Retour sur l’entretien avec Leonardo au Canal Football Club

Pour la première fois depuis son retour au Paris Saint-Germain, le directeur sportif brésilien Leonardo était l’invité du Canal Football Club. Plusieurs sujets ont été abordés : des cas de Covid-19 au sein de l’effectif au recrutement du vice-champion d’Europe en passant par sa relation avec Thomas Tuchel…

Pour cette première depuis 2012, le brésilien s’est montré volubile, mais surtout très protecteur vis-à-vis de son institution. En effet, lorsque Hervé Mathoux le questionne sur le bilan de la saison 2019-2020 et la probabilité que cette dernière soit la meilleure de l’histoire du club, Leonardo répond par son interrogation sur « le manque d’émotion généré par les récents succès parisiens ». L’ancien international revient sur le Final 8 et déclare sa « fierté d’avoir réussi à créer quelque chose de positif à Lisbonne », mais aussi d’avoir « redonné de l’orgueil aux supporters ». Toujours aussi tranchant, il répond à une question sur sa discrétion dans les médias ces dernières semaines par une absence de « besoin de parler ». Pour lui, les mots étaient avant tout réservés au groupe et il « attendait le bon moment pour faire le bilan, pour parler ». Voilà qui est maintenant fait.

« Tout le monde a des cas positifs, c’est normal. Paris en a, c’est un scandale. »

Actualité oblige, le champion du monde 1994 est interrogé sur les six cas de Covid-19 déclarés au sein de l’effectif parisien. Sa cible première, le réseau social Instagram, qu’il « n’aime pas, car il ne retransmet pas la réalité » et créé ainsi des légendes qui n’ont pas lieu d’être. S’il se définit comme « de l’ancienne génération, très liée à la discipline », il ne souhaite pas sanctionner les joueurs atteints. Pour lui, « ce sont des coéquipiers, des amis, qui sont partis ensemble en vacances, en famille ». Seconde cible, et non des moindres, la Ligue de Football Professionnel, responsable aux yeux du dirigeant « de ne pas penser aux clubs présents au Final 8 ». S’il est vrai que beaucoup se sont interrogés sur le choix de fixer la reprise de la Ligue 1 Uber Eats le jour de la finale de la Ligue des champions, Leonardo tient à préciser « qu’une demande de report des premiers matches de championnat a été émise dès la qualification en demi-finale assurée ». Interrogé sur les quatre prochains matches, qui auront lieu en seulement dix jours, il rétorque que le PSG « est prêt » et que des recrues viendront renforcer une « base solide ».

« On doit penser à vendre ou à être créatifs avant d’acheter ».

Ensuite, il a été longuement question du recrutement du champion de France. Si, bien sûr, la crise économique a impacté le budget du club, le directeur sportif tient à rappeler « l’impératif de respecter le Fairplay Financier ». Ainsi, si le Final 8 a permis de démontrer que « la base du groupe était solide », il conçoit que le groupe « a des besoins » comme « un défenseur droit », mais conclut que le PSG « doit aussi vendre avant de pouvoir acheter ». Interrogé sur le propos de Kylian Mbappé, demandant des recrues, Leonardo acquiesce, mais déclare « qu’il est impossible de recruter dix joueurs ». La réalité économique force l’exécutif parisien à repenser son recrutement. Est alors abordé le marché français, dont on sait qu’il regorge de jeunes joueurs à haut potentiel. Pour « Léo », la cellule de recrutement « regarde et suit les talents de Ligue 1, mais il faut avouer que trop souvent, le joueur français a le réflexe de partir à l’étranger plutôt que faire carrière en France ». Si pour lui, « Camavinga est un joueur incroyable », « Aouar, un beau joueur », la problématique budgétaire refait très vite surface.

Autre sujet lié au mercato, le renouvellement des deux figures de proue du projet parisien, Neymar et Mbappé. S’il déclare vouloir « continuer avec eux », il précise que « tout est clair pour tout le monde, il y a un temps pour tout », voulant ainsi dire que le temps des négociations viendra, mais plus tard…

Leonardo revient enfin sur les départs d’Edinson Cavani et de Thiago Silva. Pour lui, ces départs ne « sont pas faciles », car « ils incarnent l’histoire du club », mais il déclare « qu’il y avait besoin de renouveler » l’effectif, tant sur le plan sportif que financier. Il poursuit également à propos de Alphonse Areola, pour qui il « cherche une solution, car il a besoin jouer ». Quand on lui parle de la perte de leaders, le directeur sportif avance que d’autres ont pris le relais lors du Final 8, comme Neymar, « très positif pour le club », car « il maintient une bonne dynamique au sein du groupe ». Un groupe qu’il voit d’ailleurs comme « très bon, très jeune » et sur lequel « on peut construire ». Il renouvelle ainsi sa volonté première, celle de « donner plus de solutions au coach ».

En parlant de l’entraîneur allemand, le sujet est alors venu sur les rapports tendus entre les deux hommes que décrivent nombre d’observateurs. Le brésilien se défend de vouloir nuire à Thomas Tuchel, et répond même que « tout est clair ». Il décrit leur relation ainsi : « Nous sortons de la meilleure saison de l’histoire du club. Nous sommes à un tournant et nous partageons beaucoup ». Il ajoute même qu’à son arrivée, l’été dernier, il « aurait pu renvoyer l’entraîneur », mais qu’il ne l’avait pas fait, car il jugeait « qu’il n’avait pas à le faire ». Il réfute également avoir été en contact avec Massimiliano Allegri. Il conclut en rappelant que le Paris Saint-Germain « sort d’une bonne saison avec l’envie de faire encore mieux ».

Pendant près de 30 minutes, Leonardo est venu rappeler quel animal médiatique il était. Capable à la fois de dire tout et son contraire, il devient alors bien compliqué de faire dire au directeur sportif parisien autre chose que ce qu’il a envie de dire. Que sortir de cet entretien ? Rien ou presque. La réalité économique du club a fortement été impactée par le Covid-19 et le sera encore dans les mois à venir. Le recrutement ne sera pas aussi spectaculaire que ce que l’on aura pu voir par le passé et nécessitera forcément des départs. Rien de concret, mais au moins, nous avons la confirmation qu’en coulisses, les choses vont bouger.