont-ils coupables de ne pas recadrer l’enfant ? Oui.

Pour éviter la frustration, et parce que le brésilien aime le duel, le dribble, qui font partie de sa vie, il faut presque faire un deal avec lui : « Quand le match est plié, je te laisse t’amuser un peu ». Ça peut paraitre surréaliste, mais ça fait partie des ressorts à utiliser. À Barcelone, quand Cruyff était entraîneur, Romario voulait absolument se rendre au Carnaval de Rio. L’entraineur catalan, pourtant pas réputé pour faire de cadeau, mais comprenant la personnalité du brésilien, lui demanda de faire la différence et de marquer deux buts, condition pour le laisser rejoindre le Brésil. Le champion du monde 1994 s’exécuta et inscrivit deux buts en 20 minutes. Il demanda à être remplacé, ayant rempli son contrat. Le coach s’exécuta, déclarant qu’il « devait respecter sa promesse ». Il ne faut jamais changer un joueur et son caractère mais le faire évoluer pour le bien de tous.

Oui, Neymar est indispensable au PSG pour rêver de monter sur le toit de l’Europe. Oui, Neymar est un joueur exceptionnel sur le terrain, qui sait à peu près tout faire, et même défendre quand il est bien dans son match. Oui, Neymar est comme l’enfant à qui on n’a jamais fixé de limite et qui peut tout faire exploser par un comportement égoïste. Mais oui, Neymar a au moins cette force de ne jamais se cacher sur un terrain, même quand il est moins bien.

À 28 ans, le joueur doit ouvrir les yeux sur ses défauts. S’il passe ce cap, il a toutes les cartes en main pour emmener avec lui ses partenaires à faire du PSG un futur vainqueur de la Ligue des champions. Sans cela, il restera comme un joueur de grand talent, qui aura illuminé certaines soirées, mais qui laissera un goût d’inachevé.

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