Jouer simple, une vraie qualité
Jouer simple, dans le football, c’est peut-être ce qu’il y a de plus difficile et les joueurs se compliquent souvent une action. Pourtant, c’est une des clés de la réussite.
On entend souvent « il s’est compliqué la tâche », ou encore « il doit jouer plus simple, plus vite ». Oui, jouer simple, au football, ce n’est pas si facile.
Jouer simple ne veut pas dire « ne pas dribbler », mais ça veut dire dribbler quand il le faut et ne pas en rajouter. Jouer simple, et juste, ça veut dire ne pas faire un contrôle quand on peut et qu’on doit jouer en une touche. Jouer simple ne veut pas dire jouer à deux mètres. Mais pour cela, plusieurs éléments sont indispensables.
Pour jouer simple, il faut déjà en avoir les capacités techniques. Parce qu’en une touche, on doit être capable de mettre le ballon où il faut et comme il faut. Il est indispensable, aussi, d’avoir pris l’information avant de recevoir le ballon. Une étude avait été réalisée qui montrait qu’un joueur comme Xavi prenait plus de huit fois les informations autour de lui en dix secondes, quand la moyenne se situe entre trois et quatre fois. Ce n’est pas un hasard si l’ancien joueur du Barça était capable de jouer de nombreux ballons en une touche de balle.
Pour jouer simple, il faut être en confiance mais aussi être prêt physiquement. On remarque souvent qu’un joueur qui manque de rythme, qui revient de blessure, multiplie les touches de balle. C’est une énorme erreur. Courir avec le ballon, ça fatigue. C’est donc au moment où vous êtes le moins bien que vous devez jouer simple. Sauf que lorsque vous êtes fatigués, vous avez moins de lucidité, vous voyez donc moins bien et moins vite ce qui se passe autour de vous. C’est un cercle vicieux dont le joueur peut sortir avec l’aide de ses partenaires et de son entraineur, mais aussi et surtout par sa propre lucidité sur ses capacités du moment.
Enfin, jouer simple, ça donne de la vitesse et de la spontanéité à votre jeu et au collectif. Ca veut dire que lorsque votre équipe réussit à déséquilibrer l’adversaire, vous gardez ce temps d’avance, normalement jusqu’au bout de l’action.
Le problème du foot d’aujourd’hui, avec la génération twitter/Youtube, c’est que la simplicité n’est plus reconnue comme une qualité. Pour être visible, reconnu, il faut des actions spectaculaires. Il suffit de regarder la côte de popularité dont jouit Ben Arfa par rapport à la carrière qu’il a faite pour le comprendre. Les joueurs le savent et comme ils sont, en général, plus tournés par leur carrière personnelle, ils abusent de l’individualisme.
La simplicité est donnée par le joueur, mais elle dépend aussi du collectif. Pour pouvoir jouer simple, il faut du mouvement autour de vous pour offrir des solutions, mais il faut aussi un collectif huilé par le travail à l’entrainement. Oui, quand un joueur trouve son partenaire à l’opposé en une touche, c’est qu’il a pris l’information. Mais huit fois sur dix, il a jeté un regard très rapide parce qu’il sait qu’à ce moment, dans les automatismes créés par le coach, ce joueur doit être à cet endroit. Il a juste regardé pour être sûr de lui, mais il aurait presque pu jouer le ballon sans même jeter un regard.
Contre Leipzig, la simplicité sera un atout
Pour le PSG, la simplicité sera un élément déterminant des prochains matchs, surtout en Ligue des champions.
Oui, ce PSG ne possède pas de jeu collectif identifié, et il compte trop souvent sur les exploits de Neymar et Mbappé. Il ne s’agira pas de les brider et de leur enlever leurs qualités. En revanche, les deux joueurs devront alterner dribbles, percussions et jeu à une ou deux touches de balle. Si le français se servait de ses coéquipiers pour donner et demander, il ferait encore plus de différences. Il suffit de se rappeler sa coupe du monde 2018 où il avait limité les différences individuelles pour donner et prendre la profondeur presque systématiquement. Et pour quel résultat.
Pour le brésilien, c’est pareil. Contre Dortmund, lors du match retour, il avait été très juste, ne dribblant que lorsque c’était nécessaire, mais respectant le jeu 90% du temps. Et quand il est dans cet état d’esprit, il fait très mal parce qu’il a toutes les qualités : déplacement, vision du jeu et technique pour mettre le ballon où il veut, quand il veut.
Il n’est pas question d’interdire les deux joueurs de dribbler. Le dribble est nécessaire et indispensable dans leur zone. Il va juste falloir ne pas en abuser, ne pas être dans un défi et alterner entre le dribble et le jeu à une ou deux touches de balle. Non seulement, ils profiteraient alors d’un état de fraicheur qui serait plus long sur la durée du match, mais ils mettraient aussi le doute chez leur adversaire. Quand vous ne faites que dribbler, il suffit à l’adversaire de venir mettre de la densité autour de vous pour restreindre votre influence. En alternant, l’adversaire est alors pris entre l’idée de venir sur vous ou rester en place pour ne pas être déséquilibrer.
La simplicité, c’est un état d’esprit, un comportement, mais c’est souvent une des clés de la réussite d’un collectif.