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PSG : les alternatives à Antero Henrique

Malgré les difficultés rencontrées lors des derniers mercatos et les tensions internes, Antero Henrique est toujours sous contrat avec le Paris Saint-Germain. Les dirigeants du club disposent néanmoins de plusieurs alternatives au poste de directeur sportif. Sondés, contactés ou observés, passage en revue des profils qui pourraient enfiler le costume de directeur sportif.

 

Arsène Wenger, le technocrate 

Paris United s’est régulièrement fait l’écho des contacts privilégiées entretenus par l’ex-coach des Gunners avec la direction du club de la capitale. Si aucune avancée significative n’est à noter aujourd’hui, le profil national d’Arsène Wenger fait figure de priorité et occupe le haut de la liste des dirigeants qataris.

Débarqué sur la pointe des pieds à Londres en 1996, l’Alsacien a bâti un club à son image. Studieux, il a fait de sa personnalité atypique un atout. Cette stature, forgée par les années est la source des fantasmes des dirigeants parisiens. À Arsenal, il a imprimé sa vision, l’a marqué au fer rouge, indélébile, ou plutôt coulée dans le bronze d’un buste dressé à son effigie devant l’Emirates Stadium. Son mandat, couronné de 3 championnats, 7 Coupes d’Angleterre et d’une finale de Ligue des champions en 2006, aura connu d’inévitables tumultes, lot indissociable d’une telle longévité. Il en demeure un héritage, un business modèle, savamment érigé et sans commune mesure dans le football moderne.

Sportivement, le « professeur » a enterré le « boring Arsenal » pour imprégner un collectif de préceptes offensifs. Tourné vers un football de possession, de spectacle, il a su sortir Patrick Vieira du banc de la Juventus, faire changer de dimension Thierry Henry. Il a permis l’éclosion de Robin Van Persie, su convaincre Cesc Fabregas tout en usant de flair sur certains coups : Kolo Touré, Robert Pirès… Côté flops, on peut sans difficultés établir une équipe type des rendez-vous manqués : Gervinho, Denilson, André Santos, José Antonio Reyes ou encore Andrey Arshavin.

Adepte du « dépenser malin », contraint aussi parfois, l’Alsacien a appliqué aux Gunners un régime stricte et exigeant dans la lignée de la politique des actionnaires du club. À la clé ? Un stade dont l’investissement est pleinement amorti, une enceinte transformée en fort de la rentabilité – même si les prix des abonnements sont parmi les plus chères d’Angleterre -, des exercices budgétaires qui ne connaissent plus le déficit depuis 2000. Un profil de gestionnaire rigoureux, précieux compte tenu des contraintes du fair-play financier. La pédagogie du professeur Wenger, faisant autorité pendant plus de deux décennies, donne le sentiment de s’être heurtée aux ravages du temps. Au déclin de l’efficacité aussi. Sportivement, les succès se sont étiolés à mesure que les bonnes affaires se raréfiaient hors terrain. Lors de ses dernières années sur le banc des Gunners, l’Alsacien a changé son fusil d’épaule. Sortant plus facilement le chéquier, ses recrutements en demi-teinte – Xhaka, Lacazette, Aubameyang – donneront du grain à moudre à ses détracteurs sportifs. Un profil de gestionnaire et une stature qui nourrissent toutes les convoitises mais qui peuvent trancher avec les attentes sportives du club de la capitale tant il semblait ne plus être dans le coup sur la fin de son mandat à Londres.

 

Andrea Berta, le diplomate

Contacté en 2016 pour succéder à Patrick Kluivert, dont la nature des fonctions au PSG suscite encore les interrogations, le directeur sportif de l’Atlético Madrid s’était finalement vu devancé par Antero Henrique, alors libre de tout contrat. De cet échec il convient de préciser les multiples paramètres. Parmi lesquels, les exigences financières démesurées de l’Atlético, combiné à un contexte familial du principal intéressé peu propice au départ.

