Old Mercato : Pedro Miguel Pauleta, l’aigle des Açores
Pour ce nouvel article d’Old Mercato, Paris United vous propose de revivre le parcours de celui qui fut probablement le numéro 9 le plus marquant des années 2000, j’ai nommé Pedro Miguel Pauleta.
La saison 2002-2003 n’aura sans doute pas été la plus remarquable de l’histoire du PSG, les difficultés financières, la mésentente Ronaldinho-Luis Fernandez et une finale de Coupe de France perdue laisseront le souvenir d’un exercice en demi-teinte, dont une timide 11ème place en championnat de France. Pourtant, sans le savoir, le PSG s’apprêtait à accueillir celui allait devenir l’un des meilleurs buteurs de son histoire et le rester pendant près d’une décennie, un certain Pedro Miguel Pauleta. Eté 2003, il est évident que le PSG a besoin d’une restructuration, et celle-ci commencera par l’arrivée du duo Francis Graille – Vahid Halilhodzic en direct du LOSC, respectivement président et entraîneur.
Toutefois, l’espoir va venir de Bordeaux : avec ses 23 buts et son titre de meilleur joueur de Ligue 1 pour la saison 2002-2003, Miguel Pedro Pauleta semblait être le complément idéal à Ronnie.

Une association qui faisait rêver, mais qui ne va pas se concrétiser. Tel un écho à un évènement qui allait se produire durant l’été 2017, le génie Brésilien fera le chemin inverse, quittant Paris pour rejoindre le FC Barcelone contre un montant d’approximativement 30 millions d’euros (un record en termes de ventes à l’époque), mais qu’importe, le grand buteur qui manquait tant au club venait d’arriver.
Saison 2003-2004, objectif ? Renouer avec la victoire

Six ans, c’est le nombre d’années de disette qu’a connu le PSG, six longues années passées sans gagner le moindre titre, comme si le club de la capitale n’attendait qu’une chose, un joueur capable de renverser la tendance, et ce dont beaucoup s’étaient mis à rêver se produisit.
Le 29 mai 2004, le PSG se qualifie pour la deuxième année consécutive en finale de la Coupe de France, face au LB Châteauroux (Ligue 2), et cette fois, impossible de laisser passer le trophée. Pourtant, le match s’avéra plus compliqué que prévu, et il faudra attendre la 65ème minute pour que le PSG trouve enfin le chemin des filets grâce à une tête de Pauleta sur un centre de Fabrice Fiorèse. Le score ne bougera plus, et les plus sceptiques devront faire face à l’évidence « l’Aigle des Açores » était bel et bien devenu ce jour-là, l’attaquant capable de faire remonter le PSG sur le podium. Le PSG termine 2ème du championnat de France la même année, cette place aura malgré tout un goût amer pour la plupart des supporters : vainqueur 1-0 face à Lyon lors de la 37ème journée grâce à un but de Pauleta dès la 5ème minute, le club de la capitale finira la saison 3 points derrière les Gones.
Le spécialiste des classicos
S’il y a bien un match qu’il est impossible de perdre, c’est le classico : les duels PSG/OM ont marqué des générations de joueurs et de supporters depuis la fin des années 80. Tous n’ont pas toujours été à la hauteur, certes, mais la plupart ont su relever et remporter le défi sans trembler, et Pauleta était de ceux-là. Certains diront que tout ce qui importe lors d’un classico, c’est la victoire, peu importe la manière, peu importe le film du match, savoir qui a mené ou si le jeu était beau à regarder… Mais d’autres diront que la manière doit bel et bien être là, qu’un PSG/ OM ne peut pas se permettre d’être terne, qu’il faut faire comprendre à l’adversaire qui était le meilleur ce soir-là.
