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La polyvalence, oui, mais pas trop

Entre Danilo, Marquinhos ou Kurzawa, Thomas Tuchel utilise souvent des joueurs à d’autres postes que les leurs. Mais même si certains joueurs peuvent dépanner à certains postes, leurs performances montrent que ce n’est pas durable.

La polyvalence, peut être perçue de deux façons. Soit on considère que c’est un atout parce que cela permet de composer plusieurs équipes ou plusieurs systèmes avec les mêmes joueurs, mais aussi parce que cela permet à un joueur barré par un autre de jouer quand même à un autre poste. Soit c’est un défaut parce que ça signifierait qu’on ne sait pas vraiment où mettre un joueur, voire qu’il n’a pas assez de qualités pour s’imposer à un poste.

Évidemment, un joueur professionnel doit, malgré tout, être capable de s’adapter à plusieurs postes. On peut même, si on veut pousser plus loin, dire qu’un professionnel peut jouer partout. La finalité est plutôt de savoir s’il peut être bon ou très bon partout, et ça, c’est autre chose.

Des parisiens baladés

Prenons l’exemple de Tiago Motta, excellent milieu devant de la défense. Oui, il pouvait jouer en défense centrale, et il l’a d’ailleurs fait ponctuellement, en cours de match, pour compenser une expulsion. Mais est-ce que réellement, il était performant à ce poste ? Non, il dépannait.

Aujourd’hui, au PSG, Marquinhos, Danilo, Diallo, Kurzawa, Kehrer, voire Draxler ou Di Maria, ont été amenés par Thomas Tuchel à évoluer à d’autres postes que ceux auxquels ils ont réalisé la très grande majorité de leur carrière. Mais sont-ce des réussites ?

Lors des deux saisons précédentes, Marquinhos a régulièrement évolué au milieu de terrain. Oui, il possède assez de qualités pour dépanner ou pour jouer dans une configuration bien spécifique : quand le PSG n’est pas gêné par un adversaire qui joue avec de l’intensité et de la densité. Si c’est le cas, le brésilien est en difficulté car il n’est pas à l’aise pour jouer vite et il ne possède la culture du poste, à savoir une orientation du corps qui devrait lui permettre de recevoir et d’être orienté pour jouer vers l’avant.

C’est normal puisqu’il a été formé comme défenseur central. À ce poste, il a le jeu devant lui. Ses qualités de jeu long, de lecture de jeu mais aussi la force qu’il montre pour défendre en avançant et donc faire avancer le bloc équipe et le garder compact sont essentielles.

On peut faire le constat inverse avec Danilo. Quand il est aligné en défense, il peut dépanner, mais contre des adversaires qui manquent de profondeur et qui joue avec un attaquant de duel, de contact, plus que dévoreur d’espace. Son manque de vitesse est alors criant.

On peut également citer Diallo. En défenseur axial gauche, il est correct. En latéral gauche, si Paris préfère un joueur plus défensif, il fait le travail. En revanche, en axial droit, ses limites de gaucher posent problème. Pour relancer, il est alors mal orienté, et pour défendre, il a du mal à se retourner dans ce sens-là. C’est toujours le même constat : oui, il peut dépanner exceptionnellement contre un adversaire limité, mais il ne sera jamais performant contre un gros adversaire en tant que défenseur axial droit.

Dans cette folie de repositionner des joueurs, le positionnement de Kurzawa, défenseur axial gauche, interroge fortement. Dans son positionnement, sa lecture du jeu, mais aussi les caractéristiques du joueur, on voit bien que ça pose problème. Alors oui, il compense par sa vitesse et ne boude pas de ne pas évoluer à son vrai poste. Mais là aussi, on voit bien que ça ne peut pas être une solution viable à long terme.

Ceux qui pourraient mais…

Chez les joueurs polyvalents, il y a ceux qui pourraient apporter parce qu’ils en ont les qualités, mais qui déçoivent. Le symbole, c’était Rabiot. Oui, il avait toutes les qualités pour jouer devant la défense. Un de ses meilleurs matchs au PSG fut la rencontre aller de Ligue des champions face au Barça remportée 4-0 où il réalisa, au poste de sentinelle, un match de très haut niveau. Mais il ne voulait pas jouer à ce poste sur la durée.

