Les Rois Fainéants
C’est un souci récurrent du PSG depuis plusieurs années : un volume de courses, d’appels et de replis insuffisant, très éloigné des standards européens. À Pochettino d’inculquer le goût de l’effort à des joueurs qui ont tout à y gagner.
Puisque tout a changé dans nos vies depuis l’apparition de la pandémie, le football français n’a pas échappé à ses propres bouleversements. Les stades vides sont devenus une nouvelle norme, les tests PCR une routine hebdomadaire et l’absence d’un diffuseur crédible une épée de Damoclès pour des clubs au bord du précipice économique.
Preuve supplémentaire d’une année définitivement pas comme les autres, le PSG n’a pas encore plié les affaires courantes au cœur de cet hiver. Plus étonnant, trois équipes (Lille, Lyon et Monaco) ont des vues légitimes sur un titre de champion que Paris vampirise depuis l’arrivée de QSI. Une situation inédite, conséquence, bien sûr, des performances et de la qualité des outsiders mais, surtout des multiples défaillances parisiennes.
Sans maîtrise, la puissance n’est rien. Ce slogan publicitaire, vantant les qualités d’adhérence d’un célèbre manufacturier automobile, pourrait parfaitement coller à ce PSG 2020-21. Et même à la plupart de ses prédécesseurs de l’ère qatari. Il faudrait juste le remodeler un peu et affirmer que sans vitesse ni mouvement, le talent n’est rien. Une évidence qui ne l’est pourtant pas au sein du vestiaire et qui complique régulièrement les desseins de Neymar & Co.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. De ce PSG fainéant, pétri de talents et aussi bien vanté pour ses prouesses individuelles que pour sa radinerie physique. Contrairement à beaucoup d’idées reçues, le brésilien n’est pas le plus avare de courses et de replis au sein de ce Feignasse Saint-Germain. Des « Quatre Fantastiques », qui ne l’ont finalement pas été si souvent au même moment, le « Ney » apparait même, de loin, comme le plus concerné à la perte du ballon. Souci, il choisit clairement ses matchs et son envie est inversement proportionnelle au pedigree de l’adversité.
Di Maria et Mbappé, même combat
Si Mauro Icardi est forcément un cas à part au sein du quatuor offensif, en raison de sa position sur le terrain mais également de son style minimaliste, la situation est beaucoup plus problématique avec Di Maria et Mbappé. Le premier a longtemps donné le change mais ne semble plus disposé à le faire. Par méforme ou par lassitude en constatant qu’il était souvent le seul à répondre ? Peut-être un peu des deux. Mais voilà en tout cas un premier déséquilibre qui fragilise le couloir droit.
Le côté gauche n’est guère mieux loti avec un Kylian Mbappé qui doit se faire violence à chaque perte de balle. Problème, le jeune attaquant français lève plus facilement les bras au ciel qu’il n’initie le contre-pressing. Il ne manque pourtant ni de volume, ni de vitesse. Mais son ADN semble privé du goût de l’effort et les courses à vide ne semblent pas encore ancrées dans sa large palette technique.
Il serait bien évidemment injuste de concentrer les critiques sur les seuls joueurs offensifs. Car cette carence physique, cette incapacité chronique au volume de courses, se retrouve dans toutes les lignes d’un PSG qui pointe régulièrement aux dernières places des classements des kilomètres parcourus. Qui, dans le milieu actuel, est capable de multiplier les appels et de libérer des espaces en courant dans le vide ?
Comme le PSG se nourrit de ses propres paradoxes, il vient de confier les rênes de l’effectif à Mauricio Pochettino, l’un des entraîneurs en Europe qui fait le plus courir ses équipes. Avant lui, Emery et Tuchel avaient pu constater les limites d’une formation incapable de répondre à certaines exigences tactiques par manque d’efforts suffisants. Le coach argentin fera-t-il mieux ? La gloire excite l’envie parait-il. Reste à espérer que cela se vérifiera un jour à Paris.
Un article de Nicolas Puiravau.