Les grands sportifs sont aussi des êtres humains
Dans un reportage qui sera diffusé par DAZN, Neymar a dévoilé que la coupe du monde 2022 pourrait être sa dernière compétition avec la seleçao. Une révélation qui peut être mal interprétée mais qui s’explique parfaitement.
On a parfois tendance à croire que les joueurs sont des robots, qu’avec les salaires qu’ils touchent, on ne va pas les plaindre et qu’eux-mêmes ne devraient même pas avoir le droit de le faire. Or, tout n’est pas si simple.
On oublie souvent que ces joueurs n’ont pas forcément eu de construction adolescente. Très tôt, ils ont été exposés médiatiquement, obligés de répondre à des exigences et une pression que de nombreux adultes auraient u mal à supporter.
Dans le cas du brésilien, c’est encore pire. Dès l’âge de 16 ans, il fut montré comme le nouveau Pelé, grâce à ses qualités, mais aussi le club de Santos dont le roi était aussi issu. Très vite, son transfert vers l’Europe fut le sujet de discussion, jusqu’à ce qu’il signe à Barcelone.
À 22 ans, il a dû porter la seleçao lors de la coupe du monde organisé au Brésil, devant ses supporters, dans un pays où le football est une religion. Il l’a d’ailleurs parfaitement fait jusqu’à ce quart de finale où il va être gravement blessé, passant tout près d’une fin de carrière prématurée. Deux ans plus tard, ce fut lors des jeux olympiques qu’il renouvela la performance mais avec une victoire à la clé.
Transféré au PSG en 2017 pour une somme record (222M€), il fut victime d’une première grave blessure, en février 2018, qui ne lui permit pas d’arriver en pleine possession de ses moyens lors de la coupe du monde 2018 en Russie. Pourtant, les médias ne lui ont trouvé aucune circonstance atténuante et n’ont fait que juger son comportement, l’exagération de ses chutes lors de certains contacts. Le Brésil fut éliminé en quart de finale face à la Belgique. En 2019, nouvelle blessure importante. Manquant la copa America, il va voir le Brésil sacré sans lui.
Neymar est international brésilien depuis 2010. À chaque compétition, à chaque match, tout le monde a les yeux rivés sur lui. L’entendre dire qu’il pourrait jouer sa dernière grande compétition au Qatar, en 2022, n’est pas anodin.
De nombreux athlètes sont en dépression, mais très peu osent l’avouer
Chaque être humain est différent et l’argent n’achète pas tout. Le brésilien n’est peut-être plus heureux d’être en permanence sous le feu des critiques. Le brésilien vivait, il y a encore quelques mois, le football comme un jeu. Peut-être qu’il ne le voit plus de cette façon.
Dans la tête des brésiliens, surtout les joueurs offensifs, comme Romario, Robinho, Ronaldinho, Ronaldo, pour ne pas tous les citer, le football est le prolongement de leur vie. Ils aiment la fête et s’éclater comme ils aiment dribbler et s’amuser sur le terrain. S’ils n’ont plus cela, ils ne sont plus heureux.
De nombreux footballeurs, mais plus globalement de nombreux sportifs de haut niveau, vivent des moments comme cela dans leur carrière, des moments de doute, presque de dépression. Si les propos de Neymar interpellent, c’est que les autres ne l’avouent pas, de peur d’être raillés, moqués. Dans le sport, il faut montrer du caractère, mais aussi ne pas se plaindre parce que les sommes perçues, la majorité des gens ne comprendraient pas qu’un athlète puisse se plaindre. Comme ils n’osent pas en parler, on l’apprend après leur carrière, mais c’est aussi à ce moment, à force d’avoir caché son mal-être, que beaucoup sombre totalement dans la dépression. À force tout contrôler, ils se rendent inhumains (ou surhumains) et on ne comprend alors pas leurs états d’âme.
Pour le PSG, les supporters vont avoir encore plus de mal à l’intégrer. Ils vont se demander pourquoi avoir prolongé un joueur qui n’a (presque) plus envie, mais aussi pourquoi lui a accepté cette prolongation.
Mais on peut aussi voir la chose dans l’autre sens. Cette révélation ne rend-elle pas le brésilien plus humain ? Peut-être même que le dire, ça le soulage d’un poids. D’ailleurs, il n’a pas parlé d’arrêter le football mais la sélection. Peut-être que les voyages à chaque rassemblement, ajoutés à la pression à chaque rencontre, il n’en veut plus, mais qu’il aime encore assez le football pour continuer à jouer en club.
Reste désormais à savoir si c’est un spleen passager ou si le mal-être est plus profond.