Il est des succès qui s’écrivent dans le temps, le parcours d’Andrea Berta, emprunt de patience, en est l’illustration même. Après des expériences à Parme et au Genoa, le technicien italien débarque à l’Atlético en 2013 en tant que directeur technique. L’italien sera l’un des principaux artisans du succès des « Colchoneros », champions d’Espagne en 2014 et atteignant à deux reprises la finale de la Ligue des champions. Malgré des débuts tumultueux avec Diego Simeone, il a su progressivement mettre l’Argentin dans sa poche. Intermédiaire brillant, maître de la conciliation, il s’est imposé comme un garant pacifique au service de la bonne relation entre direction et staff opérationnel. Conséquence, il se voit confier des pouvoirs élargis à la direction sportive en 2017. Berta, polyvalent, pilote depuis 5 pôles de direction : staff de l’équipe première, assistants du staff de l’équipe première, coordination du staff de l’équipe première, le staff de l’équipe réserve et une équipe de recruteurs et d’analystes.

Dans ses fonctions, l’ancien banquier est un fin négociateur. Discret dans sa communication, Andrea Berta donne peu de temps à la presse. Ce goût pour l’ombre ne l’empêche pas de mener à bien les dossiers sensibles. Sans expérience de joueur professionnel, il a cultivé son expertise sportive loin des vestiaires. Proche de Jorge Mendes, il dispose de nombreux réseaux en Amérique du Sud, en témoigne les bons coups réalisés sur le continent avec les arrivées d’Angel Correa ou celle de l’Uruguayen José Gimenez, recruté pour moins d’un million d’euros à Danubio. À la baguette dans les dossiers Mandzukic et Alderweireld, on le retrouve toujours à la manœuvre pour le recrutement de celui qui devient, en 2014 et pour 16 millions d’euros, le gardien le plus cher de l’histoire de la Liga : Jan Oblak. Le meilleur coup à mettre à son actif demeure l’arrivée, après d’intenses négociations, de l’international français Antoine Griezmann. Il faut se souvenir du contexte et de la concurrence acharnée livrée par le FC Barcelone à l’époque. Berta, une fois encore, y est pour beaucoup.

Malin à l’achat, le Lombard réalise également de belles opérations à la revente. À l’appui, les départs de Diego Costa ou Filipe Luis. L’Italien aura également effacé par lui-même le flop Jackson Martinez pour lequel il a déboursé 38 millions d’euros avant de le céder, un an plus tard, pour 43 millions d’euros en Chine. À 47 ans, Berta fait partie des jeunes du circuit et son principal atout réside dans sa capacité de renouvellement de l’effectif. Rigoureux, la balance de dépense nette de l’Atlético Madrid s’élève depuis 2013 à 91 millions d’euros, bien loin derrière les standards du PSG.

 

Guiseppe Marotta, l’architecte

À 61 ans, Giuseppe Marotta est un poseur de brique, un bâtisseur de génie comme le monde du football en produit peu. Tout juste arrivé à l’Inter Milan au mois de décembre dernier, il laisse à la Juventus Turin, après 10 ans de carrière, une trace indélébile. L’Italien aura bâti – ou du moins rebâti -, du sol au plafond avec le succès sportif que l’on connait.

Beppe Marotta commence par des petits pas. Du côté de Venise d’abord, où il contribue à remonter le club en Série A, puis à l’Atalanta avant de connaître sa première grande expérience à la Sampdoria de Gênes. Directeur général du club, il vit une deuxième montée en Série A en 2002-2003 avant de signer son premier gros coup en 2007 avec le recrutement d’Antonio Cassano, raflé au Real Madrid.

En 2010, il connait une promotion qui va bouleverser sa carrière en rejoignant la Juventus Turin. Il croisera alors un certain Jean-Claude Blanc dont la mission s’achève de l’autre côté des Alpes, tout juste remplacé par Andrea Agnelli. En interne, la réorganisation est totale. Marotta devra faire beaucoup avec peu. Malgré les nouvelles règles du fair-play financier que l’Europe entière découvre, les contraintes budgétaires sont loin d’entraver le travail du technicien italien. Beppe la brocante est adepte des bonnes affaires et peu porté sur la dépense, un grief qui lui sera régulièrement adressé par les tifosi. turinois. En 8 ans, il aura contribué à aligner 7 Scudetti consécutifs, 4 Coupes d’Italie et 2 finales de Ligue des Champions.

