Adrien Rabiot : l’éternel regret
Presque un an après son départ pour la Juventus de Turin, que reste-il de l’image d’Adrien Rabiot au PSG ? Pas grand chose malheureusement, et pourtant l’ancien « titi » avait tout pour réussir sur la durée dans la capitale française, à la manière d’un Totti où d’un Maldini. Revenons sur son parcours et ses choix durant ses années parisiennes.
Repéré par Carlo Ancelotti
Contrairement à ce que beaucoup pensent, Adrien Rabiot débarque assez tard au PSG ( 15 ans). Il est d’abord passé par le Pau FC et Manchester City. Deux expériences malheureuses pour lui. Loin de sa famille, notamment de son papa qui victime d’un AVC est malheureusement resté paralysé quasiment à 100%. Il décide de retourner dans sa région natale avec l’aval de sa mère Véronique Rabiot, qui en plus de devoir gérer une fratrie de trois enfants jouera le rôle d’agent d’Adrien. C’est donc en 2010 qu’il intègre le centre de formation du PSG et seulement deux ans plus tard qu’il signera son premier contrat professionnel (en juillet 2012). C’est Carlo Ancelotti entraîneur à l’époque, qui demande au directeur de la formation Bertrand Reuzeau de lui faire monter quelques jeunes. Adrien Rabiot est l’un d’eux et tape instantanément dans l’oeil du technicien italien. Et de là tout s’enchaîne très vite, cette même année il participe à la tournée estivale aux Etats-Unis, premier match dans l’élite un mois plus tard face à Bordeaux puis premier match de Ligue des champions en novembre face au Dynamo Kiev en tant que titulaire. Une ascension fulgurante. Visiblement pas assez rapide pour lui car dès la mi-saison, peu satisfait de son temps de jeu il sera prêté (sans option d’achat) à Toulouse. Les prémices d’une relation qui se révèlera toujours compliquée en interne. Car en parallèle, une autre tension apparait, le jeune « titi » ne comprend pas le refus de la direction quant à la venue de sa maman au stage d’hiver au Qatar alors que les femmes des joueurs sont présentes. Il profitera de ce passage en Garonne pour inscrire son premier but en Ligue 1. Le TFC fera tout pour le conserver mais la direction parisienne est très consciente du potentiel de ce joueur.
Installé par Laurent Blanc
La saison suivante avec l’arrivée de Laurent Blanc, Adrien Rabiot gagne du temps de jeu, il marque son premier but sous les couleurs parisiennes dès le mois d’Août. Et tout semble aller pour le mieux. Mais à l’inter-saison 2014 alors qu’il vient tout juste de devenir champion de France pour la deuxième fois à seulement 19 ans. Nouvelles tensions avec la direction qui lui reproche un transfert avorté à l’AS Roma ainsi que son refus de prolongation de contrat. Il s’engage finalement jusqu’en 2019 quelques mois plus tard et réintègre le groupe. Adrien Rabiot continue de progresser malgré ces problèmes extra-sportifs,et finit la saison en nourrissant beaucoup d’espoirs chez les supporteurs parisiens. Des espoirs qu’il confirme l’année suivante. La saison 2015 / 2016 est celle de la confirmation pour lui. Lors du match de poule de Ligue des champions face au Real Madrid, il entre en jeu à la place de Marco Verratti à la 11ème minute de jeu. Il réalise une prestation exceptionnelle. Malgré la défaite (1-0), il est la grande satisfaction de ce match, d’ailleurs après ce soir-là, il n’y aura plus jamais une période de mercato sans qu’il ne soit demandé par un géant Européen.
Un cadre pour Unai Emery
L’arrivée d ‘Unai Emery sur le banc lors de la saison 2016 / 2017 marque un tournant dans la carrière d’Adrien Rabiot. C’est sous ses ordres qu’il devient un cadre important de l’équipe. Devenu titulaire indiscutable, il pousse même Blaise Matuidi vers la sortie. Son volume de jeu est impressionnant, il apporte de la taille au milieu de terrain, très à l’aise techniquement et en plus de tout ça, il est très souvent décisif. Il possède une très bonne frappe de balle et sa grande taille lui permet de marquer quelques buts sur coup de pied arrêté. Il est sélectionné en équipe nationale et sa côte augmente. Il est avec Edinson Cavani la seule satisfaction de cette saison marquée par la perte du titre au profit de Monaco et surtout par l’échec européen face à Barcelone. Mais en interne sa prolongation fait encore et toujours débat. Véronique Rabiot, agent et mère du joueur se montre inflexible quant à ses revendications et entretient des relations conflictuelles avec la direction parisienne jusqu’à la fin. Mais le contrat du joueur court jusqu’en 2019, il y a donc encore un peu de temps et surtout l’état major du PSG doit s’occuper de finaliser l’arrivée de Kylian Mbappé et Neymar. Des joueurs avec qui la connexion se fait instantanément. Surtout avec le Brésilien qui évolue côté gauche comme lui. Mais Rabiot est aussi amené à descendre au poste de sentinelle ce qui ne lui plait pas et encore moins à son agent/maman, et qui crée un énième sujet de discorde avec la direction.
Vice-Capitaine sous Thomas Tuchel
Conscient des qualités et de l’importance d’Adrien Rabiot dans l’équipe, mais surtout des tensions entre lui et la direction, Thomas Tuchel met tout en oeuvre dès son arrivée pour satisfaire son joueur, lui donnant même le brassard de capitaine en l’absence de Thiago Silva. Car la relation est au plus bas et tout le monde le sait, même les ultras. Une des scènes marquantes de cette saison 2018 / 2019, c’est ce match à Nîmes où après la victoire parisienne les joueurs partent applaudir et célébrer la victoire avec les ultras qui alpaguent Rabiot pour lui demander de rester : « Reste avec nous, t’es le seul vrai parisien, tu as ça dans le sang put.. » . Des mots forts qui témoignent de l’amour que lui porte son public. Mais finalement aucun accord ne sera trouvé. Devant son refus de prolongation qui implique de laisser le joueur partir libre sans indemnité de transfert en fin de saison. Le club suspend le joueur et Thomas Tuchel ne sera plus autorisé à le faire jouer. Dans le même temps, en janvier 2019. Adrien Rabiot doit affronter le décès de son père dix jours après celui de sa grand-mère maternelle. Une période plus que compliquée pour lui que ce soit côté professionnel et personnelle. Sa mise à l’écart du groupe dure jusqu’à la fin de la saison et malgré l’arrivée de Leonardo l’été suivant Adrien Rabiot file vers la Juventus de Turin pour rejoindre son ancien coéquipier, Blaise Matuidi.
La rancoeur des supporteurs parisiens est légitime, à la hauteur des espoirs et de la confiance qu’ils avaient placés en Adrien Rabiot. Un joueur avec du talent mais gâché par des mauvais choix et une mauvaise gestion. Que ce soit en club ou en équipe nationale. Il aurait pu représenter la formation parisienne au plus haut niveau et s’inscrire dans l’histoire de son club formateur. Le destin en a décidé autrement.
Crédit Photos : Gentside Sport, WordPress, football.fr, RTL.fr, Liberation