Neymar, le mâle alpha masochiste
Pour la quatrième fois depuis son arrivée au PSG, Neymar va manquer un match éliminatoire de Ligue des Champions. Cruel bilan qui doit autant à la malchance qu’au manque de discernement du Brésilien à l’approche des grandes échéances.
Parce que la malchance est une justice obscure, il serait bien sûr tentant de brandir la carte du pas de bol. De parler de cette sombre malédiction qui frappe le PSG et Neymar presque chaque hiver depuis son retentissant transfert. De ces mauvaises nouvelles qui se succèdent à l’approche des rendez-vous européens qui comptent vraiment, de ces communiqués médicaux aussi glacials qu’un vent du Nord et de ces soirées que le brésilien devait illuminer autrement que par ses absences répétées.
C’est aussi parce que la malchance est un formidable alibi pour masquer ses propres carences que l’on pourrait se réfugier derrière une montagne d’excuses. Une vague de froid qui frappe la France depuis quelques jours, une titularisation inutile sur un terrain dur à l’état discutable, des interventions rugueuses et quelques contacts douloureux… Et surtout cet arbitrage trop laxiste, pas suffisamment protecteur envers un artiste souvent ciblé au gré de ses arabesques.
Tout cela pourrait effectivement s’entendre. Mais comme l’écrivait Antoine de Saint-Exupéry, « il n’y a pas de fatalité extérieure« . Seulement cet instant et cette minute où l’on se découvre vulnérable, attiré par les fautes comme un vertige. Cette faute et ce vertige, Neymar les a connus mercredi soir. Encore une fois. Quand il s’est relevé d’une sévère charge dans le dos signée Yago et qu’il est immédiatement reparti au combat. Enervé, vexé et uniquement porté par l’envie d’aller défier l’impétueux caennais.
Ce duel inutile, digne d’une petite vengeance de cour d’école d’un gamin à qui l’on aurait volé ses billes, est l’une des signatures de Neymar. Héritage de ses jeunes années au Brésil et de sa volonté de dominer les autres gamins de son quartier. De les humilier ballon au pied. Il s’est soldé par la blessure qui change tout. Cette lésion à l’adducteur gauche qui envoie le meilleur joueur du PSG à l’infirmerie plutôt que sur la pelouse du Camp Nou. Et qui, sauf miracle, le privera également de la manche retour au Parc des Princes.
Manque de discernement chronique et forme d’arrogance
Tel est le prix à payer pour quelques secondes d’une fierté mal placée. Car c’est bien de cela dont il s’agit. D’un cruel manque de discernement chronique et d’une forme d’arrogance, qui place l’intérêt collectif au second plan. Neymar devient alors un mâle alpha, un chef de meute dont la défense de territoire se résume à venir défier tout ceux qui ont contesté sa domination. Dribbler pour exister. Humilier pour régner. Provoquer pour écraser.
Il n’est bien sûr pas question de condamner le dribble. Encore moins le goût du duel et l’odeur du défi. Mais juste de s’imposer une limite. Une ligne à ne pas franchir à quelques jours de grandes échéances. Neymar en est malheureusement incapable, comme prisonnier d’un ADN masochiste et suicidaire qui l’expose à prendre des mauvais coups. L’incapacité de ses partenaires à l’inciter à se préserver est une évidence. Celle de ses différents entraîneurs, une négligence.
Parce qu’il est devenu un formidable joueur, personne n’aimerait voir Neymar sous cloche pour le préserver dès les premières prémices de l’hiver. Parce qu’il est désormais un grand garçon de 29 ans, personne ne devrait lui expliquer les bienfaits d’une vie saine et du sommeil. Mais parce qu’il est l’un des footballeurs les mieux payés au monde, qu’il incarne les ambitions d’un PSG qui lui a tout donné et qu’il va manquer un quatrième match éliminatoire de C1 depuis son arrivée à Paris, tout le monde aimerait lui dire qu’il y a forcément quelque chose qui devrait changer.
Un article de Nicolas Puiravau