Aujourd’hui, Di Maria pourrait entrer dans cette catégorie. L’argentin a les qualités pour évoluer dans le trio du milieu. Jeu court, jeu long, vision du jeu, qualité technique pour sortir des petits espaces et de la densité, ils possèdent la panoplie du très bon milieu de terrain.

Au Real Madrid, en 2014, barré par Gareth Bale, Ancelotti l’utilisera à ce poste avec le succès qu’on connait, puisqu’il permettra au club espagnol de remporter la Ligue des champions, la fameuse décima. Mais il quittera le club après cette victoire pour rejoindre Manchester parce qu’il ne souhaitait pas continuer à évoluer au milieu.

Plusieurs fois, depuis qu’il est à Paris, l’idée a été évoquée de l’utiliser dans le cœur du jeu. Mais ça n’a jamais été plus loin. Ces derniers temps, mis sur le banc, Thomas Tuchel a essayé de le relancer au milieu et ça n’a pas marché. L’argentin donnant l’impression de ne pas vouloir jouer. Est-ce à cause du poste ou parce qu’il a été écarté du onze titulaire ?

Contre l’OL, il a joué dans le trio du milieu, à droite. Il fut donc inefficace puisque jamais orienté pour trouver des angles de passes. Puis, doucement, il est monté se placer plus haut, comme troisième attaquant, délaissant alors Verratti et Paredes seuls au milieu. Était-ce un choix de l’entraineur ou une initiative de l’argentin pour montrer son mécontentement ? En tout cas, il fut remplacé à la 65ème minute.

Avec lui, Draxler est également un joueur qui a des qualités pour évoluer à plusieurs postes, que ce soit en attaque ou au milieu. Déjà utilisé en relayeur, et même dans les deux milieux dans un 3-4-3, l’allemand a déjà réalisé de belles performances. Lui aussi possède une qualité technique qui lui permet de sortir de la densité, mais aussi de bien s’orienter pour se retrouver face au jeu.

Son problème, c’est la régularité, mais aussi l’envie de se faire mal. S’il faisait grimper le curseur de l’état d’esprit, de l’envie, il pourrait être un excellent milieu de terrain. Sauf qu’on a l’impression que l’allemand veut toujours être élégant, cela, allié à une nonchalance parfois exaspérante.

La polyvalence oui, mais pas à tout prix et pas avec n’importe qui

Oui, beaucoup de joueurs sont capables d’évoluer à un, deux, voire trois postes. Mais cette polyvalence ne doit pas être utilisée n’importe comment et à tout prix.

Dans chaque composition d’équipe, l’entraineur doit analyser l’adversaire, ses qualités et ses défauts. Ensuite, voire les joueurs qu’il a à disposition. En fonction de cela, il doit alors se demander quel onze est le plus adapté pour vaincre. Enfin, dans sa réflexion d’utiliser des joueurs à des postes qui ne sont pas leurs postes de prédilection, il doit se demander si le joueur possède les qualités pour être performant à ce poste, si ça convient à l’adversaire, mais aussi si ça convient aux associations de sa propre équipe.

Par exemple, oui Paredes est meilleur devant la défense mais il peut aussi évoluer en relayeur. Mais si je l’aligne avec Danilo et Verratti, mon trio sera-t-il performant ?

Pour ceux qui se souviennent du PSG de Luis Fernandez entre 1994 et 1996, Daniel Bravo était un attaquant que Luis avait reconverti en milieu. Surnommé le petit prince quand il a commencé en pro, Bravo devenait moins efficace en attaque. En revanche, il avait un gros volume de jeu, et possédait une très belle technique, lui qui évoluait en numéro 10 à ses débuts. Ce rôle de joueur devant la défense correspondait alors parfaitement à son style, mais aussi au style de jeu que Fernandez voulait imposer.

Finalement, il n’y a pas de vérité. Mais la polyvalence est un vrai atout, si elle est utilisée à bon escient.

crédit photo: foot01.com

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