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Féminines : un traumatisme à réparer

Après près d’un an d’enquête, les révélations sur l’affaire Hamraoui – Diallo sont venues remettre en cause tout le scénario initial. Mais en plus de la reconstruction individuelle, c’est aussi la vie du collectif qui risque d’être impactée.

L’affaire semblait entendue, presque réglée. Dix mois après, Kheira Hamraoui, agressée le soir du 4 novembre, était bien la méchante, et Aminata Diallo, conductrice du véhicule ce fameux soir, la gentille. Puis, tout semble s’être inversé.

Après des mois d’enquête et d’écoute téléphonique, comme le révèlent de nombreux médias dont Le Parisien, Aminata Diallo est désormais présentée comme la coupable de l’agression de son ancienne coéquipière.

Avant d’envisager la vie de groupe, il va déjà falloir réhabiliter Kheira Hamraoui, victime dans cette sordide histoire et dont la vie privée, qui ne semble avoir aucun rapport avec l’agression, a été mise sur la place publique, en plus des blessures corporelles subies. Mais au-delà de tout cela, c’est désormais la vie du groupe parisien qui est en jeu.

Hamraoui doit aujourd’hui réintégrer le collectif. Mais comment va-t-elle être reçue après tout ce qui a été dévoilé sur sa vie privée ? Que ce soit injuste ou pas, ses histoires, les audios qui avaient tourné sur les réseaux sociaux, vont obligatoirement influencer l’accueil qui va lui être réservé. Mais ce n’est pas tout.

Une vie de groupe compliquée à reconstruire

À l’intérieur du vestiaire, de nombreuses joueuses avaient soutenu Aminata Diallo, certaines avec plus de force que d’autres, n’hésitant pas à afficher leur soutien publiquement. Comment le vestiaire va réussir à passer outre ces querelles, ces différents, quand l’histoire d’hier semble être tout l’inverse de celle qui apparait aujourd’hui ?

Dans un vestiaire de foot, quel qu’il soit, la méfiance est souvent de mise, par rapport à ce qui sort ou pas, la recherche de la fameuse taupe qui dévoilerait les indiscrétions ou les compos d’équipes. Avec cette histoire, cela risque d’être encore pire, encore plus tendu. Comment alors créer un collectif soudé et solidaire dans ces conditions ?

Jusqu’à présent, le football féminin jouissait d’une image différente de celui des hommes. On n’entendait moins parler d’histoires d’entourage, d’agent, de pseudo égo. La vérité est toute autre. Le foot féminin intéresse juste moins par son exposition, sa médiatisation, les sommes qui y circulent, mais la vie n’y est pas différente que chez les garçons. C’est même parfois encore pire en termes de rivalité.

Depuis des années, le club de la capitale a tout fait pour rattraper son retard sur Lyon, le grand club français jusqu’ici intouchable au niveau des résultats. Les parisiennes sont même allées chercher le titre de championne de France, devant le club de Jean-Michel Aulas, en 2021.

Comment continuer à progresser dans cette ambiance ? Comment rester compétitives alors que le vestiaire est fracturé ? Comment vivre une saison avec cette atmosphère au-dessus de la tête ? Comment avoir une vie de groupe alors que la méfiance des unes envers les autres risquent d’être à son paroxysme ? Faut-il écarter, momentanément, les joueuses qui étaient les plus véhémentes pour apaiser le climat ?  Enfin, faut-il leur apporter, au groupe, une aide psychologique ? Ce qu’il s’est passé est unique dans le monde professionnel et le traumatisme va être immense. Autant de questions auxquelles il va vite falloir répondre pour ne pas faire exploser tout ce qui a été fait depuis dix ans.

Crédit photo : topmercato.com

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