Sur le plan sportif, il est ni plus ni moins que l’instigateur d’une équipe hors du commun. Sa politique se caractérise par une froide rigueur financière, parfois excessive, et un flair incontestable pour dénicher les pépites du football moderne. Il débauche dès son arrivée Leonardo Bonucci et Andrea Barzagli l’année suivante, installant sans le savoir – peut-être ? – l’un des trio défensif les plus redoutés d’Europe. En 2011, il réalise un gros coup en s’octroyant les services d’Arturo Vidal en provenance du Bayer Leverkusen pour 10 millions d’euros. La même année, il place sa confiance en Andrea Pirlo arrivé gratuitement du Milan AC, persuadé qu’il pourra le relancer. Pari gagnant. Tout aussi audacieusement, il mise sur l’éclosion de Paul Pogba, blacklisté par Sir Alex Ferguson à Manchester United et qui viendra bientôt faire les beaux jours de la Vieille Dame. Loin de se satisfaire de garnir le rectangle vert, c’est lui qui souffle à l’indignation générale le nom de Massimilano Allegri pour prendre la relève d’Antonio Conte en 2014. Pari gagnant. Encore.

S’il est une affaire qui symbolise bien la clairvoyance de Giuseppe Marotta, c’est sans aucun doute le cas Tevez. Malgré son profil turbulent, forgé par des mois de conflits ouverts avec son ancien coach de Manchester City Roberto Mancini, l’attaquant de 29 ans débarque dans le Piémont pour moins de 10 millions d’euros. Et comme Marotta a l’habitude de gagner ses paris… La suite n’est que lumière. Après une première saison réussie, l’Argentin boucle son second exercice et empoche au passage le titre de Capo canonniere avec 32 réalisations. À 31 ans, l’Apache en a encore dans les jambes, pour une ou deux saison au moins. Malgré tout désireux de rejoindre son club formateur, Boca Junior, les dirigeants Bianconeri, peu disposés à aller au clash, ne s’opposent pas à son départ. Mais Giuseppe Marotta voit loin. Dans l’opération du transfert – conclu pour 6.5 millions d’euros – le technicien italien propose des clauses additionnelles. Ces dernières confèrent à la Juve 4 options sur de jeunes espoirs argentins. Pour moins de 10 millions d’euros chacun, la Vieille Dame disposera d’une option préférentielle sur ces talents de demain. Parmi eux, un certain Rodrigo Bentancur.

Sobre dans sa communication, peu adepte des grandes sorties médiatiques, Marotta est un personnage discret, souvent raillé, il a le tempérament de ceux qui encaissent les coups. Critiqué pour son caractère économe, plusieurs médias s’accordent à dire que son départ serait dû à l’arrivée, pour 100 millions d’euros, de Cristiano Ronaldo cet été. Son mandat à la Juve comporte également son lot d’erreurs (Matri, Quagliarella). Il est indispensable de souligner le travail de son ex-collaborateur, son binôme Fabio Paratici, qui l’a remplacé en tant que directeur sportif de la Juventus Turin.

Barry Hunter, le bonus

« Hunter » signifie « chasseur » en anglais, et c’est tout sauf un hasard. Directeur de la cellule d’observation du Liverpool FC, Barry Hunter est l’une des clés de voûte du succès des Reds ces derniers années. Même s’il ne fait pas vraiment figure de favori sur la liste qatari, le nord-irlandais de 50 ans a derrière lui une petite carrière de footballeur professionnel à Reading notamment, et quelques soutiens de poids.

Après sa reconversion, Barry Hunter fait déjà figure de baroudeur expérimenté en Premier League. Passé par Blackburn, Norwich et Manchester City, le cinquantenaire connait une carrière fulgurante dans le domaine du « scouting » – recrutement en anglais. Il est avant tout un homme de terrain, de ceux qui se déplacent, observent, produisent des rapports au kilomètre. Cheville ouvrière de la cellule de recrutement des Reds, brillamment pilotée par Michael Edwards, Hunter l’endurant enchaine les déplacements à l’étranger et dans les provinces anglaises. S’il est délicat de lui attribuer entièrement le succès de la politique de recrutement des Reds, surtout depuis l’arrivée au club de Jürgen Klopp, il n’en constitue pas moins l’un des maillons indispensables. La cellule est notamment à l’origine de plusieurs paris gagnants ces dernières années. Roberto Firmino, Sadio Mané et l’incontournable Mohammed Salah.

Après cette expérience, Barry Hunter pourrait être tenté par une pige parisienne. Au-delà de constituer une sérieuse promotion, l’homme de terrain pourrait s’avérer séduit par la perspective de s’exonérer de la hiérarchie à laquelle il est actuellement soumis pour accéder à une plus haute distinction, le poste de directeur sportif. Atout non négligeable, le candidat de la Mersey voit son nom régulièrement cité auprès de Nasser Al-Khelaïfi par un homme influent, Pini Zahavi.

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