« Kylian est amoureux du PSG ».
Ils sont très peu à connaître aussi bien le Paris Saint-Germain que Didier Domi. Formé au club, le natif de Sarcelles y a évolué durant huit saisons en professionnel dans le couloir gauche, en tant que défenseur. En exclusivité pour Paris United, Domi revient sur son passage dans le club de la capitale, mais également sur le PSG actuel.
Que représente le PSG à tes yeux ?
C’est le club de Paris mais aussi de sa région. Le PSG, c’est Paris et sa banlieue. Quand j’allais au Parc avec mon petit village de Fontenay-en-Parisis, c’était magique. Cela paraît irréel quand tu es petit. En tant que joueur, il faut souligner que le Parc est un très beau stade. Quand tu viens de la banlieue et qu’un jour tu joues au Parc, c’est quelque chose d’inimaginable.
Toi qui vis au Qatar, quelle est l’importance du PSG pour les Qatariens ?
Elle est énorme. Si le PSG est revenu sur la scène mondiale il y a sept ans, le Qatar lui, est apparu sur cette scène en même temps.
Le PSG est extrêmement suivi, il y a beaucoup de Qataris francophones.
Le PSG a-t-il perdu son côté populaire selon toi, comme beaucoup le dénoncent ?
Non. Certes quand tu es un grand club, tu es obligé d’avoir plus de loges. Mais regarde le nouveau stade de Tottenham, le Real, le Barça… c’est comme ça dans tous les grands clubs.
Dans le fond, ce club est toujours populaire. Quand je rentre en France et que je vois le nombre de maillots de Paris… Au contraire, le club devient encore plus populaire. Quand tu vas à Aulnay, dans les banlieues, va voir le côté populaire de Paris. Il augmente.
En seconde période contre Saint-Etienne, Paris a évolué avec la moitié de l’équipe formée au club (Areola, Kimpembe, Rabiot, Nkunku, Diaby). Est-ce un vrai message envoyé aux jeunes ?
C’est un peu paradoxal. Avec les nombreux investissements réalisés et l’équipe actuelle du PSG, on aurait pensé que ce serait un peu comme à notre époque, où c’était très difficile pour un jeune du centre de formation de s’imposer. Au contraire, on voit beaucoup de jeunes sortir. C’est exceptionnel ce qui est en train de se passer au PSG à ce niveau. En tant que Parisien, ce que je regarde c’est la qualité du centre de formation. Quand je vois Rabiot, Areola, Kimpembe. Tuchel est exceptionnel car il n’hésite pas à les faire rentrer. Je vois des Dagba, des Diaby rentrer… c’est super. Bravo aux formateurs et à Tuchel. En tant que titi parisien, voir ce qu’il est en train de faire, j’adore. Et cela ne l’empêche pas du tout de gagner.
Tu as disputé une finale de coupe d’Europe avec le PSG (défaite en 1997 contre Barcelone 1-0 en C2), que manque-t-il au PSG selon toi pour franchir un cap ?
Il nous manque de l’expérience, de la qualité à certains postes. Il nous manque beaucoup de volume de jeu au milieu de terrain. Pour gagner la Ligue des Champions, il te faut une mentalité de vainqueur et un grand milieu de terrain. On l’a pas encore au PSG. Les choses doivent aller progressivement. L’arrivée de Buffon est une très bonne chose, il manque désormais un vrai numéro 6 qui donne de l’équilibre à l’équipe, comme Casemiro par exemple. Le principal est d’évoluer chaque année et d’apprendre de nos erreurs. Individuellement, on se rapproche du but, mais collectivement il y a encore du travail. Je pense qu’on va y arriver. Tuchel est bon, on a Neymar, Mbappé, Buffon… Tu ne gagnes pas une Ligue des champions comme ça, cela prend du temps.
L’équipe manque-t-elle de caractère ?
Oui. La claque à Barcelone, ça fait mal, mais c’est de l’expérience accumulée. Cela te montre là où il faut aller. C’est une leçon. A un moment donné, le caractère viendra avec toute l’expérience que nous aurons engrangée.
Le poste d’arrière gauche est un problème au PSG depuis le départ de Maxwell. Toi qui a évolué à ce poste, comment l’expliques-tu ?
La première chose à savoir, c’est que chez les jeunes, peu sont ceux qui veulent être latéral. Il est donc assez rare d’avoir des latéraux de très grande qualité. Les meilleurs sont donc dans les plus grand clubs européens. On est dans le top 8 mais pas dans le top 3 ou 4. Regardez où évoluent Marcelo, Alaba etc… Forcément tu te retrouves ensuite avec des joueurs un peu moins bons. Or, Paris recherche le top niveau, donc il y a un réel décalage entre Neymar, Mbappé et tes latéraux…
Tu es le premier numéro 29 de l’histoire du PSG, tu as donc transmis ton numéro l’an passé à Kylian Mbappé. Est-il un Ballon d’Or en puissance selon toi ?
S’il continue comme ça, il aura le Ballon d’Or un jour, bien sûr. Il peut même en avoir deux ou trois.
J’aime beaucoup Kylian car il est assez humble, il aime beaucoup Paris. Il aurait pu partir au Real mais non il est venu à Paris avec une grande envie. A son arrivée, il a eu conscience du fait que la star était Neymar, et qu’il a encore beaucoup à apprendre. Son amour pour le club, le fait qu’il vienne de Bondy, j’en ai beaucoup discuté avec lui. Ce que j’aime aussi, c’est son caractère. Il ne s’occupe que du terrain.
Ton meilleur et ton pire souvenir au PSG ?
Le meilleur : c’est lors de la finale de Coupe des Coupes en 1997 contre Barcelone. On arrive une heure et demie avant le coup d’envoi sur la pelouse. Je regarde les supporters de Barcelone à droite, il n’y a pas grand monde. A gauche, tu vois tout le virage parisien rempli, avec des chants, des couleurs. Emotionnellement, quand tu es un titi parisien, que tu es en finale face à Ronaldo et toute l’artillerie, et que tu vois cet élan populaire de ton public, c’est magnifique.
Le pire : La défaillance contre la Juve où on prend 6-1 (Supercoupe d’Europe 1997) au Parc. C’était très dur.
Quel est ton onze type de l’histoire du PSG ?
Lama – Tanasi, Roche, Ricardo, Sorin – Fernandez, Raï, Ronaldinho, Neymar – Weah, Mbappé
Une anecdote sur ton passage au PSG ?
Michel Denisot savait que j’aimais bien la musique un peu hip-hop. Un jour il me ramène une cassette avec des clips. J’entends les paroles, c’était très dur. C’était du Rap assez dur. Je me suis dis « Putain Denisot, il me file de la musique comme ça ». J’avais bien rigolé.
Interview réalisée par Clement Pernia