Interview de Marcos Vitette : « Les ultras du Paris Saint-Germain sont uniques »
Marcos Vitette est un journaliste sportif pour la télévision et la radio uruguayenne. Grand ami d’Edinson Cavani, il est venu deux fois à Paris, suivre son compatriote, au sein du club. Il est considéré en Uruguay comme le spécialiste du Paris Saint-Germain, vous avez déjà dû l’apercevoir plusieurs fois fêtant les titres du PSG 2017 et 2018 avec Edinson sur les pelouses du Parc et du Stade de France. Confinement et 11.000 kilomètres, oblige, je me suis entretenu avec lui au téléphone.
Est-ce que tu suivais le Paris Saint-Germain avant de connaitre Edinson Cavani ?
« Je connais le Paris Saint-Germain depuis tout petit. Parce que même avant lui, j’ai suivi des footballeurs uruguayens comme Diego Lugano, Cristian Rodríguez, Carlos Bueno, j’avais déjà ces maillots. Et puis comment ne pas connaître des joueurs passés par le club comme Ronaldinho, David Beckham ou Marcelo Gallardo, mais aussi des joueurs français historiques du club, que ce soient des internationaux ou des grandes figures. J’ai toujours beaucoup aimé les couleurs et le maillot du club. »
Qu’est-ce qu’il te plaît à Paris et au club ?
« Edi m’a invité deux fois a venir chez lui et j’aime beaucoup Paris, c’est un lieu historique: la Tour Eiffel, le Musée du Louvres, Notre-Dame, et tous les autres endroits touristiques. J’aurais voulu visiter d’autres endroits, me balader, mais j’accompagnais tout le temps Edinson: matchs, entraînements, on n’avait pas beaucoup de temps pour sortir.
Du club j’aime tout, le centre d’entraînement, le Parc des Princes, j’ai eu la chance d’y aller, les vestiaires, les loges, le musée à l’intérieur, et la coupe, quand j’y étais les visiteurs ne pouvaient pas la voir, j’étais privilégié, avec les joueurs. C’était incroyable de pouvoir assister aux entraînements aussi, les discussions dans le vestiaire, je connaissais tout le personnel, le staff du PSG, de la personne qui tient la porte, au cuisinier ! Tous très aimables, j’étais avec Edi, très content d’avoir pu rencontrer ces gens qui m’ont réservé un accueil magnifique. La boutique du club aussi, et la boutique des Champs Elysées m’ont fait rêver. Le Parc des Princes est magnifique, je l’ai vu avec les ultras et les supporters, mais aussi vide avec Edinson. C’est un privilège, on a pu faire une session de photos à l’intérieur du stade vide. »
Toi qui va souvent au Monumental (River), que penses-tu des supporters du PSG ?
« Les ultras du Paris Saint-Germain sont uniques, toujours derrière le club, tout le temps, en permanence. Ils ne s’arrêtent jamais de tout le match, à encourager les joueurs. Les drapeaux sont pas mal aussi. La présence des supporters est très importante pour les joueurs, il ne faut pas la minimiser. Je me suis même mis à apprendre les chants des ultras, c’est incroyable, comme me le dit toujours Edi: « avec une telle ambiance, un joueur va donner son maximum pour gagner le match, pour récompenser et remercier les ultras.» Ils sont affectueux, c’est un soutien indéfectible. Un des rêves, que j’aimerais accomplir un jour est de voir un match avec Edinson, au Parc des Princes, avec les ultras. Sauter, chanter, crier, avec les drapeaux. Dans les deux matchs que j’ai vus au Parc, je n’ai pas pu être avec eux. Ça serait une belle experience d’être avec les ultras je pense. «
Le club est-il populaire en Uruguay ?