Le 25 Avril 2004, Pauleta va prouver que si Paris est Magique, ses joueurs le sont tout autant. Pour la 33ème journée de Ligue 1, Pauleta, Ljuboja, Sorin & consorts accueillent l’OM de Barthez et Drogba, futur meilleur buteur du championnat de France cette même année. D’un côté, le PSG ne pouvait, et surtout ne voulait pas laisser passer 3 points si précieux dans la course au titre, d’un autre, l’OM n’était qu’à 4 points d’une place qualificative pour l’Europe la saison suivante, le ton était donné, le match allait être grandiose. Il ne faut que 12 petites minutes pour que Pauleta marque le but de l’année. Sur une passe de Sorin, l’attaquant portugais dévie la balle hors de la surface, se retourne, et à la limite de la sortie de but, et parvient à trouver le cadre avec un magnifique tir lobé : l’art et la manière de battre le rival. Score final : 2-1, doublé du numéro 9 parisien.
Saison 2005/2006 : Et une de plus !
Il existe des moments où certains joueurs semblent impossible à arrêter, l’équipe adverse a beau tout tenter : changement de tactique, défense rapprochée, rien n’y fait. Cela dure généralement 90 minutes et le joueur en question repart avec la balle du match sous le bras, mais parfois, cela dure la saison entière. Soyons bien d’accord, durant la saison 2005/2006, Pauleta a clairement fait partie de la deuxième catégorie.
Les mercatos de 2004 et 2005 auront donné lieu à une restructuration importante de l’équipe : exit Ljuboja et sa crête blonde, Coridon et son inoubliable aile de pigeon, Sorin et sa grinta, ou encore Ogbeche, le plus jeune buteur de l’histoire du club du haut de ses 17 ans. Pour aborder la saison, le buteur portugais peut compter sur des nouveaux venus, arrivés cette année ou la précédente, et ceux-ci se nomment Rothen, Kalou, Yepes, Dhorasoo ou encore Armand…
Le 20 Avril 2006, tout le monde attend avec impatience le résultat des demi-finales de la Coupe de France. D’un côté, le PSG est opposé à Nantes, de l’autre, l’OM face au Stade Rennais, autant dire qu’un seul mot résonne dans l’esprit de tous les supporters : « Classico ». Le vœu est exaucé 90 minutes plus tard, victoire 2-1 des Parisiens et 3-0 des Marseillais, rendez-vous au Stade de France. Impossible de rêver d’un plus beau théâtre pour se départager, il faut dire que depuis quelques années, les performances parisiennes face aux phocéens faisaient rêver, mais cette fois, l’enjeu est bien plus grand, le vainqueur remportera la Coupe de France. Menés par un Pauleta arborant le brassard de capitaine, les Parisiens font honneur à leurs couleurs : but de Kalou à la 6ème minute, puis de Dhorasoo à la 49ème. Les Marseillais réduisent le score par Maoulida à la 69ème minute redonnant de l’espoir aux olympiens, en vain. Coup de sifflet final, victoire 2-1, le Paris Saint-Germain vient de remporter le trophée pour la 7ème fois de son histoire, en moins de quarante ans d’existence.
Si Pauleta ne trouve pas le chemin des filets en finale, les gardiens de but de l’époque ne l’ont certainement pas oublié pour autant. Avec ses 21 buts en championnat, celui-ci fut sacré meilleur buteur durant l’exercice 2005-2006, histoire de conquérir encore un peu plus le cœur des supporters parisiens.

Vingt ans d’attente… Et puis 101 !
Certains records sont plus longs à faire tomber que d’autres, et ce n’est ni Cavani, ni Pauleta qui diront le contraire, mais c’est sans doute l’attente qui donne une réelle valeur ajoutée à certaines performances. Faisons un bref retour dans les années 80, jusqu’en 1987 pour être exact. Après avoir porté la tunique parisienne à 254 reprises, Dominique Rocheteau parvint à atteindre la première place du classement des meilleurs buteurs parisiens, avec 100 réalisations, surclassant ainsi ses prédécesseurs avec une moyenne de 0,39 buts par match. Il aura fallu attendre plus de 20 ans pour que le record tombe une nouvelle fois, car celui qui allait dépasser la barre symbolique des 100 buts faisait ses débuts en junior au SD Santa Clara (club portugais des Açores) à l’époque. Nous l’avons vu, Pauleta a marqué le club parisien dès sa première année, lui offrant cette Coupe de France tant désirée, pourtant, l’histoire aurait pu s’arrêter là, « l’Aigle des Açores » aurait pu simplement laisser le souvenir d’une lueur au début des années 2000, mais son talent en a décidé autrement.