« Ici en Uruguay, il y a pas mal d’enfants avec des maillots du PSG, de Cavani, de Neymar ou de Mbappé, surtout ces trois-là. Ce sont majoritairement ces trois là que l’on voit le plus. Mais il n’y a pas que les enfants qui portent le maillot de Paris, des adultes, tout aussi des supporters, ou simplement des personnes qui suivent le club. Depuis que le matador est à Paris, le club est devenu plus populaire. Vous devez penser que ça se passe dans le monte entier, mais ici en Uruguay, on voit énormément de maillots du PSG avec les enfants, qui les commandent au Père-noël, ou aux Rois mages. On les voit partout avec leur maillot, et pas que dans la rue. L’autre jour, en ville (San José), il y avait un anniversaire, tous les enfants portaient un maillot du PSG, la décoration, le gâteau, les ballons, tout était sur le Paris Saint-Germain. Ils jouaient avec Paris sur la Playstation, avec Edinson évidemment. Sa façon d’être et le fait qu’il soit en sélection, fait que les enfants adorent Cavani et le PSG ici. Les gens que je connais depuis toujours me demandent comment j’ai vécu l’expérience de me retrouver à Paris sur le terrain, faire un tour d’honneur et célébrer avec lui, enlacer tous les joueurs de l’équipe. Et de leur raconter comment était ma célébration de la Coupe de France sur la pelouse proche des ultras, où on me voyait sauter et crier de joie. Je suis allé en soirée avec les joueurs, fait plusieurs dîners, pour célébrer la fin de saison. Je me rappelle une fois, c’était au club-même. Mais partager ces dîners incroyables, dans l’intimité d’un club si important, avec autant de stars, ça a vraiment été une expérience inoubliable. »
Quand tu es allé à Amiens, au Stade de France, ou au Parc des Princes, quel souvenir en gardes-tu ?
« Lors de mon premier voyage, je suis allé à Amiens et lors de mon deuxième, à Caen. C’était dans les derniers matchs de la saison en 2017 et 2018. Je me rappelle que j’avais mis le maillot jaune, Lo Celso et Rabiot m’ont donné leur maillot à la fin match. Ces deux jolis petits stades c’est bien, mais j’ai préféré aller voir le match au Parc des Princes. Le mieux reste les deux finales au Stade de France en 2017 et 2018. Le PSG avait été champion de France et j’avais pu fêter le titre avec les joueurs sur la pelouse, c’était un moment privilégié, avec les familles, à la fin du match. Le fait d’être présent à ce moment, c’était vraiment incroyable. Je n’étais pas là quand Paris a perdu la coupe face à Rennes, il faut que je sois là pour qu’ils gagnent, avec mes ondes positive ! (rires). Mes moments préférés quand j’étais à Paris, c’est quand j’étais au milieu de la pelouse, beaucoup de personnes ont vu ces images en 2018, avec d’autres amis uruguayens. On a fêté ça avec Edi sur le terrain, on courrait partout (rires), avec les ultras c’était merveilleux, les joueurs sautaient et chantaient. Il y avait aussi les enfants d’Edinson. Fêter la coupe était incroyable. Mais aussi voir un but d’Edinson en direct à l’extérieur ou au Parc des Princes fut très émotionnel, je n’ai pas pu me retenir de pleurer de joie, parce que j’ai suivi tous ses buts à la télévision. Si je ne pouvais pas voir les matchs, j’essayais de les suivre sur Twitter. Voir en direct ces matchs, avec mon drapeau uruguayen était très beau. Tout ma vie je me rappellerai de ces moments, qu’il m’a permis de vivre. Il m’a invité, m’a accueilli chez lui à bras ouverts pendant un mois en 2017 et un autre mois en 2018. Et ça, je me le ressasserai toute ma vie. Amoureux du football et vivre ces rêves, cette expérience avec des gens merveilleux, et de toujours parler avec des supporters parisiens très gentils, sont des choses que la vie m’a offerte. »
Quand Edi partira, tu continueras à soutenir le club ?
« Quand Edinson partira, mon coeur sera toujours avec Paris, j’aimerais pouvoir venir cette fois avec ma famille, ma femme et mes enfants. Ça serait l’occasion de venir voir tous mes amis français. Et je pourrais passer plusieurs jours, à vraiment visiter Paris avec mes amis, tout en allant aux matchs avec ou sans lui. De toute manière, il reviendra un jour à Paris pour voir des matchs, quand il ne sera plus footballeur, comme le font les légendes du club. Quand il quittera le PSG, ça sera un moment difficile pour tous les supporters, mais aussi pour tout le staff et le personnel. Paris c’est beaucoup d’années pour lui. Je pense que ça sera difficile pour lui de savoir, qu’il joue son dernier match, ça sera un mélange de tristesse et de joie. »
Quel autre joueur uruguayen aimerais-tu voir à Paris ?
« Il y a Nicolás De La Cruz, milieu de River Plate (22 ans). Il a gagné le championnat CONMEBOL des moins de 20 ans avec l’Uruguay. Il vient d’être sélectionné pour les éliminatoires. C’est aussi un grand ami, si un jour il venait à Paris, c’est clair que tous les supporters uruguayens, regarderaient tous les matchs du Paris Saint-Germain. »
Tu as une collection de maillot impressionnante, tu peux me parler de ceux du PSG ? (Sa collection est visible sur son compte Instagram @marcosvitette)
« Je possède ceux de Rabiot, Thiago Silva, Lo Celso, Areola, Kimpembe, Aouchiche, Lucas, Lass, Thiago Motta et Marco Verratti, qui était très gentil quand j’étais venu. Je suis vraiment très heureux d’avoir autant de maillots de Paris. Evidemment mes préférés sont ceux d’Edinson, j’en ai de toutes les années, il me les offrait pour me faire des souvenirs. Mais aussi d’el Flaco, Pastore, j’en ai deux, ainsi que Motta, deux. J’ai aussi tous les vêtements du club, jogging, short, manteaux, maillots d’entrainements. Je suis souvent habillé en PSG (rires). »
Il y a beaucoup de Fan club officiel du PSG en Amérique latine, mais pas en Uruguay, pourquoi ne pas en créer un ?
« On voit des supporters du monde entier sur les réseaux sociaux. Que ce soit les argentins avec Di Maria ou les brésiliens avec Neymar, Silva, Marquinhos. Le club est européen mais il a des supporters partout sur le continent. Les gens qui me suivent sur les réseaux me posent souvent des questions sur le club ou sur Edinson, pour savoir comment va l’équipe. Il est clair que s’il n’était pas au PSG, je ne sais pas s’il y aurait autant de supporters uruguayens. En Uruguay, il y a beaucoup de pages et de comptes sur Edinson mais pas vraiment sur le club. Peut-être que je devrais en faire une, et me faire élire Président du Fan Club Uruguayen (rires). Le problème est qu’en quittant le club, je ne sais pas s’il resterait beaucoup de supporters pour créer un fan club. »
Toi qui est très proches des joueurs sud-américains et notamment de River Plate, sais-tu si certains aimeraient jouer à Paris ?
« Oui le PSG est toujours un rêve commun à beaucoup de footballeurs uruguayens et sud-américains. Ils rêvent de rejoindre un club, qui est si important ces dernières années. Il savent que ce n’est pas facile d’y évoluer, mais c’est un objectif pour beaucoup de ces jeunes. Ils se voient une trajectoire, liée, je pense, au parcours d’Edinson Cavani, sous ces couleurs. Mais ça sera difficile pour un nouvel avant-centre uruguayen du Paris Saint-Germain, il devra marquer plus de 200 buts et gagner beaucoup de titres pour rivaliser avec lui (rires). Le mieux serait un uruguayen à un autre poste, un défenseur ou un gardien. Un attaquant, ça serait trop difficile pour lui, il serait comparé en permanence avec Cavani. »
Comptes-tu revenir à Paris ?
« Il faut que je vienne avec ma famille à Paris, je n’ai pas pu aller voir la Tour Eiffel ni l’arc de triomphe. C’est toujours mon souhait de venir aux finales de la Coupe de France et de la Coupe de la Ligue et aussi au dernier match de la saison au Parc des Princes. »
Que penses-tu du fait qu’Edinson soit retourné en Uruguay, durant cette période de confinement ?
« Beaucoup de joueurs ont choisi de rentrer dans leur pays. Edi préférait être avec sa famille ici, il est en quarantaine avec sa mère, sa femme et ses enfants, il est à la campagne. Quand le club lui dira de rentrer, il reviendra à Paris. C’est difficile dans ces moments, pour un joueur étranger, d’être seul, loin de ses repères, de ses proches, de sa maison, de Salto. Si le club l’a autorisé, c’est une bonne chose, il s’entraîne seul dans sa campagne, comme tous les joueurs qui s’entraînent chez eux. Il est très respectueux, a toujours été aimable et gentil avec moi. J’espère que tout reviendra à la normale rapidement. »