Le 30 octobre 2007, Paris accueille Montpellier au Parc des Princes pour la Coupe de France, victoire 2-0, doublé de Pauleta, simple et efficace, mais voilà, celui-ci vient d’inscrire ses 99ème et 100ème buts sous les couleurs parisiennes, égalant le record de Rocheteau. Il ne lui restait plus qu’à pousser le cuir au fond des filets une dernière fois afin de rentrer définitivement dans l’histoire du club, et la question n’était pas comment, ni où, mais quand ?
Au bout d’une attente interminable d’un mois et demi, le record finit par tomber. Le 15 décembre 2007, une équipe de Paris en très mauvaise forme reçoit Toulouse. Malmenés pendant la rencontre et menés 2-0, il faut attendre la 90ème minute de jeu pour que les Parisiens retrouvent le sourire. Suite à une faute sur Mario Yepes, l’arbitre siffle un penalty pour le Paris Saint-Germain. Tout le monde retient son souffle : Pauleta s’élance, arme sa frappe et tire. Le ballon part à droite, Douchez également, mais finalement le portier s’incline, et le joueur parisien devient officiellement le meilleur buteur de l’histoire du club. Au final, on ne retiendra pas la performance du PSG en Ligue 1 cette saison, au cours de laquelle le club a frôlé la correctionnelle, terminant 16ème à trois points de la zone des relégables. Etonnement, on ne retiendra peut-être pas non plus la victoire en Coupe de la Ligue, mais très certainement ce but inoubliable de Pedro Miguel Pauleta.
Clap de fin…
Peu après avoir tiré sa révérence en équipe nationale le 8 Juillet 2006, laissant derrière lui des statistiques plus qu’honorables, à savoir, 47 buts en 88 sélections ainsi qu’un titre de meilleur buteur de l’histoire du Portugal obtenu après avoir battu le record du légendaire Eusébio, Pedro Miguel Pauleta mis fin à son histoire aux côtés du PSG deux ans plus tard, aux termes de la saison 2007-2008. Même s’il serait injuste de résumer le parcours exemplaire du joueur à quelques chiffres, il convient de rappeler que « l’Aigle des Açores » a trouvé le chemin des filets 109 fois en ayant porté les couleurs parisiennes à 211 reprises, qu’il a été élu deux fois meilleur buteur du championnat de France, en 2006 et 2007 après avoir marqué respectivement 21 et 15 buts, ou encore, qu’il a été nommé à deux reprises au sein de l’équipe type UNFP de l’année, en 2003 et 2006.
…. Puis nouveau départ
Parfois, on pense que la carrière d’un footballeur s’arrête une fois que celui-ci raccroche ses crampons, c’est sans doute vrai pour certains, qui quittent définitivement le monde du football, mais il y a des exceptions et encore une fois, Pauleta en est une. En 2010, l’attaquant lusitanien a joué quelques matchs de plus, les derniers, au sein de la modeste équipe de São Roque où joua son père, juste le temps de lui permettre de remporter une coupe régionale, avant d’être nommé, en 2013, vice-président de la Fédération Portugaise de Football. Résolument tourné vers le monde associatif, Pauleta est aujourd’hui président d’une fondation qui porte son nom. Créée en 2006, celle-ci a pour objectif de promouvoir le sport (en particulier le football) à des fins sociales.
Enfin, resté parisien dans l’âme, Pedro Miguel Pauleta a inauguré la première académie du PSG située au Portugal en 2017, et continue d’œuvrer dans l’ombre pour permettre au club de la capitale de continuer à rêver plus grand.